Il arrive, surtout en milieu urbain, que l’on se retrouve avec des murs aveugles peu gracieux sous les yeux.
Ceux-ci n’offrent pas un paysage des plus plaisants à contempler depuis les fenêtres de la maison ou depuis son transat au jardin.
Il est possible, sous certaines conditions, d’habiller ces supports de végétal, afin de créer un cocon de verdure.
On peut faire le choix d’opter pour des grimpantes caduques ou pour des plantes grimpantes persistantes.
Ces dernières arboreront leur feuillage tout au long de l’année, ce qui présente des avantages lorsque l’on doit gérer des vis-à-vis.
En revanche, en raison de leur caractère persistant, leur coloris varie peu selon les saisons, ce qui engendre un décor assez figé.
Comment choisir les bonnes grimpantes persistantes ?
Pour quelles plantes opter ?
C’est ce que nous allons voir dans la suite de cet article.
Quelle est la situation de mon support ?
Comme évoqué dans un précédent article, il est nécessaire de bien cerner l’environnement dans lequel vous allez installer vos plantes grimpantes.
La nature du sol, son humidité, l’exposition au soleil du support sont autant d’éléments à prendre en compte pour choisir la bonne plante.
Par ailleurs, s’agissant de plantes grimpantes, il est aussi bon de décider de quelle manière la liane doit couvrir le support.
Doit-elle être autonome, et dans ce cas, comporter des racines crampons ou des ventouses, comme le lierre ou certaines vignes vierges (Parthenocissus tricuspidata, Parthenocissus henryana…) ?
Ai-je envie d’installer un support pour sa croissance, tel un treillage, des câbles ou une pergola ?
Dans ce cas, la grimpante devra être capable de s’enrouler par elle-même sur le support, comme le font les clématites, par exemple.
On peut aussi décider d’installer des plantes grimpantes qui requièrent une intervention humaine pour être palissées, au fur et à mesure de leur croissance, comme avec les rosiers grimpants…
Il faudra aussi tenir compte de la solidité du support : en effet, les grimpantes à feuillage persistant pèsent, aussi celui-ci devra être adapté à l’envergure et au poids du végétal.
Comment planter ma grimpante à feuillage persistant ?
Comme pour bon nombre de végétaux, une plantation entre novembre et mars sera la bienvenue, afin que la plante nouvellement installée bénéficie des pluies abondantes de la période hivernale.
On veillera cependant à éviter les périodes de grands froids et de gel.
Bien souvent, la qualité du sol au pied d’un mur est médiocre, de plus, l’espace disponible pour un enracinement des racines peut aussi être limité, du fait de la fondation de l’ouvrage.
Il sera donc utile d’amender votre sol pour améliorer sa fertilité et sa structure, par exemple avec du compost.
Par ailleurs, décaler la plantation des grimpantes du mur afin de leur offrir une profondeur d’enracinement plus conséquente est une bonne solution.
Le jardinier n’aura plus qu’à diriger souplement la liane vers son support, au fur et à mesure de sa croissance.
Celle-ci sera plus autonome à long terme, grâce à son système racinaire mieux déployé.
Plante grimpante à feuillage persistant, se déployant seule
Sous nos latitudes, il existe relativement peu de végétaux conservant leur feuillage en hiver.
Notre climat est trop froid et l’ensoleillement trop faible en hiver, c’est pourquoi la végétation s’est adaptée à ces conditions particulières en se délestant de son feuillage avec les mauvais jours.
Mille et une nuances de lierre
Il existe cependant une plante grimpante persistante, unique représentante de la famille des Araliacées sous nos climats tempérés : le lierre (Hedera sp.), qui est capable de prospérer seul sur les supports.
Doté de racines crampons, le lierre peut tout aussi bien partir à l’assaut d’un mur que d’un arbre, ou encore former un excellent couvre-sol.
Le lierre a bien souvent mauvaise réputation, surtout lorsqu’il grimpe sur les arbres, pourtant ce n’est pas une plante parasite.
Il a ses propres racines et fait de la photosynthèse : il ne vit donc pas au dépens de l’arbre.
De plus, le lierre n’étrangle pas l’arbre : sa croissance lente progresse verticalement, ce qui permet aux troncs de grossir normalement.
La seule concurrence qu’il peut opposer à l’arbre est celle pour l’accès à la lumière.
Par ailleurs, le lierre fait partie des rares grimpantes supportant bien l’ombre en plus d’être une plante formidable pour la faune, offrant le gîte et le couvert à de nombreuses espèces notamment sur la période automne, hiver où le pollen et les fruits sont rares.
Il a aussi été prouvé que le lierre participe à l’épuration de l’air : il absorbe et détruit certains solvants, dont le benzène, un produit cancérigène présent dans les peintures, les solvants et la fumée de cigarette[i].
Il existe aujourd’hui beaucoup de cultivars, à feuillage panaché (ce qui peut être une option intéressante pour éclairer une zone ombragée), au feuillage évoluant en saison (tonalité claire des nouvelles feuilles et rougeoyante lors des premiers frimas), avec des formes de feuilles diverses…
L’étendue des possibles est importante.
Citons trois espèces : Hedera helix, le lierre commun, Hedera colchica, le lierre de Colchide et Hedera canariensis, le lierre des Canaries.
Le premier est le lierre que l’on voit couramment dans nos villes et campagnes, lequel a été décliné en de nombreux cultivars.
Le second provient du Caucase, et il porte des feuilles beaucoup plus imposantes.
De par son origine il est plus frileux que le lierre commun, aussi lui réservera-t-on des emplacements abrités, tant des gels importants que du vent.
Le troisième présente aussi des feuilles assez grosses et croît rapidement : sa puissance de déploiement doit être prise en considération dans le choix de son emplacement, car il est capable de soulever les tuiles si on le laisse accéder aux toitures…
Il existe d’autres espèces de lierre, qui présentent des caractéristiques de feuillage différentes : à vous de cheminer dans cette diversité !
La trompette de Jéricho…
La bignone, Campsis radicans, aussi appelée parfois trompette de Jérico à cause de la forme de ses fleurs, porte un feuillage qui peut être semi-persistant, si les conditions locales sont clémentes.
C’est une grimpante adaptée à la chaleur, tolérant un sol sec à très humide.
Elle se pare d’une abondante floraison en trompette durant l’été.
Dotée de racines crampons, elle s’accroche seule aux supports lisses.
C’est de plus, une plante mellifère et médicinale.
Plantes grimpantes à feuillage persistant à palisser
Ces plantes grimpantes auront besoin de l’action de l’homme pour palisser un mur : il faudra les fixer progressivement, au fur et à mesure de leur croissance, pour couvrir le support.
Sans cette action régulière, elles retomberont en longs rameaux arqués vers le sol.
Ainsi on peut trouver certains chèvrefeuilles, comme Lonicera henryi, qui est apprécié principalement pour le caractère persistant de son feuillage.
Ses feuilles sont lancéolées, lisses et brillantes.
Ses fleurs discrètes, rose à orangé, se groupent aux extrémités des pousses et sont suivies de baies violettes toxiques pour l’homme mais appréciées de certains oiseaux.
De plus, c’est une plante grimpante à croissance rapide.
Le chèvrefeuille du Japon, Lonicera japonica, ainsi que le chèvrefeuille des bois, Lonicera periclymenum, peuvent présenter un feuillage semi-persistant en situation protégée.
Le chèvrefeuille des bois offre par ailleurs une floraison parfumée des plus agréables.
On peut aussi en trouver des cultivars aux fleurs bicolores très esthétiques.
Les ronces fruitières, Rubus fruticosus, présentent aussi un feuillage persistant à semi-persistant.
Des cultivars ont été sélectionnés pour offrir des fruits plus gros que la plante sauvage, ils peuvent être avec ou sans épine.
Le mûrier prendra cependant un espace plus important en épaisseur que les autres grimpantes proposées précédemment : son port est davantage arbustif.
Plantes grimpantes à feuillage persistant qui s’enroulent sur un support
L’installation d’un câblage, d’un treillage, d’une tonnelle ou d’une pergola peuvent être de bons éléments de support pour certaines plantes grimpantes autonomes dans leur déploiement.
Ces plantes présentent des tiges dont l’extrémité est capable, au contact d’un support vertical, de s’enrouler, c’est ce que l’on nomme des tiges volubiles.
On trouve par exemple la clématite d’Armand, Clematis armandii, qui a la particularité de garder son feuillage l’hiver.
Elle offre des fleurs en bouquets de couleur blanche crème qui sont généralement parfumées, dégageant un parfum de fleur d’oranger et de vanille.
Sa floraison apparaît le plus souvent en début d’année entre mars et avril, ce qui en fait une attraction majeure à cette saison où l’on trouve peu de végétaux en fleurs.
Son feuillage persistant rouge pourpre au départ de la pousse devient par la suite vert foncé brillant, et est du plus bel effet.
La clématite d’Armand peut être plantée en plein soleil ou à mi-ombre, voire dans une ombre lumineuse.
En savoir plus sur les plantes grimpantes pour une exposition à l’ombre ou au soleil.
L’akébie à cinq feuilles (Akebia quinata) est une liane au feuillage semi-persistant en fonction de la dureté de l’hiver. Elle requiert un sol frais et peut se développer à l’ombre lumineuse.
Ses fleurs, en grappes, sont pourpre-brunâtre pour les fleurs femelles et roses pour les fleurs mâles.
Elles sont relativement discrètes et apparaissent fin avril/début mai.
Elles sont légèrement parfumées.
Ses fruits, comestibles, ne poussent que sous des climats doux (zone viticole).
Ils sont pourpre-violacé, en forme de concombre.
Cependant, pour en avoir, il conviendra d’en planter deux pieds, pour une pollinisation croisée.
En guise de conclusion…
Nous venons de voir qu’il existe relativement peu de plantes grimpantes à feuillage persistant sous nos latitudes.
Néanmoins, les effets du changement climatique se faisant sentir années après années, les hivers étant de moins en moins rudes, nous pourrions avoir la bonne surprise de voir certaines grimpantes conserver leur feuillage en hiver.
Reste à savoir si nous devons le voir comme une bonne ou une mauvaise nouvelle : le débat est ouvert !
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Anaïs Jeunehomme
Anais Jeunehomme Anaïs Jeunehomme, paysagiste conceptrice, certifiée en permaculture. Je conçois, avec l’Atelier l’Embellie des jardins inspirés des principes de la permaculture, adaptés au lieu et à ses habitants, valorisant les ressources existantes, où les plantes sont belles mais aussi comestibles, médicinales, mellifères ou amélioratrices du sol. Car un jardin est un lieu de ressourcement et de bien-être, mais aussi une pierre supplémentaire dans l’édification d'une société plus écologique et durable.
Merci pour toutes ces idées ! Sur un balcon ou une terrasse, les grimpantes sont vraiment pratiques pour habiller un mur ou faire un brise-vue végétal. Et si le feuillage est persistant, c’est encore mieux !
Amicalement
Valérie
Bonjour tout le monde,
Parmi les grimpantes persistantes (et rustiques!), on trouve aussi : Trachelospermum asiaticum – Faux jasmin jaune (soleil), Trachelospermum jasminoides Variegatum – Jasmin étoilé (mi-ombre), Pileostegia viburnoides (mi-ombre/ombre), Berberidopsis corallina – Plante Corail (sol bien drainé, frais, humifère / mi-ombre), Rosier de Banks Lutea – Rosa banksiae (sublime, supporte tout, existe en jaune pale et rose), Stauntonia hexaphylla (magnifique mais chère, pour sol humifère, ombre, fruits comestibles et … jardiniers avertis!).
BonneS plantationS … dans quelques mois!