Retrouvez en vidéo le témoignage de Sophie et Yoann, membres de formation en permaculture du bureau d’études PermacultureDesign, sur leur changement de vie et leur projet de micro ferme vivrière dans lequel l’éveil des enfants au respect et fonctionnement de la nature a joué un rôle décisif.
Cette vidéo a été tournée en mai 2019.
Changer de vie avec la permaculture et réapprendre à vivre avec moins !
Ce sont nos enfants qui nous ont motivés dans ce chemin-là, et c’est venu doucement, simplement, c’est entré dans notre tête comme un petit bruit, puis on s’est dit mais pourquoi pas ?
Alors on a commencé à faire des plans, des dessins, sans aller droit au but au départ… Jusqu’à ce qu’on se retrouve sur ce terrain vide avec la pioche à la main, à faire les fondations.
C’était un rêve qui devenait réalité !
Nous sommes Yoann et Sophie, mariés, deux enfants.
Yoann : Je me suis formé dans l’industriel, dans la maintenance, puis je suis parti faire les saisons, et c’est là que j’ai rencontré Sophie ;
Sophie : À ce moment-là, j’étais vendeuse dans un magasin de sport. Avant le projet d’avoir des enfants, je m’étais remise dans mon premier domaine de prédilection : j’avais passé un BTS en esthétique et je suis devenue manageuse d’un spa en Suisse.
Yoann : Puis nous avons eu notre premier enfant. Alors je me suis dit qu’il fallait que je gagne ma vie ; et en étant en Haute-Savoie j’ai décidé de descendre en plaine, côté Suisse. Donc à tous les deux on gagnait vraiment bien notre vie… Par contre, c’était du 45 heures et plus, beaucoup de temps passé, beaucoup de travail… Quand le deuxième est né, trois ans après, je me suis rendu compte que je n’avais pas vu le premier grandir ! C’est une vie dure : certes, tu gagnes très bien ta vie, mais même avec quatre semaines de vacances, tu ne peux pas rattraper tout ce temps perdu…
Sophie : Alors on a décidé de réapprendre à vivre avec moins. Ça n’a pas a été évident !
Un autre rapport à l’argent et au temps
Yoann : Surtout qu’on avait pris des habitudes, on avait une relation faussée avec l’argent : à force d’avoir – peut-être pas énormément d’argent, mais d’être très confortable, on a développé des raisonnements biaisés. On rachetait quand quelque chose était cassé…
Sophie : Par manque de temps aussi, alors que quand on a plus de temps on peut se mettre à réparer, et on réapprend qu’un sou est un sou ! En fait, on réapprend la vraie valeur des choses.
Yoann : C’est grâce à nos enfants qu’on a commencé à consommer plus sainement, pour leur donner à manger correctement et, de fil en aiguille, on est rentrés dans ce chemin-là.
Sophie : Ça a été une prise de conscience.
Yoann : On a rencontré la permaculture, les maisons autonomes, et on s’est dit qu’on allait prendre ce parti-là, et qu’on allait arrêter de travailler comme des forcenés.
Sophie : Qu’on allait se donner les moyens d’un vrai changement dans nos vies, en retournant aux vraies valeurs et en réaccordant sa vraie valeur au temps. L’aventure commence là ! Avec une maison en auto-construction.
Yoann : En auto-construction complète ! Et avec ce petit lopin de terre qui nous permet de faire nos essais, et aussi de nous tromper…
Sophie : Et de persévérer !
Une maison auto-construite, bioclimatique, inspirée des Earthships
Yoann : Je pense qu’on essaye de vivre comme nos ancêtres, il y a deux générations, et que les gens faisaient eux-mêmes leurs petits jardins, leurs petits élevages…. Simplement. Donc oui, on s’est basés sur ces maisons earthship (maisons écologiques et autonomes).
Dans les grandes lignes, l’idée est vraiment de créer un cocon, une maison qui est comme une seconde peau, qui nous protège et nous apporte beaucoup. Elle est travaillée de manière à nous apporter de la chaleur en hiver, de la fraîcheur en été, ce en diminuant les consommations énergétiques.
Je vous invite à entrer à l’intérieur !
On arrive d’abord dans la pièce principale ; là c’est l’entrée, le salon, la salle à manger, la cuisine… tout est là. Puis, comme notre maison est étroite, tout part dans la direction de ce couloir qui dessert les autres pièces de la maison, sur la face sud.
Avec les baies vitrées et l’apport solaire, on n’a pas besoin d’allumer la lumière en journée, jusqu’à ce que le soleil se couche. C’est aussi une économie : pas grand-chose peut-être, mais déjà, juste ça en soi c’est parfait !
Utiliser surtout des matériaux de récupération…
On est beaucoup dans la récupération de matériaux : par exemple, c’est le bois des plafonds qu’on a récupéré pour faire la cabane dans la chambre du petit. Les luminaires sont faits maisons aussi : ici ce sont des planches avec les spots qu’on a achetés. On a tout fabriqué nous-mêmes, la maison en entier, en essayant de travailler au maximum sur la récupération. La baignoire aussi c’est de la récupération elle était tordue, on a dû la dévoiler, la repeindre…
Le principe de la permaculture, je pense que c’est un peu ça aussi finalement : des gens un peu manuels qui se rendent compte qu’ils peuvent faire les trucs tout seul. Je pense que ça va faire engrenage.
Un design adapté aux besoins et objectifs de la famille pour leur micro ferme en permaculture
On a construit cette maison en un an et demi. En parallèle, on commençait à réfléchir sur le design de l’exploitation, qu’on voulait faire en permaculture : comment positionner nos cultures pour que ce soit pratique pour nous.
On a voulu développer aussi le côté ludique, pour que ça intéresse les enfants. L’un des intérêts de tout ça, c’est aussi de leur apprendre que c’est possible, et peut-être aussi de donner envie à d’autres personnes de le faire, de la même façon que d’autres nous ont donné envie de nous lancer là-dedans. De démontrer que c’est faisable, c’est possible, tout simplement… Cette espèce d’élan qui nous a été donné, on aimerait pouvoir le donner à d’autres.
Le rôle éducatif des animaux sur la micro ferme en permaculture
L’objectif dès le départ a été de créer une micro ferme. On n’en est pas encore là, on ne sait pas encore si on pourra vivre de notre production. Mais déjà le côté ludique de la ferme est là, et les enfants apprennent : que les légumes, ça pousse, qu’il faut les entretenir, qu’il faut prendre soin des animaux, qu’il faut de la présence, par exemple pendant les naissances… Voilà, l’objectif, c’est une micro ferme : on l’a donc appelée « la ferme Carrassonne » – c’est comme ça ici qu’ils appellent les piquets de palissage des vignes. C’est la première chose qu’on a plantée en arrivant sur le terrain : des carrassonnes pour faire les clôtures de nos deux hectares.
On a choisi de mettre les animaux à cet endroit du terrain, simplement parce que quand on est arrivés c’était le seul arbre qu’il y avait, pour les mettra à l’abri des intempéries. Là on a un coin qui est 100% récupération, il n’y a pas un truc qui ait été acheté, même pas les animaux : on nous les a donnés, ce sont des gens voulaient s’en séparer. Ce sont nos petits pensionnaires !
On n’a pas de problème de cohabitation du tout, et d’ailleurs les poules ne respectent pas toujours les clôtures.
Les animaux les a pris plus pour le côté ludique. On n’en a pas l’utilité. Ce sont des chèvres naines, donc on ne les trait pas, c’est trop compliqué et il n’y a pas grand-chose à récupérer. Les poules, c’est pour les œufs et pour recycler nos déchets. C’est que pour notre production… On mange beaucoup de gâteaux !
Cette partie ici fait office de pâturages tournants : on laisse pousser la végétation pour faire de la réserve pour les chèvres. Et puis la partie du fond, on la laisse libre pour favoriser l’apparition des auxiliaires, des plantes, de la biodiversité, qu’elle s’épanouisse… Il faut de la place pour tout !
Le zoning et la gestion de l’eau, des étapes clés du design de permaculture
On a pensé le design de permaculture dans un sens pratique : les cultures qui nécessitent beaucoup d’entretien, plus proches de la maison, les animaux sont certes un peu plus éloignés mais leur cabane est au plus près pour rendre les soins plus rapides.
On est en train de creuser un puits : une sourcière est passée, elle nous a indiqué qu’à cet endroit, à 5 mètres de profondeur, on avait dans les 3000 litres d’eau par heure. On a acheté une tarière, et on arrive tranquillement au bout, et l’eau vient : on est contents !
En parallèle de ça, on a commencé à creuser un étang. On a déjà entre 50 et 70 centimètres de flotte. On a creusé l’étang là-bas car c’est le point bas du terrain… On espère que l’eau que l’on consomme va finir dans l’étang.
Une serre dédiée aux semis et une serre « ratatouille » de récup’
On arrive dans la nurserie, la pouponnière. Ce sont les bébés plants. Comme on est début mai, les Saints de Glace sont en train de passer, donc on attend encore un peu et après on va planter : les tomates, les poivrons, les aubergines, les melons, les piments, les concombres, les courgettes, les butternuts, les courges rampantes et les potimarrons. Voilà !
Voilà une serre qu’on a récupérée : du plastique de recyclage chez un maraîcher qui le jetait. On est toujours dans la même dynamique de récupération. La serre fait 8 mètres de large par 25 mètres de long. C’est un outil qui va nous permettre d’allonger les cultures dans le temps. On l’appelle la « serre ratatouille » : elle servira pour les courgettes, les aubergines, les poivrons, les tomates, et des melons, pourquoi pas !
Une micro ferme pour se rapprocher de la nature et avoir plus de temps en famille
Le projet était aussi de se rapprocher de la nature : cultiver nos légumes, notre nourriture. On a la chance d’avoir ce grand champ de deux hectares à côté de la maison. Après plusieurs essais pour trouver quelles cultures étaient efficaces sur ce terrain-là et avec notre façon de cultiver, on a décidé de construire ce mandala. C’est un jardin qui est rond, avec des bacs de culture dans lesquels on travaille en lasagnes. On a de bonnes espérances pour ce petit jardin-là ! Et il est joli, quand c’est joli je me dis qu’on a plus envie de d’y passer du temps ; c’est vrai qu’il n’est même pas encore fini qu’on se sent bien déjà dedans !
Tout l’intérêt c’est de ne pas faire beaucoup d’investissements : on travaille beaucoup avec l’existant, avec de la récupération…
Sophie : On fait fonctionner notre matière grise avant la carte bleue !
Yoann : Et de ne pas avoir de pression financière, d’obligation de rendement nous permet d’être plus libres : si ça ne tourne pas, c’est comme ça ! On n’a pas de gros investissements à rentabiliser.
Sophie : La priorité, c’est la famille ! Et le temps.
L’observation du terrain pour un bon développement de la micro ferme
Yoann : Pendant ces deux ans, on a constaté comment ça poussait. Il y a des endroits où ça pousse plus gras, d’autres où ça pousse différemment, il y a aussi des plantes qui nous donnent des indices sur la matière du sol. On s’est rendus compte de la profondeur, des endroits où on avait de l’eau, à quelle période… On s’est rendu compte aussi que l’eau qui filait sur le terrain embarquait les nutriments. Par exemple, on a le compost, et on a vu que derrière ça pousse bien gras ; donc on l’exploite ! On a placé à côté du mandala le tas de fumier et le tas de compost, pour que les nutriments partent dans le mandala.
L’apprentissage de la permaculture avec l’aide de PermacultureDesign
Yoann : Permaculture Design, j’en avais fait une première approche, mais ça remonte ! Au début j’avais pensé : « Tiens, c’est sympa ce qu’ils font ! » Et en arrivant ici, je me suis repenché dessus et j’étais content de voir que ça existait toujours. Du coup, j’avais suivi votre formation en ligne, et j’étais venu aussi au chantier participatif à Lormont. C’était vraiment instructif, avec de super rencontres : c’était génial !
Dans la formation de Permaculture Design, il y avait le paragraphe « choisir son support de culture » et c’est vrai qu’on a fait plein d’essais par rapport à ça. Parce qu’en permaculture… Au début, nous, on a fait comme tout le monde : on s’est jetés sur les pelles, on a fait des buttes, parce qu’on avait une expérience passée. Finalement on s’est rendus compte que ce n’était pas adapté au terrain, c’était un peu productif, mais pas satisfaisant.
On a retravaillé avec les apports de Permaculture Design et on a fait nos cultures un peu en hauteur en travaillant en lasagnes. On a mixé ça avec des effets de bordures, en les maximisant dans le mandala. Et on s’est basés sur les supports de Permaculture Design aussi pour étudier la course de l’eau sur le terrain.
Tout ça, en réalité, c’est juste du bon sens ! Mais on ne peut pas le deviner. Il y a des gens qui ont fait ce travail en amont et qui sont là pour le redistribuer ; il faut juste piquer les informations et les réadapter à son terrain. Et donc on dit merci à Permaculture Design !
Sophie : Notre sensibilité, dans cette expérience, je pense qu’elle nous a portés. Et ceux qui sont derrière l’écran et qui se disent « Ouah, c’est sympa ce qu’ils ont fait ! » : Il faut qu’ils sachent que nous, on était pareils ! Et à des moments on n’arrive même pas à réaliser qu’on est en train de le faire !
Yoann : Foncez ! C’est valorisant, et c’est ça la vraie vie ! La permaculture, ça ne s’arrête pas au râteau et à la pelle : c’est une philosophie complète, ça passe par le bâtiment, par la culture, par la gestion de son temps…. C’est très complet !
Sophie : La nature, les câlins aux arbres ! Marcher pieds nus… C’est complet oui. Il faut y aller.
Envie de changer de vie avec la permaculture ?
Le design de permaculture est une véritable boite à outils qui permet de concevoir vos projets en permaculture de manière efficace et en accord avec vos besoins et contextes propres.
Si vous envisagez une reconversion ou un changement de vie, faire le design de votre projet sera une étape essentielle pour avancer sereinement et sûrement !
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Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Bonjour,
très intéressant.
Néanmoins on ne comprend pas de quoi ces gens vivent, passer 2 ans à construire sa maison pourquoi pas mais il faut bien manger pendant ce temps là.
Peut-être que Pole Emploi est derrière tout ça ?
Et même construite seule une maison coûte cher d’autant que là elle paraît vraiment grande.
Ensuite je n’ai pas compris quel était le projet, produire des légumes et en vivre ?
Moi je suis à Nice, les légumes on peut en produire en extérieur de fin juin à mi-octobre, ça laisse beaucoup de temps où on ne produit pas.
Merci de compléments éventuels pour bien comprendre.
Cordialement.