Le sol est un énorme réservoir de graines. Certaines sont périmées, d’autres en attente des conditions idéales pour sortir de terre.

Lorsque les conditions de sol et de climat sont réunies, ces graines vont germer, c’est ce que l’on appelle la levée de dormance. Ainsi lorsqu’on a une dominance de certaines plantes, on peut en déduire les conditions du sol dans lequel elles ont poussé et la dynamique de celui-ci. On peut ainsi connaître les premiers gestes à effectuer pour en améliorer la fertilité, la structure (trop argileuse, trop sableuse…)

Attention, avant d’agir, il faut observer et comprendre, en tant que permaculteur, on doit être des observateurs avant d’être des acteurs !
La nature tend toujours vers l’équilibre et il est important de comprendre que les plantes bio-indicatrices sont une première réponse de la nature pour ramener le milieu vers son équilibre.
Ce que l’on souhaite faire, c’est simplement accélérer l’action des plantes et amener l’environnement vers un stade qui va être propice aux plantes qui nous intéressent, à savoir, le plus souvent, le stade du potager et du verger.

Ce n’est pas parce que vous allez laisser une plante monter en graines et se ressemer toute seule que les graines de celle-ci vont effectivement lui succéder la saison suivante, car, si vous avez modifié la structure de votre sol (en l’aérant, en l’amendant…), il est possible que les conditions de germinations de la plante ne soient plus réunies. Cela signifie aussi qu’une plante arrivée dans votre jardin sans votre intervention a une raison d’être là, ce n’est pas parce que vous ne l’avez pas plantée qu’elle ne sera pas utile pour vous. Les plantes sauvages arrivent pour améliorer et protéger votre milieu. Elles peuvent aider à régler un problème au niveau de votre sol, donc, avant de les arracher sans vous poser de questions, observez-les, identifiez-les et écoutez ce qu’elles ont à vous dire. Que signifie l’arrivée de cette plante ? En « lisant » les plantes bio-indicatrices sur votre terrain, vous pourrez donc savoir ce qui se passe dans votre sol et savoir quoi faire pour corriger ou non la situation.

Par conséquent, en théorie, quand une plante sauvage vous « gêne » au jardin, il suffira de l’identifier pour connaître ses besoins, ses conditions idéales de levée de dormance et d’évolution et de changer votre contexte de milieu pour que ses conditions idéales ne soient plus réunies afin qu’elle ne revienne pas.

Comment savoir qu’une plante est bio-indicatrice de l’état de votre sol ?

Pour qu’une plante soit considérée comme bio-indicatrice dans un milieu, il faut qu’elle soit en dominance par rapport aux autres espèces présentes, c’est-à-dire au moins 5 à 10 sujets par mètre carré ou au moins 70 % de l’espace occupé par la même plante. C’est une logique de dominance de la plante parmi les autres.

Il y a plusieurs types de plantes bio-indicatrices : certaines indiquent des excès, d’autres des carences, d’autres le taux de vie du sol… Chaque plante a son caractère indicateur propre.
Pour vous aider dans cette observation et l’identification des plantes bio-indicatrices, plusieurs outils existent :

  • L’application PlantNet : pour vous aider à identifier les plantes que vous observerez grâce à votre mobile (pas infaillible, mais très intéressante quand même) Pour téléphones ANDROIDAPPLE
  • Une bonne flore, c’est-à-dire un ouvrage pour l’identification des plantes, par exemple : Le Guide Delachaux des fleurs de France et d’Europe ou encore, la toute nouvelle et magnifique Flore Photo de Gérard Ducerf
  • Des forums de botanique ou encore des associations de passionnées qui partagent localement ou en ligne leur savoir.

Une fois l’identification faite, nous utilisons ensuite l’encyclopédie des plantes bio-indicatrices de Gérard Ducerf pour connaître, très précisément, le caractère indicateur de la plante identifiée. Cette encyclopédie comporte 3 volumes. Vous trouverez, en fin d’article, les références de ces ouvrages. Comme pour sa nouvelle Flore photo, Gérard Ducerf a fait un formidable travail avec ces encyclopédies très détaillées qui contiennent toutes les réponses dont vous pourriez avoir besoin pour faire votre propre diagnostic de sol en fonction des plantes observées.

Quelques exemples de plantes bio-indicatrices et leurs indications sur le sol dans lequel elles poussent :

Observer les plantes bio-indicatrices donne de nombreux renseignements sur la composition et l’état des sols dans lesquels elles poussent.
Mouron blanc – Stellaria media
  • Le mouron blanc — Stellaria media : indique une terre équilibrée en bonne santé… c’est une des rares plantes avec ce caractère indicateur d’équilibre, si vous en avez, vous pouvez vous en réjouir 🙂
Observer les plantes bio-indicatrices donne de nombreux renseignements sur la composition et l’état des sols dans lesquels elles poussent.
Renoncules rampantes – Ranunculus repens
  • La renoncule rampante — Ranunculus repens : indique un engorgement des sols en eau et matière organique. La dégradation des matières organiques ne peut pas se faire correctement à cause de l’excès d’eau (hydromorphisme). La matière organique ne peut pas être décomposée, elle n’est donc plus accessible pour vos plantes et cela entraîne des problématiques.
    Si vous avez un compactage du sol, notamment par temps humide, vous allez vous retrouver dans ce même type de situation avec un sol hydromorphe. Il faudra alors l’aérer en passant la grelinette ou en utilisant des plantes au pouvoir décompactant comme certains engrais verts (lin bleu, potier corniculé, sainfoin, trèfle incarnat…). On va pouvoir ainsi changer le milieu, le drainer si nécessaire ou encore trouver la source d’eau (ruissellement ou autre) qui en amont produit cet engorgement. On va donc pouvoir répondre aux problématiques indiquées par la plante bio-indicatrice pour ramener notre sol à un équilibre ou à une situation favorable à ce que l’on souhaite, pour un potager ou un verger par exemple.
Observer les plantes bio-indicatrices donne de nombreux renseignements sur la composition et l’état des sols dans lesquels elles poussent.
Liseron des haies – Calystegia sepium
  • Le liseron des haies — Calystegia sepium : indique un sol qui contient trop de matières organiques et trop d’eau. Cette plante apparaît souvent quand il y a eu un excès de fumier sur un sol frais et humide qui bloque la décomposition de la matière organique et entraîne diverses problématiques. C’est aussi une plante nitritophile donc qui aime tous les dérivés de l’azote. Pour s’en débarrasser, il faut donc réduire les quantités d’azote dans le sol à cet endroit : on peut, pour cela, répandre en surface quelques cm de bois broyé. Les micro-organismes du sol vont alors utiliser l’azote présent en excès dans le sol pour décomposer ce bois broyé. On va également décompacter le sol à la grelinette, vérifier s’il n’y a pas un problème de ruissellement d’eau en amont à traiter et implanter des légumes gourmands en azote (les légumes feuilles : épinard, chou, brocoli, salades…, les légumes fruits : tomates, aubergine, courge, concombre, courgette, melon…) pour qu’ils en prélèvent un maximum dans ce sol où il y en a en excès afin de retourner vers un équilibre.

Lancez-vous dans l’observation de vos plantes bio-indicatrices, votre sol vous en remerciera 😉

Nous espérons que vous aurez compris l’intérêt de l’observation des plantes bio-indicatrices et que vous allez vous en servir chez vous dès maintenant.

Pour vous aider à vous lancer, retrouvez, ci-dessous, en téléchargement direct, un PDF réunissant quelques-unes des plantes bio-indicatrices les plus connues.

Cliquez simplement sur l’image ci-dessous pour le télécharger.

Observer les plantes bio-indicatrices donne de nombreux renseignements sur la composition et l’état des sols dans lesquels elles poussent.
Ce PDF à télécharger est proposée par EPLEFPA de Carcassonne : http://www.epl.carcassonne.educagri.fr

Pour aller plus loin, nous vous conseillons fortement l’encyclopédie des plantes bio-indicatrices de Gérard Ducerf (voir références ci-dessous). C’est un vrai investissement plus que rentable sur le long terme à avoir dans sa bibliothèque !!!

Également cette émission de radio de 2014 « Terre à terre » par Ruth Stégassy avec Gérard Ducerf sur les plantes bio-indicatrices : écouter l’émission en cliquant sur ce texte

La Flore Photo

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L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales

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L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices alimentaires et médicinales

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Guide de diagnostic des sols Volume 3

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Fascicule des conditions de levée de dormance des plantes bio-indicatrices

Fascicule des conditions de levée de dormance des plantes bio-indicatrices

Conditions de levée de dormance des principales plantes bio-indicatrices

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On vient de le voir, observer les plantes bio-indicatrices permet de faire un diagnostic de son sol. Or l’observation de votre contexte est primordiale pour arriver à travailler avec la nature et non contre elle. C’est pourquoi le module 3 de notre formation « Invitez la permaculture dans votre jardin » porte sur l’observation et la lecture du paysage, étape indispensable à la réalisation d’un design de permaculture. Cliquez sur le bouton ci-dessous pour en savoir plus.

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Permaculture Design

Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.

7 Commentaires

  1. Maë

    Bonjour,

    Je commence tout juste à m’interesser à la permaculture et je trouve cet article super intéressant. Je suis novice en matière de jardinage et d’agriculture en general. La permaculture entre carrément dans le courant de pensée et le style de vie que je souhaite adopter. étant donné que je reside en milieu tropical je vais surement devoir redoubler d’effort pour trouver les rares ouvrages sur le sujet, mais comme votre devise le dit si bien, « on est ensemble et on va y arriver ».

    Merci pour ce partage et merci pour l’ensemble des contenus que vous proposez.

    Répondre
  2. boufaida

    Salut Mr BROUSTEY, j’ai lu attentivement votre article sur les plantes bio indicatrices merci vous m’avez présenté un diagno pour la couverture végétale ,et la contexture du sol de mon jardin qui souffre de la présence du liseron , chiendent , datura ,et d’autres plantes indésirables qui demandent intervention rapide pour remédier a ce fait en corrigeant les anomalies constatées au niveau du jardin par l’élimination totale de tous pieds datura avec précaution l’éradication des racines, chiendent et liseron afin de me permettre l’accès d’un équilibre écologique du terrain, j’espère que cette constatation n’aura pas d’impacts négatifs sur les mycorhize, la symbiose, la synergie et les interactions des racines, des arbres fruitiers existants sur le même terrain .
    Bien cordialement.
    Boufaida A.

    Répondre
  3. Heikel de JardinerFuté

    Bonjour,

    Super article ! Il est complet (j’imagine bien que comparé aux livres c’est très peu exhaustif) pour la théorie, et très bien écrit. Je n’hésiterais pas à le mettre en lien sur mon blog quand j’en parlerais !
    Merci pour cette mine d’information, et les références des livres que je me procurerai à l’avenir.

    Répondre
  4. Aline

    Merci pour le partage de toutes ces infos bien intéressantes ! Tout e bon pour vous et vos jardins !

    Répondre
  5. Guylaine

    Merci pour cet article très intéressant. Toutefois je suis perplexe sur l’interprétation que l’on fait des plantes bio indicatrices. La présence de ces plantes très communes dans les potagers permettrait de faire un diagnostic (engorgement en eau, excès de matière organique, érosion…) et d’intervenir : aérer, drainer… Outre que cela ne me semble pas être l’esprit de la permaculture (tenir compte des conditions existantes pour cultiver et intervenir le moins possible) je doute de la justesse du raisonnement. Même dans les potagers au sol vivant (non travaillés, sans apport d’engrais ou même de fumier) où les légumes poussent tout à fait tranquillement on note la présence de liseron, renoncule, mourons et autres plantes bio indicatrices qui pour la plupart sont très communes. Pour autant la terre n’est ni engorgée en eau/érodée/décalcifiée ou perturbée d’aucune façon.
    Je tente une autre hypothèse :
    Imaginons un sol trop humide. On y observe des renoncules rampantes.
    On peut en conclure que cette plante indique les sols trop riches en eau et incite à intervenir (greliner, drainer…) pour que nous, jardiniers, puissions « réparer » ce problèmes défavorables à nos cultures.
    Ou alors on peut se dire : dans un sol très humide les renoncules poussent. Avec des cardamines des près et d’autres végétaux avec lesquelles elles forment un groupe social. Elles ne sont donc pas gênées par la fraîcheur du sol voire elles l’apprécient. Je crée un potager et la renoncule rampante se met à s’étendre dans mes parcelles tout juste remuées et régulièrement arrosées. La terre dénudée leur a permis de germer et de s’étendre, l’arrosage leur donne la fraîcheur qu’elles apprécient. Cela ne veut pas dire que le sol est TROP humide, asphyxiant, hydromorphe pour autant, non ? Par expérience, ce que j’ai observé c’est que la renoncule, le chiendent et autres plantes vivaces apparaissent automatiquement dans le potager lorsqu’on touche à la terre (notamment lorsqu’on installe une parcelle) mais finissent par s’estomper d’eux mêmes, en quelques années lorsque l’on cesse tout travail du sol (même son aération) et qu’on paille systématiquement ce dernier.

    Répondre
    • Benjamin Broustey

      Ha Guylaine…je m’y attendais un peu…quand on synthétise, il y a toujours une possibilité de pas être exhaustif…mais ce qui est bien c’est qu’il y a toujours quelqu’un pour vous le faire savoir et les commentaires sont un peu là pour ça, alors merci… 😉
      Oui je trouve votre exemple tout a fait logique. Ces plantes apparaissent lorsqu’on « remue » et arrose la terre. On induit une forte minéralisation qui leur est très favorable, et de l’humidité en plus…et tout a fait normal qu’elles disparaissent ensuite si non travail du sol il y a, et respect des équilibres et structuration du sol et de sa porosité par la vie…
      Il ne s’agit pas là de dire obligatoirement à chacun d’intervenir immédiatement et sans réfléchir ou observer, dans le milieu et obligatoirement mécaniquement, alors que la biologie et d’autres pratiques peuvent équilibrer les choses…difficiles de faire un état des lieux des bonnes pratiques en quelques minutes, et je trouve Je trouve la critique un peu facile, si vous me permettez Guylaine, sachant que nous prônons dans toutes nos vidéos, expérimentations et formations l’adaptation aux contextes, et les pratiques les plus douces possibles. Mais bon…chacun prendra une décision ou pas selon l’état des lieux et ses objectifs personnels…
      Quand à ce qu’est « esprit de la permaculture » je me garderai bien d’en être le garant, et j’invite chacun à ne pas tomber dans le dogmatisme, surtout dans un milieu ultra-artificiel, interventionniste (en comparaison avec le sauvage), et très énergivore (en travail et en ressources organiques ou autres) qu’est le potager… on s’embarquerait dans un sacré débat pour savoir ce qu’est « l’esprit » de la permaculture la dedans…Merci pour ce commentaire !

      Répondre

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