En permaculture, la nature est notre professeur principal que nous essayons d’imiter au mieux pour augmenter la résilience et l’autonomie de nos lieux. En observant la nature, on constate assez vite qu’elle a prévu une deuxième vie bien remplie à une ressource abondante et sans cesse renouvelée : le bois mort, notamment en le transformant en gîte pour une ribambelle d’insectes et d’animaux ou en nourriture pour des champignons divers dont certains comestibles intéressants.
Au bureau d’études, nous aimerions que de plus en plus de monde réalise à quel point le bois mort au jardin est une niche écologique formidable si facile à mettre en place.
C’est pourquoi nous sommes allés à la rencontre d’un passionné de nature et de biodiversité, Gilles Leblais, auteur du livre « Branchages et bois mort au jardin : des trésors pour la biodiversité. ».
Il nous a ouvert les portes de son « Jardin Paradis » à Velanne en Isère pour nous montrer concrètement comment il utilise les arbres morts et plus généralement le bois mort dans son jardin 🪵 pour favoriser un maximum de biodiversité !
Découvrez les conseils de Gilles et des gestes simples 😲 pour aider la faune sauvage à s’installer durablement chez vous dans la vidéo ci-dessous :
Ci-dessous retranscription de la vidéo
Vous souhaitez augmenter la biodiversité dans votre jardin ? Alors, maintenant à vous de jouer !
Gilles est aussi un photographe nature, ornithologue, conférencier et journaliste naturaliste qui souhaite réenchanter notre regard et nous émerveiller avec les beautés et curiosités de la nature pour mieux la respecter et l’accueillir dans notre quotidien !
Vous le retrouverez donc prochainement dans nos publications pour une série de vidéos sur la nature et la biodiversité au jardin 🦔🪲🐿.
Nous espérons que ça vous plaira !
Les intérêts du bois mort dans votre jardin en permaculture
Le bois mort est d’une richesse étonnante. Tout ce qui tombe de l’arbre revient à l’arbre en quelque sorte.
D’où l’intérêt de garder ce bois mort au niveau biodiversité, mais pas que.
Le bois mort va se décomposer sur place, va créer un humus hyper intéressant.
On peut même, sur du bois mort, cultiver des champignons (champignons de type shiitake, pleurotes).
Donc il y a un intérêt qui est vraiment fondamental dans le jardin et pour attirer cette biodiversité.
Sous quelles formes garder le bois mort dans votre jardin en permaculture ?
Un simple tas de bois, quelques coupes dans la haie qui ont été posées là et puis au fur et à mesure du temps, c’est le lierre, une plante grimpante qui a pris le dessus.
Ça fait partie d’une possibilité avec le bois mort, comme ça se passe dans la nature.
L’intérêt de faire ça, c’est qu’il est bien évident que des animaux vont trouver le gîte.
Notre ami le hérisson, « Picpic » comme je l’appelle, pourra habiter dans ce tas de bois.
Ses petites cousines les musaraignes même chose et de nombreux insectes également donc, qu’on arrête de dire que le bois mort ce n’est pas propre.
Ça peut être très joli, mais même dans un paysage de nature, au pas de sa porte comme dans mon jardin, il va avoir son rôle à jouer.
Le vieil arbre mort sur pied
Un arbre mort sur pied, on ne va pas le couper. On va le laisser également à la faune.
Cet arbre mort était debout il y a encore quelques semaines et avec un coup de vent, il s’est couché.
Ce n’est pas grave, je vais le laisser vivre, continuer à vivre puisque, à l’intérieur de cet arbre couché, d’innombrables animaux vont vivre ou séjourner.
Je peux vous certifier que j’ai notamment de la petite biche qui est un gros coléoptère qui va avoir son intérêt, et comme du lucane cerf-volant également qui vont être présents dedans notamment quand les femelles pondent et ont besoin de ce bois mort pour pondre.
Leurs larves vont se développer de 2 à 3 ans dans ce bois mort.
Donc ce bois mort a un intérêt crucial pour ces animaux.
Le tas de bois mort idéal qu’on devrait trouver dans tous les jardins
Un tas plus gros, pareil, bois mort empilé, avec comme un toit de chaume en fait et il aura le même intérêt que tout ce dont j’ai pu parler avec d’autres espèces.
L’idéal dans un jardin : 1,20 m de haut, la même chose de large, au moins un tas comme ça dans son jardin.
Plus votre jardin est grand, plus vous pouvez en répartir partout.
Ça aura son intérêt de toute façon.
S’inspirer de la haie sèche ou haie de Benjes
Voilà un exemple où je me suis inspiré de la haie sèche ou la haie de Benjes. Des piquets ont été plantés, je tresse des branches autour et j’empile du bois mort.
J’ai créé là un cercle qui deviendra peut-être un potager plus tard. Pour l’instant, il encercle une prairie fleurie.
Donc ça, c’est un cercle de branchage.
L’intérêt c’est que je mets du branchage à l’intérieur et je vais m’en servir pour créer son ossature, les piquets, et je vais tresser en fait un simple branchage autour.
Il peut y avoir plusieurs types de bois.
Je le fais avec tout…
Je vais me servir, entre autres, de saule comme ici, c’est du saule osier, un jaune, il y en a d’autres, il y a du saule marsault, et il y en a beaucoup d’autres encore.
Pendant l’hiver, je taille et je peux me permettre de tresser avec les plus grosses branches.
Je vais tresser l’ossature de ces tas de branchages.
Une vieille souche au sol
Voilà du bois mort, du piquet, un bois mort fiché au sol, une vieille souche au sol.
On voit même là, une petite galerie probablement de campagnol, mais ça peut être aussi une belette qui vient chasser à l’intérieur.
Une vieille branche plantée au sol ou dans une haie
Ces tiges de bois que je plante vont servir de perchoir aux oiseaux insectivores.
Dans la prairie et dans les friches qu’on a derrière nous, ça va leur permettre de chasser suivant les hauteurs aussi.
Si c’est un gobemouche, ce sera ça, si c’est la fauvette à tête noire, ce sera d’une autre manière, si c’est le rouge-queue à front blanc, lui viendra chasser au sol ou il viendra chasser en vol, ça dépend suivant les espèces.
Donc bois mort planté sur pied, une simple branche va avoir son intérêt et même quand on crée sa haie, on peut rajouter du bois mort pour rajouter un coup de vieillesse à la haie, mais qui sera repéré, entre autres, par les oiseaux.
Un muret en branchages de séparation avec le terrain voisin servant de corridor biologique
Muret de branchage tout le long, entre les voisins et le terrain, comme ça j’ai créé un corridor biologique entre ma haie d’un côté et le côté du voisin.
Et il y a, à nouveau, les tas de bois mort.
Le bois mort est essentiel pour les précieux auxiliaires du jardin
L’intérêt de faire ça, c’est que vous récupérez votre bois mort.
Il n’y a pas de déplacement à la déchetterie ou quoi que ce soit.
Vous allez mettre votre jardin sous haute protection.
Les auxiliaires précieux au jardin vont être dans ce bois mort.
On a déjà parlé du hérisson, des musaraignes, ces petites cousines, c’est le genre de choses qui va leur convenir, mais pas que.
Entre autres, il va y avoir des insectes très intéressants comme les carabes.
Aujourd’hui, j’ai quatre espèces différentes de ces coléoptères dans mon jardin qu’on appelle les carabes ou carabidés.
Ce sont des coléoptères rampants (qui ne volent pas). Ils se déplacent pour chasser dans le jardin.
Pendant les périodes hivernales de l’automne à l’hiver, ils vont passer l’hiver dans ces tas de branchages et bois morts.
Quand le printemps va arriver, ils ont jeûné pendant tous ces mois d’hiver et ils ont envie de boulotter et la première chose qu’ils vont faire en sortant de ces tas de bois morts, c’est qu’ils vont aller à la recherche des œufs et des larves de limaces et d’escargots.
D’où l’intérêt de garder son bois mort au jardin puisque là, on a affaire à des auxiliaires plus que précieux au sein même du jardin.
C’est ça être en lien avec la nature.
C’est savoir mettre notre patte, notre intelligence si on en a une, au service de cette nature, mais à notre service aussi et en même temps, on sait qu’on protège cette biodiversité.
Branchages et bois mort au potager en permaculture : un élément, plusieurs fonctions !
Voilà le petit potager donc même chose, muret de branchages sauf que là, j’ai pensé cultures également.
C’est un principe de permaculture tout simple.
Les principes basiques — www.permaculturedesign.fr
Un élément remplit plusieurs fonctions.
Le bois mort a été empilé sur la moitié des murets, ensuite litière de feuilles mortes et ensuite, un paillage classique à la paille.
Alors ça peut être avec des fougères, ça peut être avec plein d’autres choses.
C’est la deuxième saison que ces murs ont été faits donc j’ai commencé des tests, notamment avec des courges.
Il y a un plant de rhubarbe aussi qui est bien parti.
L’année prochaine je pourrai commencer avec des blettes, des salades, des choses comme ça dessus.
J’ai un muret de branchage qui met sous haute protection mon potager avec des auxiliaires précieux comme on a pu voir, les carabes, les musaraignes, ça peut être aussi le lézard vert.
Il va y avoir des oiseaux aussi qui peuvent venir nicher, notamment l’accenteur mouchet, le rouge-gorge que tout le monde connaît, le troglodyte mignon, qui ont besoin de ces tas de bois pour chercher leur nourriture, mais ils peuvent y trouver également le gîte pour construire leur nid.
Et puis l’autre intérêt, c’est qu’on va en faire une planche de culture.
Ce n’est pas pour rien que j’ai empilé du bois mort, une litière de feuilles et de la paille par-dessus.
Au printemps, il suffit simplement d’écarter la paille qui va être au milieu, de mettre un petit peu de compost à la rigueur, et de mettre le plant que vous avez envie de faire partir.
Ça peut être une blette, une salade ou les courges comme j’ai pu mettre cette année, etc.
Et c’est tout simple, c’est tout bête et je crée un espace supplémentaire en hauteur pour la culture potagère.
On allie le bon sens d’un potager sain et utile, où on va pouvoir donc se nourrir, nourrir la biodiversité, la protéger et vivre en harmonie avec la nature et réapprendre à comprendre cette vie qui nous entoure et l’intérêt qu’on a à la protéger au pas de sa porte et dans nos jardins bien évidemment.
Branchages et bois morts au jardin
Des trésors pour la biodiversité
Gilles Leblais
Éditions Terre Vivante – 2022.
15 €
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Bonjour,
Quand on habite le sud de la France et qu on est dans une zone soumise à un PPRI ( risque incendie feux de forêt) je ne pense pas que l on puisse laisser les tas de bois mort malheureusement qui sont vus comme autant de combustibles potentiels. C est bien dommage pour la faune.
j’ai déjà acheté le livre de Gille Leblais, mais cette vidéo est un plus!
les images sont magnifiques, cela donne envie de créer des haies séches un peu partout.
Merci pour tout ce que vous nous transmettez je jardine depuis bientôt 50 ans et je suis toujours enthousiasmée par la nature….