Les milieux arborés et les haies, quand elles sont bien conçues, sont des biotopes essentiels à la biodiversité.
Seulement, voilà, ce type de milieu s’est beaucoup raréfié ces dernières décennies, ce qui met à mal la survie de nombreux animaux, insectes et autres formes de vie sauvage.
Pour remédier à cela, chacun à notre niveau, nous pouvons agir et planter des haies biodiversifiées dans nos jardins en permaculture.
Pour une haie d’arbres et arbustes bien pensée, qui attirera efficacement la biodiversité locale chez vous tout en vous rendant de nombreux services à vous aussi, suivez les conseils et astuces de Gilles Leblais dans la vidéo ci-dessous…
Ci-dessous retranscription de la vidéo
Photographe de la vie sauvage, ornithologue, conférencier, journaliste naturaliste et auteur, Gilles est un passionné de nature qui souhaite amener un maximum de personnes à se reconnecter à la nature pour la connaître, la comprendre, l’aimer et donc la protéger.
Ci-dessous retranscription de la vidéo
Pour une haie riche de biodiversité : bien choisir et bien placer ses arbres et arbustes
Quel emplacement pour votre haie ?
Plus le jardin sera arboré, plus il sera riche de biodiversité, et plus on sera dans une relation aimante avec ce monde qui nous entoure.
Pour créer une haie, il faut penser toujours le côté observation.
Un des endroits qui est le plus important dans le jardin, c’est le côté nord parce qu’on va nous protéger, entre autres, des vents froids du nord.
L’intérêt de l’observation, c’est aussi de trouver quels types d’arbres et d’arbustes on va placer dans cette haie : au maximum des espèces locales ou indigènes.
Comment disposer les arbres dans votre haie ?
Je me suis inspiré des travaux d’un ingénieur agronome qui s’appelait Dominique Soltner et que moi, j’ai ensuite amélioré pour la biodiversité.
Le mieux, c’est de planter les arbres en quinconce, c’est-à-dire sur deux lignes.
C’est comme si on mettait des V ou des W les uns derrière les autres.
On va créer une haie qui va être densifiée sur toute sa hauteur même aux pieds.
L’intérêt de planter en quinconce, c’est qu’on va pouvoir placer des espèces différentes avec des hauteurs différentes.
En général, côté jardin, on va planter les espèces moins hautes, plus petites et en arrière-plan, on mettra les espèces plus grandes. Par exemple : un bouleau ou un charme en arrière-plan et puis devant, on aura un noisetier et une viorne obier.
Les 3 types d’arbres à inclure dans votre haie
On va jouer sur trois types d’arbres qu’on retrouve dans la nature et qui vont avoir leur importance.
1 — Les feuillus : ceux qui perdent leurs feuilles à l’automne,
2 — Les marcescents : ceux qui ne perdent leurs feuilles que quand les autres feuilles commencent à repousser au printemps. Exemples : charme, hêtre, certains chênes également…
3 — Les persistants et semi-persistants : ceux qui conservent leurs feuilles toute l’année (ou une partie de leurs feuilles pour les semi-persistants) Dans ce groupe-là, il va y avoir des semi-persistants comme le houx, le buis, le troène d’Europe, le laurier-tin. Là où moi j’ai innové et où je suis le seul à le faire, car d’après mes observations, ça m’a semblé intéressant : c’est que je mets également des conifères. Ça permet de jouer sur une largeur et sur une hauteur avec eux et notamment dans la vision de la haie pendant l’hiver. Donc ça, ça a son importance.
Dans sa haie, on va pouvoir jouer avec ces 3 types d’arbres en quinconce en mettant deux marcescents, deux caducs, deux persistants et ainsi de suite… au gré de ce qu’on a envie de faire.
Donc dans la lecture du paysage, du jardin, non seulement notre lecture, mais également celle des animaux, ça va avoir un impact positif.
La relation qu’il y a entre les arbres par le système racinaire, le mycélium des champignons, etc., tout ça n’est pas anodin puisque ça va s’imbriquer au fil des ans, au fil des saisons d’une manière hyper importante pour avoir une biodiversité de plus en plus intéressante dans un jardin.
Planter une haie : les 3 points à ne pas négliger !
1 — Respecter les distances légales de plantations avec le voisinage
Chose à laquelle il faut penser et qui est hyper importante pour créer cette haie : respecter les distances.
C’est-à-dire, si on suit la loi pour une haie non taillée, mettre au moins 2,50 mètres entre sa haie et le bord de son terrain.
Moi j’ai mis les premiers arbres plantés à 2,60 mètres.
2 — Penser au positionnement des arbustes dans la haie pour des récoltes efficaces
Il sera important de jouer sur l’efficacité de ces plantations pour vous aussi en mettant les arbustes qui vont donner des fruits ou des baies en avant puisque ce ne sont généralement pas de grands arbustes.
Cela vous facilitera les récoltes ;) !
3 — Planter votre haie à la bonne période
La troisième chose à laquelle il faut penser, c’est de planter à l’automne.
C’est toujours mieux qu’au printemps puisqu’il y aura moins d’arrosages à faire et les arbres auront le temps de développer leur système racinaire, radicelles, etc., dans le sol.
Le secret pour une haie dense et touffue :
Petite mise en situation :
Imaginons qu’on plante à l’automne prochain, donc on est entre octobre/mi-décembre, l’idéal novembre.
On va planter ces arbres en quinconce.
L’important, c’est qu’un an après, on se retrouve à la même période, et puis on passe à l’année suivante.
Au début de cette année suivante (donc 1 an et 1 à 3 mois après la plantation initiale), pendant l’hiver, donc on est en janvier/février, et seulement une fois, par une belle journée, on évite la pluie ou un froid trop intense, on va tailler cette haie nouvellement plantée depuis 1 an, qui s’est déjà bien installée et qui a déjà poussée.
Certains arbres peuvent être à plus d’un mètre, voire plus.
Je vais faire peur, mais on va rabattre ces arbres sauf les persistants, notamment les conifères, puisqu’ils sont beaucoup plus durs à repartir, mais tout ce qui est marcescent et caduc, on va les tailler à 20 cm du sol. Ce sera la seule fois que ce sera à faire, mais ça aura une importance fondamentale.
Pourquoi ?
Parce qu’au lieu d’avoir un pied au printemps qui va suivre, ils vont repartir de rejets de souche.
Et donc, il y aura deux pieds, trois pieds, voire plus suivant les sujets. Ça va densifier la haie au niveau du bas de cette haie. Ce qui fait qu’elle sera dense aussi bien en bas qu’en haut alors que malheureusement, dans les jardins, la plupart des haies sont ratées parce qu’elles sont touffues en haut, mais toujours éparses en bas. Et une haie bien touffue en bas, c’est primordial pour la biodiversité puisque dès le bas, dès la strate du bas d’une haie, la biodiversité se met en place notamment dans le sol pour certains insectes qui ont besoin d’ombrage, etc.
En faisant cela, vous allez augmenter le quota biodiversité de la haie et pour nous aussi, ça aura des avantages (ombrage, brise-vent, brise-vue) parce qu’au lieu d’être ajourée, elle sera dense et touffue.
Comment améliorer une haie existante ?
J’ai modifié ce tronçon de haie en ajoutant une jeune haie en mélangeant du persistant, du marcescent, du semi-persistant et du feuillu. Et donc, l’automne prochain, il faudra que je taille.
Pour certains, ce ne sera pas nécessaire puisque ceux-là, ils sont repartis sur plusieurs pieds, mais par exemple, ce jeune pied de sorbier des oiseleurs, à l’automne, je le rabattrai à 20 cm.
Même si l’arbre avait été comme ça, je l’aurais rabattu exactement au même endroit de manière à ce qu’au lieu d’avoir un seul pied, il ait un deuxième pied, voire un troisième, voire un quatrième qui partent.
Non seulement je vais limiter l’arbre dans sa hauteur, s’il était sur un seul pied, ce qui est intéressant dans un jardin par rapport aux voisins par exemple, mais en plus, ça va lui permettre de se densifier au niveau de son pied donc la haie sera plus étoffée.
Plantons tous des haies efficaces pour sauver notre biodiversité
Si on va tous vers ça, en arborant nos jardins de cette manière, on est capable de créer, au pas de nos portes, on va dire mis bout à bout, le plus grand parc national du monde parce que ce système arboré, c’est la clé de la réussite pour sauver notre biodiversité notamment dans nos jardins.
C’est vraiment ce qu’on doit mettre en place aujourd’hui, si on veut réussir notre retour à la nature et nous mettre en contact avec ce sauvage qui nous entoure.
Aller plus loin dans la protection de la biodiversité avec Gilles Leblais
Pour plus de détails sur l’installation d’une haie idéale pour accueillir au mieux la biodiversité chez vous, afin de trouver quels arbres choisir selon votre contexte, comment les installer, les entretenir, etc., découvrez le livre de Gilles Leblais : Ma haie refuge de biodiversité.
Ma haie, refuge de biodiversité
Choisir, planter, observer
Gilles Leblais
Éditions Terre Vivante – 2021.
14 €
Comme nous apprécions beaucoup le travail de Gilles, nous avons également consacré des articles à plusieurs autres de ses livres qui sont tous des odes à la biodiversité et la nature sauvage.
Découvrez-les en détails dans nos articles ci-dessous :
- « Je crée ma mare naturelle »
- « La vie secrète de ma mare : j’observe la nature à fleur d’eau »
- « Branchages et bois morts au jardin : des trésors pour la biodiversité »
- « J’accueille et j’observe les oiseaux dans mon jardin »
Gilles nous a également ouvert les portes de son « Jardin Paradis » à Velanne en Isère pour une série de vidéos consacrées à la biodiversité à découvrir ci-dessous :
- Gardez le bois mort dans votre jardin
- De l’intérêt des trognes ou arbres têtards au jardin en permaculture
- Les intérêts des haies de jardin en permaculture
- Comment installer correctement un nichoir à oiseaux ?
- 3 erreurs à éviter sur les nichoirs à oiseaux.
- Comment réussir sa mare naturelle ?
- Que faire en priorité quand on commence un jardin ?
Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.