Accueillir les oiseaux des jardins est un vrai plus pour le potager en permaculture.
Les petits passereaux sont, sans aucun doute, d’excellents régulateurs des populations de certains insectes un peu envahissants.
Faut-il installer des nichoirs oiseaux dans son jardin ?
Les oiseaux du jardin au service du jardinier
Les mésanges, par exemple, se sont spécialisées dans les chenilles et arpentent tous les végétaux, du plus petit au plus gros, à la recherche de ce mets juteux apprécié des oisillons comme des adultes.
Rappelons qu’en pleine période de nourrissage, c’est 600 allers-retours au nid…
La bergeronnette grise, elle, fera les 100 pas dans votre pelouse, coupée pas trop ras, à la recherche d’insectes adultes se déplaçant au sol.
Enfin, la rougequeue noire fera le guet au sommet de son piquet favori, prêt à fondre sur le moindre insecte en vol.
Avec ces 3 espèces d’oiseaux, vous avez ainsi une protection importante contre les insectes, quel que soit leur mode de vie ou leur stade de développement.
Vous comprendrez aisément qu’à l’automne, ces oiseaux profitent du fruit de leur travail… en picorant quelques raisins, pommes et autres fruits juteux qu’ils ont sauvés en partie.
Juste retour des choses, répondant à l’adage : « tout travail mérite salaire ».
Le meilleur nichoir pour oiseaux dans votre jardin en permaculture… c’est votre jardin
Avant d’aborder le sujet des nichoirs oiseaux proprement dit, rappelons que, le nichoir idéal dans votre jardin, c’est votre jardin.
Je vous l’ai sans doute déjà dit pour les mangeoires oiseaux, mais le raisonnement est ici le même.
Plus votre jardin s’approchera d’un état naturel, moins il sera nécessaire de pallier les manques par des structures artificielles.
Conserver les vieux arbres creux, planter des haies, laisser tranquille cette lame de bardage dont le nœud de bois a sauté permettant l’accès au grenier.
Laisser libre accès au cabanon du jardin en faisant un trou à la scie cloche dans la porte.
Laisser une zone d’herbes folles et hautes au fond du jardin pour les oiseaux nichant à terre, un tas de branches, un tas de bois, feront également l’affaire.
Installer une « trappe à vie » sur la porte de la remise, ou celle du garage.
Il s’agit d’une chatière posée à l’envers, à 1,70m de haut et à 80 cm du bord.
L’été, la porte reste ouverte et permet aux oiseaux de s’installer à l’intérieur, l’hiver, porte fermée, cela évite les courants d’air.
Cela marche bien pour les hirondelles rustiques, par exemple, qui trouvent trop souvent porte close dans nos régions.
Difficile quand on a l’habitude de bâtir son nid de terre à l’intérieur des bâtiments.
Le triple effet nichoir : aide biodiversité, aide-jardinier, outil pédagogique.
Installer des nichoirs oiseaux se fait pour compenser les éléments naturels trop peu présents ou trop jeunes pour jouer leur rôle d’habitat pour l’avifaune.
Les nichoirs ont également un rôle pédagogique, car ils facilitent l’observation et permettent de mieux accepter les fientes des mésanges sur le mobilier de jardin quand on a observé la quantité de chenilles qu’elles ont pu débarrasser au verger, comme au potager en permaculture.
Enfin, le nichoir oiseau permet à toutes ces espèces en déclin, de trouver des oasis où habitat et nourriture abondent.
Merci pour eux !
Nichoir et mangeoire ne font pas bon ménage
Rappelons que les nichoirs-mangeoires vendus dans le commerce ne sont pas recommandés.
Ces boîtes couteau suisse, ne font bien, ni l’un, ni l’autre.
L’entrée d’un nichoir se faisant par le haut, celui d’une mangeoire se situant en bas, il y a toujours un trou de trop…
De plus, les oiseaux commençant à chercher une cavité en février, quand une activité intense a encore lieu à la mangeoire, il y a peu de chance qu’un oiseau installe sa marmaille si près d’un tel raffut.
Dans le cas contraire, il va s’épuiser à repousser tous les assaillants hors du territoire jusqu’à fin mars, fermeture officielle des mangeoires.
Oublions l’idée, elle n’est pas bonne.
Si la mangeoire peut être bariolée à votre goût, il n’en est rien des nichoirs.
Cette simple boite va contenir ce qu’il y a de plus précieux et de plus fragile pour les oiseaux : leur progéniture.
Les nichoirs en forme de « petites-maisons dans la prairie aux volets bleus » n’ont pas leur place dans le jardin, où ils sont la risée des prédateurs de tous poils et plumes.
Si vous les trouvez jolis, faites comme moi, mettez-les dans votre salon ! 🤣
Des oiseaux aux mœurs diverses
Vous pouvez installer tous les nichoirs que vous souhaitez, les espèces habituées à utiliser une fourche de branche n’y entreront pas.
Le chardonneret, le pinson des arbres, le merle noir, font partie de ces espèces.
Les espèces dites « cavicoles », nichaient à l’origine dans les arbres creux.
Mésanges bleues, mésanges charbonnières et consorts, sittelles torchepot, moineaux domestiques et moineaux friquet, font partie de ces espèces.
Elles apprécient les nichoirs dont l’ouverture est juste à leur taille.
Cela évite de se faire piquer la place par plus gros que soi, et que sa progéniture serve de banquet aux prédateurs comme la fouine, le geai et le pic épeiche.
Le trou d’envol doit se situer dans la partie haute du nichoir, limitant encore l’accès aux oisillons présents dans le fond du nichoir.
Le petit mémo sur les trous d’envol des nichoirs
Quelles tailles pour les trous de vos nichoirs ?
Cette fiche gratuite réalisée avec Gilles Leblais, spécialiste de la vie sauvage vous indiquera quelles tailles choisir pour quelles espèces.
Quand on sait que le matelas douillet confectionné par les oiseaux peut faire jusqu’à 10 cm, il est bon de prévoir un trou d’envol à environ 15/20 cm du fond du nichoir.
Une fois encore, évitez donc les nichoirs quasi carrés du commerce avec un trou énorme au milieu de la façade.
On évitera de placer un petit perchoir à l’entrée du trou d’envol qui n’est utile qu’aux prédateurs.
Les espèces dites « semi-cavicoles », nichaient à l’origine sur des falaises ou sur la rive des rivières creusée par le courant.
Elles se sont ensuite adaptées aux vieux murs des bâtisses en pierre mal jointées.
Le rougequeue noir, son cousin, le rougequeue à front blanc appelé aussi le rossignol des murailles et la bergeronnette grise font partie de ces espèces.
Elles ont besoin de positionner leur nid à l’abri des regards indiscrets et des intempéries, mais ont besoin de plus de lumière… un peu claustrophobes ces volatiles ?
Ces nichoirs sont donc beaucoup plus ouverts et nécessitent d’être encore plus discrets dans le paysage pour ne pas risquer d’attirer l’attention des prédateurs.
Où et comment installer son nichoir à oiseaux dans son jardin en permaculture ?
Les nichoirs sont à installer sur les arbres ou contre les bâtiments.
Dans le premier cas, l’orientation n’a que peu d’importance, il n’y a pas de microclimat autour d’un tronc d’arbre, même d’une cinquantaine de centimètres de diamètre.
Sur un bâtiment, on évitera le plein nord, trop humide et trop froid, et depuis peu, changement climatique oblige, également le plein sud plein soleil toute la journée, pour ne pas laisser griller les jeunes lors d’épisodes caniculaires.
Si la façade du bâtiment ne présente pas de relief, on placera le nichoir à 80 cm d’un bord.
Cela permettra aux oiseaux d’arriver discrètement par la façade adjacente, tout en empêchant l’accès du nichoir à la fouine qui utilise les angles de murs pour grimper comme sur un tronc d’arbre.
On ne posera jamais un nichoir sur un support qui se prolonge devant lui comme une poutre ou une branche horizontale facilitant l’accès pour les prédateurs.
La hauteur idéale se situe entre 2 et 4 mètres de haut, de préférence à la verticale, sinon préférez l’inclinaison vers l’avant limitant l’entrée d’eau en cas d’intempéries.
Enfin, pour la fixation, préférez des vis ou des clous.
Il est préférable de percer 2 trous dans un arbre bouchant ainsi quelques vaisseaux de circulation de sève, que d’étrangler l’arbre avec du fil de fer, ou à la longue, l’ensemble de la circulation de la sève peut être compromise.
Les petits bouts de bois limitant cela, finissent toujours par tomber et déséquilibrer le nichoir. Concernant les clous et les vis, on peut comparer cela au perçage des oreilles…
La construction d’un nichoir
Le nichoir est en sapin ou épicéa.
Ce bois tendre est facile à travailler et résistera bien aux intempéries pendant une bonne dizaine d’années…
Attention tout de même aux poches de résine qui, s’il y en a, doivent se trouver à l’extérieur du nichoir.
L’épaisseur du bois est de 20 mm permettant un vissage aisé sur la tranche, jouant un rôle d’isolation thermique et décourageant les pics à la recherche d’oisillons à se mettre sous le bec.
Aucun traitement, ni intérieur, ni extérieur, pour permettre au bois de griser et de se fondre avec le milieu.
Du brou de noix maison éventuellement, mais pas de couleurs vives.
La paroi intérieure doit rester brute, sans ponçage, permettant aux jeunes oiseaux épris de liberté de pouvoir s’évader le moment venu.
L’étanchéité doit être parfaite au niveau du toit, c’est de là que vient la pluie…
Si le fond est moins étanche, c’est moins gênant, cela évitera un effet piscine si l’eau rentre quelque part.
Les courants d’air sont à éviter au maximum, les jeunes oisillons naissant nus.
Concernant la quincaillerie, on préférera de loin les vis, aux clous, que le travail du bois « tire » sans effort.
La colle n’est pas adaptée.
La trappe de visite pour le nettoyage automnal se fera au niveau de la façade ou de l’un des 2 côtés.
Cela permettra un nettoyage bien plus simple qu’au niveau du toit.
Le nettoyage des nichoirs
Le nettoyage annuel se fera en septembre/octobre : « rentrée des classes, sortie des nids ».
Avant, vous pourriez déranger une couvée tardive, après, vous pourriez déranger des animaux installés là pour l’hiver, comme le vulcain, papillon diurne passant l’hiver sous forme adulte, dans des abris de fortune… ou de luxe, dans le cas présent.
La chenille de ce papillon se nourrit exclusivement d’orties, cela peut aider à prendre soin de lui…
Le nettoyage des nichoirs consiste à retirer le nid, balayer les débris restants et vaporiser du vinaigre d’entretien à 14 degrés pour le désinfecter.
Cela permet de supprimer les éventuels parasites, ou leur ponte, qui attendent bien sagement le retour des propriétaires pour les infester de nouveau.
Ainsi, les oiseaux commencent la saison avec une charge parasitaire moindre qui ne les affaiblit guère.
Epilogue
En suivant ces quelques conseils, vous pouvez donner un véritable coup de main aux oiseaux du jardin qui vous le rendront bien au verger comme au potager.
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Sébastien Lazzaroni
Naturaliste de terrain depuis l'enfance, Sébastien Lazzaroni est un amoureux de la faune et de la flore sauvage. Il explore, observe, recense et préserve la nature sauvage grâce à la confection et la pose de nichoirs et d’aménagements divers. Ancien professeur de biologie, il partage, avec pédagogie, son expérience au travers de conférences déambulées pour comprendre, d’ateliers bricolage pour agir, d’articles hebdomadaires dédiés sur son blog colocaterre, et sa page Facebook colocaterre. Il conseille également les particuliers et les professionnels dans la mise en place de stratégies pour accueillir la biodiversité et en faire une alliée du jardin, du potager, des cultures, des vergers et de la douceur de vivre.
Toujours passionnant et instructif
Un grand merci pour votre travail et sa vulgarisation
Je vais installer des nichoirs de ce pas
Merci