Les mares naturelles et les zones humides en général se raréfient de plus en plus sur nos territoires.
Leurs comblements et destructions au profit de zones industrielles, commerciales ou autres vont, hélas, bon train.
C’est toute la biodiversité liée à ces milieux aquatiques naturels qui en pâtit de plus en plus.
C’est pourquoi il nous semble urgent de réagir, car oui, nous pouvons, toutes et tous, avoir un impact positif là-dessus, chacun à notre niveau, en commençant par œuvrer à la protection des batraciens !
Découvrez 11 conseils pratiques de notre ami Gilles Leblais, ornithologue, naturaliste et photographe de la vie sauvage pour agir dès maintenant et protéger les batraciens dans nos jardins !
1 – Créer une mare naturelle dans son jardin
En termes de protection des batraciens, le plus efficace, est d’abord de leur offrir un lieu de vie accueillant sur votre terrain en créant une mare naturelle.
Même dans un tout petit jardin de quelques mètres carrés, vous pouvez installer une petite mare naturelle (plus ou moins 1 m2, c’est déjà très bien !).
Elle sera un refuge précieux pour les batraciens à partir du moment où elle est conçue correctement, à l’image de la nature (voir ci-dessous d’autres conseils pour bien l’aménager) !
Alors, dès que vous le pouvez, quelle que soit la taille de la mare que vous pouvez créer, petite ou grande, elle contribuera forcément à la survie d’une ou plusieurs espèces de batraciens !
2 – Aménager les abords de la mare naturelle
Cet aménagement n’a l’air de rien, mais il est d’une importance capitale !
Il se fait après la mise en eau et doit comporter le plus d’abris possible pour maximiser les chances de voir ces batraciens auxiliaires élire domicile dans notre jardin.
Pour ces abords de la mare naturelle, Gilles Leblais conseille d’inclure notamment du bois mort (vieux troncs, vieilles souches) et des pierres.
La façon de positionner ces éléments a aussi son importance.
Au niveau des pierres de bordure de mare, on retiendra sur trois astuces pour maximiser l’accueil des batraciens :
- Les faire se chevaucher afin de créer des cavités. Elles deviendront autant de cachettes et abris servant aux batraciens pour passer l’hiver, se protéger de la lumière ou de fortes chaleurs, etc.
- Inclure une couche de pierre dans l’eau, sur la première « marche » de la mare naturelle. Elle pourra ainsi capter la fraîcheur de l’eau et rester plus froide que la couche de pierre supérieure. On essayera là encore de former le plus de cavités possible entre ces deux couches de pierres (celle immergée et celle hors de l’eau).
- Laisser la mousse se développant naturellement sur les pierres du bord de mare. Cette mousse garde la fraîcheur, ce qui favorisera la présence de batraciens pouvant rester plus longtemps dessus, à l’affût, notamment pour chasser les moustiques !
3 – Éviter les nettoyages trop poussés de la mare naturelle
Une mare naturelle « se nettoie » périodiquement.
Cette opération, qui se pratique en automne, consiste principalement à retirer les « déchets » végétaux (feuilles mortes, parties de plantes mortes) se retrouvant en excès dans l’eau ou à la surface.
C’est aussi l’occasion de limiter l’expansion de certains végétaux aquatiques vigoureux prenant beaucoup de surface, en en retirant une partie.
L’ensemble des matières organiques retirées de la mare naturelle (végétaux morts ou vivants) peuvent ensuite servir de mulch au jardin ou être placées au compost, selon vos besoins.
La fréquence de ces nettoyages est directement liée à la taille de votre mare.
Plus sa surface sera petite, plus les nettoyages seront fréquents.
Mais Gilles nous alerte ici sur le fait de ne pas tomber dans l’excès au niveau de ces nettoyages.
Il est important de toujours garder une partie des sédiments tombés au fond de l’eau.
Ils servent notamment aux tritons et grenouilles pour se cacher de prédateurs ou pour hiverner.
4 – La profondeur idéale de la mare naturelle
Pour protéger certaines espèces de batraciens pouvant hiberner dans l’eau de la mare, il est important d’avoir une profondeur suffisante pour qu’au moins une partie reste « hors gel ».
Pour cela, Gilles recommande d’atteindre une profondeur d’au moins 80 cm, voire 1 m si possible.
Cette profondeur n’est pas nécessaire sur l’ensemble de la surface, il suffit qu’elle soit atteinte au moins sur une partie de la mare naturelle.
5 – Les plantes de la mare naturelle au secours des batraciens
Il est important d’installer différentes plantes dans l’eau, mais aussi autour de la mare naturelle pour démultiplier les niches accessibles à la biodiversité.
Les principes basiques
Utiliser et valoriser la diversité
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On implantera donc à la fois des plantes de berges (strate hélophyte) et des plantes aquatiques à diverses profondeurs (strate hydrophyte).
On pense notamment aux nénuphars qu’on place généralement plutôt au fond de la mare, mais sachez qu’il existe, aujourd’hui, des cultivars pouvant être installés à toutes les profondeurs de 20 cm à 1 m.
Ces plantes aquatiques et semi-aquatiques de la mare naturelle sont vitales pour certaines espèces de batraciens.
Les tritons, par exemple, utilisent les plantes aquatiques pour y déposer leurs œufs, un par un, mais toujours sous l’eau, sur une partie constamment immergée de la plante.
Sans elles, pas de reproduction de triton dans votre mare.
Toutes ces plantes permettent aussi aux batraciens de se cacher pour éviter les attaques de certains prédateurs comme la couleuvre à collier ou la chouette hulotte.
6 – Installer du bois mort au jardin
Le bois mort est très important pour la biodiversité en générale, mais aussi comme site d’hivernage pour les tritons, les grenouilles…
Il en faut, on l’a vu plus haut, pour aménager le pourtour de la mare naturelle, mais il est aussi très utile plus loin dans le jardin.
Il sera encore plus apprécié des batraciens, si c’est un bois qui retient bien l’humidité comme le bouleau par exemple.
Et même si vous n’avez pas encore de mare naturelle chez vous (on espère que vous en ferez une bientôt 😉), mais qu’il y en a dans les environs, mettre des tas de bois morts dans votre jardin vous permettra d’œuvrer quand même à la protection des batraciens !
Ils pourront ainsi trouver refuge chez vous pour l’hiver, même si leur mare n’est pas sur votre terrain…
C’est un geste simplissime à faire, accessible à tous et très important pour la biodiversité, alors allez-y franchement !
Plus il y aura de bois mort au jardin, plus vous protégerez les batraciens !
7 – Rehausser les petites dépendances au jardin
Si vous avez ou projetez de faire un petit abri de jardin, des toilettes sèches ou n’importe quel autre type de petite dépendance dans votre jardin, pensez à rehausser votre construction, avec des parpaings par exemple.
Et cela afin de créer un espace accessible aux batraciens entre le sol et le plancher de votre construction.
C’est le genre d’endroit très apprécié des crapauds, comme le crapaud commun par exemple. Celui-ci est aussi un précieux auxiliaire du potager et du jardin en général, car c’est un gros mangeur de limaces et escargots !
8 – Construire des murets en pierres sèches
Construisez de petits murets en pierres sèches, orientés, de préférence, pour avoir une bonne surface exposée nord.
Vous ferez en sorte qu’ils regorgent de cavités et d’espaces abrités, pour offrir à la fois le gîte et le couvert aux batraciens, notamment au niveau des parties situées au nord qui seront les plus fraîches du muret.
Là encore, ce sera un refuge idéal pour les crapauds, car ils y trouveront cloportes, mille-pattes, limaces et autres petits escargots à déguster.
Ils pourront aussi s’y protéger du soleil et même s’y réfugier pour passer l’hiver.
9 – Placer des abris très « déco » autour de la mare naturelle
Vous créerez des niches supplémentaires en installant de vieilles amphores, vieilles cruches ou vases en terre cuite, autour de la mare naturelle de manière à en rendre l’entrée accessible aux batraciens.
Créez une niche et quelqu’un viendra l’habiter !
— Bill Mollison
Vous apporterez également une touche « déco » sympa à votre mare naturelle tout en recyclant de vieux objets dont vous n’auriez pas eu l’utilité par ailleurs.
Ces abris improvisés seront d’autant plus appréciés que vous laisserez la végétation voisine « les habiller » à la mode nature.
Ils pourront ainsi accueillir toutes sortes de faunes sauvages, y compris des batraciens en quête de refuge !
10 – Rehausser les pierres plates autour de la mare naturelle
Si vous avez des pierres plates, plutôt que de les mettre en contact direct avec le sol en bord de mare, pensez à les rehausser, avec des cailloux par exemple, de manière à créer des espaces en dessous, où les batraciens pourront venir se loger !
Ce sera très utile pour les batraciens, comme la grenouille agile et le crapaud, qui vivent principalement sur terre, mais toujours proches d’un point d’eau dont ils ont besoin pour se reproduire…
11 – Créer des abris à batraciens ultras simples
Enfin, Gilles nous montre une façon ultra simple de créer un abri à batraciens, qui pourra sauver la vie à une ou plusieurs espèces dans votre jardin.
Cet abri pourra être placé aux abords de la mare, mais aussi plus loin dans votre jardin, partout où cela vous semble envisageable en fait !
Pour créer cet abri simple et efficace, un pot de fleurs en terre cuite et quelques pierres suffisent…
On fait une petite ouverture de quelques centimètres dans le bord supérieur du pot, pour qu’une fois le pot retourné, cela fasse une petite entrée accessible aux batraciens.
Puis on place le pot retourné à même le sol et on met une pierre dessus afin de boucher le trou du pot et conserver plus de fraîcheur et d’humidité.
On peut ensuite placer quelques autres pierres autour du pot pour l’inclure un peu mieux visuellement dans le jardin.
Enfin, on laisse la végétation se développer autour pour lui faire un écrin de verdure et le tour est joué ;) !
N’hésitez pas à démultiplier ce type de petits abris, même si vous n’avez pas encore de mare dans votre jardin, car ils contribueront grandement à la protection des batraciens à l’échelle de votre jardin !
🙏 Merci pour eux !
Pour aller plus loin dans la découverte des mares naturelles et la protection de la biodiversité
Pour tout savoir sur les mares naturelles, rendez-vous sur notre page dédiée qui rassemble tous nos contenus disponibles et formations existantes sur ce thème majeur en permaculture pour la sauvegarde des milieux humides et de la biodiversité.
La mare naturelle de A à Z
Un guide complet pour tout savoir sur la mare naturelle !!
Retrouvez également ci-dessous, la présentation des livres de Gilles Leblais, qui peuvent vous inspirer dans la création de votre jardin.
Ils pourront aussi vous permettre d’en savoir plus sur la biodiversité que vous pouvez accueillir, en ayant les bons réflexes dans vos installations et plantations diverses (mares, naturelles, bois mort, haies, trognes…).
Je crée ma mare naturelle
Concevoir, aménager, entretenir
Gilles Leblais
Éditions Terre Vivante – 2024.
15 €
Découvrez notre article sur le livre de Gilles Leblais « Je crée ma mare naturelle »
Découvrez notre article sur le livre de Gilles Leblais « La vie secrète de ma mare »
Ma haie, refuge de biodiversité
Choisir, planter, observer
Gilles Leblais
Éditions Terre Vivante – 2021.
14 €
Découvrez notre article sur le livre de Gilles Leblais « Ma haie, refuge de biodiversité »
Branchages et bois morts au jardin
Des trésors pour la biodiversité
Gilles Leblais
Éditions Terre Vivante – 2022.
15 €
Découvrez notre article sur le livre de Gilles Leblais « Branchages et bois morts au jardin »
Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.