Vous foisonnez d’idées pour (ré)aménager le jardin ?! Et vous envisagez l’implantation d’une haie pour apporter un peu d’ombre, de tranquillité ou encore attirer les pollinisateurs dans votre jardin…
Mais comment procède-t-on ? A quoi faut-il faire attention ?
Planter une haie, par quoi commencer ?
Souvent, on décide de planter une haie pour marquer les limites séparatives de son terrain, ce qui peut également permettre de s’isoler des vis-à-vis avec les parcelles limitrophes en implantant une haie brise vue.
Dans un premier temps, il faut savoir quelle largeur est-on prêt à laisser au végétal : la haie devra-t-elle être taillée régulièrement ou pas ? Il s’agit de déterminer quel type de haie l’on souhaite mettre en place, selon ses besoins, le temps dont on dispose, l’espace et ses moyens.
Les principes basiques
Un élément remplit plusieurs fonctions.
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On peut aussi s’interroger sur les différents rôles que la haie peut remplir, en réflechissant à l’aide du principe de permaculture : un élément, ici la future haie, doit remplir plusieurs fonctions.
Quelles seraient, dans votre contexte, les diverses fonctions possibles et intéressantes pour cette haie ?
Cette vision « élargie » permet d’avoir une vue d’ensemble, de réfléchir au-delà de notre besoin primaire et de nous guider dans les choix qui vont être réalisés.
Souvent, une haie est mise en place pour servir de séparation, mais ne peut-elle pas également apporter des floraisons variées qui bénéficieront à l’entomofaune et constituer aussi une haie fleurie ?
Est-ce que ma haie ne pourrait pas aussi offrir des récoltes : elle deviendrait ainsi une haie fruitière, comestible.
Quels impacts locaux va avoir ma haie ?
Un ombrage sur une partie du terrain, couper des vents, assurer le gîte d’animaux auxiliaires ?
En élargissant notre vision, on peut composer un ensemble végétal biodiversifié plus intéressant que les déprimantes haies persistantes de thuyas monospécifiques.
Quand planter une haie ?
Pour les végétaux ligneux, on recommande de planter entre novembre et mars, lors de la période de repos végétatif mais hors période de gel.
Cette plantation automnale/hivernale bénéficiera grandement aux végétaux car ils seront abreuver abondamment par les pluies de ces saisons.
Cette période de « repos » n’est qu’apparente, car les racines des végétaux continuent à croître : ainsi une plantation à cette époque favorise une meilleure installation du système racinaire.
D’expérience, j’ai pu constater que, sur des plantations de fruitiers, ceux-ci se comportent mieux au cœur de l’été lorsqu’ils ont été implantés en fin d’année et ont donc profité des pluies abondantes des saisons froides.
On veillera aussi à réaliser ses travaux de plantation lors d’une journée sans pluie.
En effet, si l’on doit mettre un imperméable ou les essuie-glaces en route c’est que ce n’est pas le bon moment pour intervenir sur son sol.
Planter sous la pluie favorisera son tassement, détériorera sa structure, et sur des sols fragiles, pourra créer une couche de battance : toute chose qu’il est souhaitable d’éviter !
Comment procéder pour planter une haie ?
Une fois l’emplacement choisi, on peut procéder à une préparation du sol en vue de la plantation.
Si l’on dispose de temps, cette préparation de sol peut se faire l’année précédant la plantation, en installant par exemple un mulch épais, ou, si le sol est peu fertile, en mettant en place des couches successives de matières vertes et brunes, selon la technique des lasagnes.
Ces actions auront l’avantage de rendre le sol en place plus fécond, de participer à son désherbage et de dynamiser la vie du sol.
Il est préférable, pour une meilleure répartition spatiale des végétaux, de planter en quinconce, sur deux lignes minimum ou davantage selon le projet.
Classiquement, pour un rendu visuel harmonieux, on disposera sur la ligne du fond les plantes les plus hautes et, en avant, les plantes les plus basses.
Selon le rendu souhaité, on espacera plus ou moins les arbustes entre eux.
On pourra prendre le parti de les laisser se déployer selon leur plein potentiel, et dans ce cas ils seront assez espacés, ou l’on recherchera un effet plus dense, et on les implantera dans ce cas plus proches les uns des autres.
Une fois le marquage au sol effectué pour l’implantation de chaque plante, il faudra réaliser les trous de plantation.
Ceux-ci devront être suffisamment larges pour accueillir les racines sans contrainte, et suffisamment profonds pour que le collet des arbustes se trouve juste au niveau du sol.
D’une façon générale, nous recommandons de planter de petits sujets : ceux-ci auront séjourné moins longtemps dans leurs conteneurs et leur reprise sera plus aisée.
Planter une haie : comment faire avec les arbustes en conteneur ou en racines nues ?
Lorsque cela est possible, planter des végétaux en racines nues est préférable.
Ces plantes n’ont pas subi les contraintes liées à une croissance en pot, leurs racines sont donc entières et offrent leur plein potentiel.
Les plantations de végétaux à racines nues
Pour planter des arbustes en racines nues, on rafraîchira éventuellement le système racinaire en coupant avec un outil désinfecté les racines endommagées, puis on réalisera un pralinage de celles-ci.
Le pralin est un mélange composé de terre, éventuellement d’argile, de compost ou terreau et d’eau, dans lequel on trempe les racines pour former une gaine humide et protectrice.
Dans ce pralin, on peut aussi ajouter de la bouse de vache, qui contient plein d’hormones de croissance favorables au végétal.
La recette est à adapter en fonction de ce dont on dispose.
Les plantations de végétaux en conteneur
Pour planter des arbustes en conteneurs, on procèdera dans un premier temps à leur trempage dans un seau d’eau : la motte doit se gorger d’eau en totalité.
Lorsqu’il n’y a plus aucunes bulles d’air qui s’échappent, c’est que la motte est saturée d’eau : on peut l’enlever du récipient et la laisser s’égoutter.
Une fois le pot enlevé, on essaiera de « détricoter » les racines qui souvent « tournent en rond » et forment ce que l’on appelle des chignons.
Si le système racinaire est trop dense, on pourra le sectionner partiellement pour forcer la plante à en former de nouvelles, qui ne pousseront pas en cercle.
Une taille de « rafraichissement » des houppiers des arbustes pourra aussi être effectuée si ceux-ci ont un volume trop important par rapport au volume des racines.
Autres éléments favorables lors de la plantation d’une haie
Dans tous les cas, le collet des plantes sera au-dessus du niveau du sol.
Un collet enterré conduira au dépérissement du végétal, car c’est une zone d’échanges gazeux.
Autour de chaque plante, on formera une cuvette d’arrosage : celle-ci permettra de recueillir l’eau et de la guider à l’aplomb des racines.
Si l’on souhaite amender le sol, on pourra disposer en surface un peu de compost autour de chaque arbuste.
Celui-ci sera utile à la plante pour sa croissance.
Un paillage de chaque plante ou de l’ensemble du linéaire planté est nécessaire : on ne doit pas laisser la terre à nue.
Ce paillage limitera la concurrence avec la strate herbacée, nourrira la faune du sol, favorisera la mycorhization, limitera les besoins en eau et réduira les amplitudes thermiques.
Un éventuel tuteurage des plantes pourra être nécessaire, surtout sur des zones exposées au vent.
Le tuteur devra être installé en biais, face au vent dominant : il servira de contreventement pour maintenir la plante droite.
Ce tuteurage sera à enlever dans les 2 à 3 ans maximum, selon le développement des plantes : des liens biodégradables pourront être opportunément employés pour éviter des blessures aux branches lors de leur croissance en diamètre.
Il faudra veiller à desserrer ces liens ou les remplacer si l’arbuste pousse rapidement, au risque, sinon, d’étrangler la branche et de la blesser irrémédiablement.
Même si la météo annonce de la pluie à venir, on procèdera à la plantation à un arrosage abondant de sa haie, pied par pied, dans les cuvettes d’arrosage ménagées.
Cet apport d’eau va permettre de colmater les poches d’air créées lors de la plantation et de bien faire adhérer la terre aux racines des arbustes.
Un arrosage avec un thé de compost ou avec une macération de plantes adaptées pourra aussi être bénéfique, attention toutefois à bien suivre les taux de dilution recommandés pour ne pas provoquer un effet contre-productif.
Suivi de la plantation de votre haie
Si les pluies sont abondantes, il ne sera pas nécessaire, en période hivernale, de venir arroser votre haie.
En revanche, par la suite, à la belle saison, un arrosage pourra s’avérer nécessaire, surtout avec les conditions climatiques que nous subissons maintenant.
Il est recommandé d’arroser abondamment chaque pied avec un espacement de quelques jours entre chaque passage plutôt que de venir arroser un peu chaque jour.
En effet, un arrosage généreux permettra à l’eau de pénétrer bien en profondeur, ce qui stimulera la croissance des racines vers les couches profondes du sol.
La plante ira ainsi plus efficacement prospecter les horizons inférieurs en quête d’eau et deviendra plus autonome à long terme.
A l’inverse, un arrosage régulier et peu abondant entraînera le développement du système racinaire en surface : la plante sera ainsi moins armée face aux évènements climatiques extrêmes, elle sera dépendante de cet apport d’eau régulier, et son ancrage au sol sera moins efficace.
On veillera aussi au réapprovisionnement en paillage les premières années.
Des plantations de plantes couvre-sols pourraient être bienvenues pour compléter les différentes strates de végétation et apporter plus de biodiversité et donc de résilience à la haie.
Une haie en devenir
Si vous suivez toutes ces recommandations, nul doute que votre haie se développera harmonieusement, en suivant son rythme et vous offrira tous ses bénéfices…
Bonnes plantations !
Pour aller plus loin et favoriser l’attraction d’un maximum de biodiversité avec l’installation de votre haie, nous vous recommandons la lecture du livre de Gilles Leblais « Ma haie, refuge de biodiversité » :
Ma haie, refuge de biodiversité
Choisir, planter, observer
Gilles Leblais
Éditions Terre Vivante – 2021.
14 €
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Anaïs Jeunehomme
Anais Jeunehomme Anaïs Jeunehomme, paysagiste conceptrice, certifiée en permaculture. Je conçois, avec l’Atelier l’Embellie des jardins inspirés des principes de la permaculture, adaptés au lieu et à ses habitants, valorisant les ressources existantes, où les plantes sont belles mais aussi comestibles, médicinales, mellifères ou amélioratrices du sol. Car un jardin est un lieu de ressourcement et de bien-être, mais aussi une pierre supplémentaire dans l’édification d'une société plus écologique et durable.
Très instructif merci pour ce partage.
Pourriez-vous donner des exemples de plantes pour avoir une idée d’une haie accompli
Article intéressant et détaillé mais une phrase me laisse perplexe, d’autant plus en l’absence de source : » bouse de vache, qui contient plein d’hormones de croissance favorables au végétal ». Une hormone animale qui influe sur du végétal, je veux bien savoir laquelle !
Il est plutôt question d’éléments nutritif à la limite et encore …
Bonjour, En fait, la bouse de vache ou encore le fumier de cheval frais contiennent de l’auxine (principalement de l’acide indole 3-acétique ou AIA) qui est une phytohormone de croissance végétale favorisant, entre autre, l’apparition de nouvelles racines et leur croissance (cf thèse Orendo-Smith, Richard – Stellenbosch University, 2012, SANJEEVAK AS A SOURCE OF NUTRIENTS AND PHYTOHORMONES FOR PRODUCTION AND PROPAGATION OF PLANTS). La bouse fraiche contient aussi effectivement des éléments nutritifs, des micro-organismes, etc. Son ajout à un pralin est donc très intéressant quand on en a sous la main 😉 !
Excellent document, bien expliqué, clair…
merci belles infos