Découvrez le verger naturel insolite mis en place par Mathias André en Normandie, au cœur de son lieu de vie : la ferme en multi-activités « Aux Coul’Eure du Cheval » où la présence des animaux est très importante.
Mathias est notre expert et formateur en verger naturel.
Il nous fait visiter cet îlot de biodiversité avec un verger naturel sur 4 hectares qui a été conçu pour accueillir également des activités d’élevages d’animaux, pension de chevaux, du maraichage, de l’hébergement insolite, de la formation et bien plus encore…
Ce verger naturel, avec ses 3 ans d’existence, est déjà rentable et va encore beaucoup se densifier pour multiplier les sources de revenus à l’avenir.
Dans ce témoignage vidéo, Mathias revient sur les choix faits, la diversification des activités, les différentes stratégies mises en œuvre sur le terrain et tout ce qui fait du verger naturel un modèle d’avenir pour la culture fruitière.
Un verger naturel dans une ferme aux multiples activités
Sur la ferme « Aux Coul’Eure du Cheval » où vivent et travaillent Mathias André et sa compagne Sylvie Dévigne, différentes activités se développent et beaucoup d’animaux se côtoient au quotidien.
La ferme propose des services de travaux agricoles en traction animale (débardage, ouverture de milieux naturels, entretien de rivière…)
Il y a aussi une partie pension pour des chevaux, un service de location de calèches pour des événements spéciaux ou du transport scolaire, des accueils de scolaires et de centre de loisirs, mai aussi un élevage d’ânes normands (espèce en voie de disparition), des moutons, des poules, des canards, des cochons et même un bouc.
Un verger naturel conçu pour pouvoir développer de nouvelles activités
En plus de ces activités autour des animaux, Mathias et Sylvie ont décidé de se diversifier en installant, il y a 3 ans, un verger naturel sur 4 hectares.
Situé sur l’ancienne parcelle de production de foin, l’agencement du verger naturel permet de continuer cette production essentielle aux animaux.
Mais, en plus, ce verger naturel a donc été conçu par Mathias dans le but de devenir lui aussi un support pour de nouvelles activités et donc de nouvelles sources de revenus sur la ferme.
Il inclura notamment à terme :
- une production de fourrage
Grâce à l’ajout dans sa conception d’arbres fourragers comme le noisetier, le frêne, le bouleau, etc. - un atelier de transformation des récoltes
Après à peine 3 ans de plantations du verger naturel, ils ont en effet déjà de belles récoltes à transformer.
En attendant d’avoir leur propre atelier, ils passent par un prestataire extérieur pour des transformations en jus de fruits par exemple. - du maraîchage
Avec un espace inclus harmonieusement dans le projet de verger naturel. - de l’hébergement insolite au cœur du verger naturel
Avec la création d’un camping à la ferme incluant des roulottes, des yourtes et autres petits habitats légers insolites. - des formations sur site
Avec notamment la formation « Créer et installer un verger naturel en permaculture » développée en partenariat avec notre bureau d’études.
Installation du verger naturel : le contexte de départ sur la parcelle choisie
Le verger naturel a été implanté sur une terre dégradée, maltraitée par l’agriculture conventionnelle avec des désherbages chimiques et des engrais de synthèse.
C’était donc, au début de l’installation, une terre sans vie microbienne, un lieu sans biodiversité ni animale ni végétale.
Et tout autour de la parcelle de verger naturel, c’est un vrai désert avec une alternance de cultures agricoles en conventionnel de blé et de colza, pas un arbre et donc pas de mésanges, très peu d’insectes pollinisateurs, etc.
Cependant, Mathias note avec bonheur que depuis l’installation du verger naturel sur cette parcelle, il y a 3 ans, il double la quantité de vie microbienne dans le sol chaque année, ce qui est très réconfortant !
ll peut en effet mesurer cela avec des tests sur la conductivité du sol.
Quels sont les objectifs de ce verger naturel ?
Le verger naturel a, bien sûr, pour objectif la production de fruits… mais pas uniquement !
Il se veut aussi une vitrine de ce que l’on peut faire avec la méthodologie du verger naturel tel que Mathias l’enseigne notamment dans notre formation « Créer et installer un verger naturel en permaculture ».
Les principes de fonctionnement et la méthode de création d’un verger naturel sont toujours les mêmes, mais d’un porteur de projet à l’autre, le résultat sera à chaque fois différent.
Ce verger naturel est donc un support pour les formations sur site et le conseil des porteurs de projets.
Pour cela, il inclut :
- De la diversité dans les agencements
Ça permet de montrer concrètement les différents agencements possibles du verger naturel.- Des agencements circulaires, très extensifs.
- Des agencements en ligne, intéressants pour les petites surfaces.
- De la diversité dans les porte-greffes
- Des porte-greffes nanifiants, faibles, pour une cueillette quasiment au sol
- Des porte-greffes plus forts, dits de moyennes vigueurs avec des arbres autour des 6 m de haut adultes.
- Des « arbres de service » au rôle fondamental
Ce sont des arbres tels que l’aulne blanc, le noisetier ou encore le sureau.
Ils sont là pour rendre de nombreux services comme :- Attirer et héberger de nombreux auxiliaires et insectes pollinisateurs (coccinelles, syrphes…qui mangeront les pucerons sur les fruitiers voisins)
- Fournir de la biomasse pour faire du BRF servant de mulch aux pieds des fruitiers pour nourrir le sol.
- Différentes conduites des « arbres de service »
- En trogne pour la production de BRF et l’attraction de biodiversité
- En parasol pour créer des ombres tournantes et protéger les fruitiers des coups de soleil sur fruits ou même sur écorce !
- De la diversité dans les essences fruitières
Il y a beaucoup d’essences et de variétés différentes qui se côtoient avec des périodes de floraison très étalées dans le but d’éviter les risques de gelées.
Il est donc impossible que tout gèle, il y aura forcément une production de fruits. - Un système plus adapté à la production fruitière qu’une forêt-jardin
Les arbres sont agencés selon leur sensibilité aux maladies, il y a donc une grande diversité de végétaux, sur différentes strates, avec des arbres parfois de haut-jet parmi lesquels poussent également des fruitiers plus petits…
Cela ressemble donc un peu, visuellement, à une forêt-jardin.
Cependant, c’est beaucoup plus structuré et beaucoup plus adapté à la production de fruits. - De la diversité dans la gestion de l’enherbement du verger
Selon les zones du verger naturel, on peut observer différentes façons de gérer l’enherbement.
- Avec l’installation d’un couvre-sol tel que le lierre
- Avec des animaux en pâturage tournant avec enclos mobile : ici des cochons Kunekune suivis des poules.
Verger naturel et petite surface ?
6000 € de CA pour 100 m linéaire
Parmi les agencements possibles, Mathias nous montre un agencement linaire particulièrement adapté aux petites surfaces.
Si vous avez, par exemple, un petit jardin de 200 m2 et un gros objectif de production, il faudra partir plutôt sur du linaire avec du tuteurage avec fils pour pouvoir densifier.
Dans cet exemple, Mathias a choisi d’installer des framboisiers avec, au-dessus, une vigne en raisin de table et de l’autre côté, tous les 3 ou 4 m des arbres fruitiers, ici des figuiers, des pommiers.
D’expérience, Mathias estime le chiffre d’affaires de telles lignes à 6 000 € pour 100 mètres agencés de cette façon-là.
Verger naturel : quel chiffre d’affaires peut-on en attendre ?
Dans son verger naturel, tel qu’il l’a conçu aujourd’hui, hors production de châtaignes, car celle-ci ne sera optimale que dans une dizaine d’années, le chiffre d’affaires potentiel est d’environ 40 000 € à l’hectare.
C’est le chiffre d’affaires moyen par hectare pour un verger naturel.
Sur sa parcelle de quatre hectares, il peut produire autour des 120 000 € de fruits de façon naturelle respectueuse du vivant.
Quels sont les avantages du verger naturel ?
Vu le contexte actuel, avec la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, mais aussi la perte constante de biodiversité, le verger naturel est clairement un système d’avenir.
C’est une méthode structurée avec des itinéraires techniques simples et qui est facile à mettre en œuvre.
Et pour Mathias, elle a, en plus, trois principaux avantages :
Le verger naturel, c’est très peu d’investissements de départ
Dans cet exemple d’un verger naturel sur 4 ha, l’investissement total de départ a été de 3000 €.
Il a été réparti dans l’achat de :
- porte-greffes, mastic et ruban à greffer
- protections anti-rongeurs
- tuteurs
- engrais organiques mis à la plantation
- transport sur site du paillage organique
- achat d’un pulvérisateur pour les soins naturels
Une autonomie du système sans besoins d’intrants extérieurs
Si au départ, à l’installation, le verger naturel a nécessité des intrants venus de l’extérieur (paillages et engrais organiques…), il a quand même été conçu pour devenir de plus en plus autonome au fil des années.
C’est donc un système qui, à maturité, produira sa propre fertilité (BRF) et pourra se passer de tout intrant extérieur.
L’aggradation de l’environnement et le retour de la biodiversité
En plantant un verger naturel, même sur un site dégradé et un sol quasi mort comme cela a été le cas pour Mathias ici, on agrade tellement l’environnement que très rapidement le sol s’améliore, la vie revient…
Grâce aux plantations diverses, dans le respect du sol et du vivant, les oiseaux, insectes pollinisateurs et autres auxiliaires reviennent un peu plus chaque année.
Le retour de la biodiversité est un vrai plus pour la résilience de l’ensemble du verger naturel et un vrai bonheur à observer au quotidien.
Verger naturel : les évolutions à venir dans un futur proche
Tous les projets de vergers naturels sont différents.
Dans celui de la ferme de Sylvie et Mathias, où les animaux sont omniprésents, les projets d’avenir sont les suivants :
- La densification végétale et l’ajout de variétés exotiques
Pour le moment, une trame de plantation a été posée avec des valeurs sûres, mais cette trame sera, bientôt densifier avec des lianes et des variétés fruitières un peu plus exotiques comme des agrumes, du kaki, etc. - Le développement de zones sauvages
Il reste sur la parcelle des zones non utilisées.
Au lieu de les exploiter, Mathias va faire en sorte de les préserver en tant que zones sauvages, réservoirs de biodiversité. - La circulation contrôlée des chevaux dans le verger naturel
Les chevaux vont pouvoir circuler dans ce verger naturel, contenus entre deux haies fourragères adaptées à leur taille et leurs besoins.
En effet, les arbres fruitiers ne sont pas adaptés à la taille des chevaux, ces derniers n’y auront donc pas accès.
- La création d’une mare naturelle
Afin de permettre aux chevaux de boire mais aussi d’attirer de nombreux animaux et insectes auxiliaires et donc d’aider au retour de la biodiversité sur le site, il y a le projet de creuser une mare naturelle très prochainement. - Des plantations de fruits à coques et arbres fourragers
Enfin, une autre partie encore inexploitée du terrain sera consacrée à la plantation de fruits à coque et d’arbres fourragers avec pour objectif de devenir autonome en fourrage pour les animaux ce qui n’est pas encore le cas à l’heure actuelle.
Verger naturel : se former et planter dès que possible
Quand on sait tailler et greffer les arbres fruitiers, comme dit Mathias, tout est possible !
Même si on fait des erreurs, on peut les corriger en changeant de variétés par exemple.
Se former aux savoirs de la greffe et de la taille/conduite des arbres fruitiers est donc primordial pour pouvoir ensuite avoir une grande liberté d’action et pouvoir planter dès que possible, sans hésiter, car les erreurs faites seront faciles à corriger au besoin !
Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.