La mésange charbonnière est un oiseau peu farouche qui s’accommode bien de la présence de l’homme. On l’observe ainsi fréquemment dans nos jardins à condition d’y prendre garde.
Comme vous allez le voir dans cet article, les mésanges peuvent être de vraies alliées pour votre jardin en permaculture.
Les mésanges sont des oiseaux opportunistes
La mésange est opportuniste, et sait profiter de nos habitudes de vie.
Une simple boite aux lettres pour nicher fera office de cavité naturelle dont manquent cruellement les espèces cavicoles dans nos jardins trop « propres ».
Des graines de tournesol, mais aussi aux bouteilles de lait livrées sur le pas de porte en Angleterre feront office de complément alimentaire l’hiver pour tenir le coup.
Concernant les bouteilles de lait, les mésanges ont vite compris qu’il était préférable de percer la capsule d’alu rouge contenant le lait entier que la bleue contenant le lait demi-écrémé.
La crème, flottant à la surface du lait, étant plus abondante dans le premier cas que dans le second. Pas folle la guêpe ! 😉
Comment reconnaitre les mésanges charbonnières ?
La mésange charbonnière est la plus grande de nos mésanges.
15 cm de l’extrémité du bec à celui de la queue, pour une envergure de 25 cm et un poids plume de 15 à 20 gr.
Sa tête est noire avec de belles joues blanches.
Son dos est verdâtre, ses ailes sont gris-bleutées barrés d’une bande alaire blanche.
Le ventre est entièrement jaune, coupé en 2 par son milieu de la tête à la queue par une barre noire très marquée chez le mâle, plus irrégulière chez la femelle.
Ses yeux noirs se fondent avec le plumage de la tête.
Le bec noir également droit, court et puissant est utilisé pour percer les coques des graines dont est friand l’oiseau et (mais aussi pour) parfaire la cavité naturelle où sera logé le nid.
Ses pattes sont gris-bleues dotées de longues griffes faisant de cet oiseau arboricole un véritable acrobate, au grand dam des chenilles qui ne savent plus où se cacher.
Ses ailes sont courtes, caractéristiques des espèces forestières, milieu dans lequel il faut savoir se faufiler à travers le branchage des arbres sans endommager la carlingue…
Les mésanges charbonnière au fil des saisons
L’hiver, la mésange charbonnière devient une espèce grégaire
En hiver, elle n’hésite pas à vivre en groupe, mélangée avec ses cousines les mésanges bleues, nonnettes et huppées.
Ce comportement permet d’augmenter l’efficacité dans la recherche de nourriture et de mieux éviter les prédateurs.
En effet, à chaque instant, il y a forcément une mésange, le bec en l’air, sonnant l’alarme lorsqu’un danger potentiel s’approche, avertissant ses congénères qui, bien trop occupées à ouvrir cette satanée graine de tournesol, n’avaient rien vu venir…
Ainsi, l’hiver venu, la mésange charbonnière préfère changer de régime alimentaire que de région : on la dit sédentaire même si les déplacements existent.
Ces déplacements sont peu marqués et uniquement liés au manque de nourriture, en particulier en altitude, où les oiseaux auront tendance à descendre dans les vallées au climat plus doux.
La mésange charbonnière fréquente la mangeoire avec assiduité.
Février commence la recherche du futur nid
Même si elle fréquente toujours la mangeoire, la mésange charbonnière commence à visiter les cavités alentour à la recherche d’un emplacement idéal pour y installer son nid.
Crise immobilière oblige, tous les endroits les plus insolites sont visités : arbres naturellement creux, mais aussi boites aux lettres, fissures de mur, vieux barbecues sous l’appentis…, nichoirs, et parfois même, poteaux « PTT » creux en acier galvanisé le long de la route.
Véritables pièges, ces poteaux, aussi profonds qu’étroits, se transforment alors en cimetière à mésanges et autres oiseaux cavicoles, les oiseaux ne pouvant s’en extirper.
La construction du nid
Lorsque le couple a fait son choix, chacun sa tâche.
La femelle construit le nid tandis que le mâle lui apporte le casse-croûte et défend le territoire.
Toute mésange charbonnière osant franchir la frontière sera refoulée manu militari.
Les autres espèces seront tolérées.
Ce comportement n’est pas dû à un besoin du mâle d’en découdre avec ses congénères, ou de marquer sa supériorité.
C’est juste qu’il va bientôt falloir satisfaire l’appétit glouton d’une dizaine de rejetons et que le territoire défendu est en fait le garde-manger de la famille.
D’ailleurs, la taille du territoire chez les oiseaux est souvent corrélée à l’abondance de nourriture.
Pendant ce temps, la femelle prépare donc le nid.
Il est essentiellement composé de mousse sur l’extérieur, doublé d’une couche de poils et de plumes au niveau de la coupe qui accueillera les œufs puis les petits.
Ponte et élevage des jeunes mésanges
L’œuvre terminée, madame va pondre entre 5 et 12 œufs, qu’elle va couver pendant 14 jours.
Les jeunes seront nourris pendant 21 jours au nid, puis quasi autant après être sortis du nid et avant d’être autonomes.
Malgré l’été qui arrive, propice au farniente, les mésanges ne chôment pas et remettent le couvert avec une 2e, voire une 3e couvée.
Ainsi, les nichoirs peuvent être occupés jusqu’à la fin de l’été, raison pour laquelle on attendra le début de l’automne pour les nettoyer et ne déranger personne.
Un régime alimentaire de rêve pour le jardin en permaculture
Le régime alimentaire de la mésange charbonnière, à cette période de l’année, est exclusivement insectivore, avec un petit faible pour les chenilles.
La reproduction des mésanges voit coïncider la naissance des jeunes oisillons avec l’explosion du développement des chenilles dans le milieu.
Si les mésanges sont distraites par des graines de tournesol encore fournies à la mangeoire à cette époque, elles risquent de rater le coche pour le plus grand plaisir des chenilles mais au grand dam de votre potager et de votre verger, vous êtes prévenus !
La mésange mange 900 chenilles par jour
Les mésanges ne stockant pas de nourriture dans leur jabot, les va-et-vient au nid sont incessants.
Lorsque le nourrissage des jeunes bat son plein, c’est plus de 900 aller-retour par jour, c’est-à-dire 900 chenilles en moins dans le verger.
Rappelons que toutes les plantes du jardin sont passées au crible par la mésange charbonnière.
En effet, avec ses grandes griffes d’oiseau arboricole, elle ausculte efficacement la totalité des végétaux du jardin, du chou frisé au pommier, du dessous des branches aux bourgeons terminaux.
Elle aime aussi les tenthrèdes
Les tenthrèdes, font aussi partie des victimes… ce sont des sortes de guêpes dont les larves sont végétariennes et vont entièrement défolier la plante-hôte sur laquelle elles se développent.
À chaque plante, sa tenthrède : tenthrède de la pivoine, du framboisier, de la rave, du cerisier, de la menthe, des rosiers, du noyer, du pêcher, j’en passe, des vertes et des plus voraces.
Le point faible de ces insatiables, c’est que les larves ressemblent, comme deux gouttes d’eau, aux chenilles des lépidoptères, dont les mésanges raffolent…
Un salaire bien mérité
Cela vaut bien quelques prélèvements à l’automne, où les mésanges ne rechignent pas à goûter aux pommes, raisins et autres baies juteuses qu’elles ont sauvés, en partie, d’une mort certaine.
Pour aller plus loin sur les mésanges
Nous conseillons l’excellent ouvrage aux éditions Delachaux :
👉 Les Mésanges. Description, répartition, habitat, moeurs, observation.
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Sébastien Lazzaroni
Naturaliste de terrain depuis l'enfance, Sébastien Lazzaroni est un amoureux de la faune et de la flore sauvage. Il explore, observe, recense et préserve la nature sauvage grâce à la confection et la pose de nichoirs et d’aménagements divers. Ancien professeur de biologie, il partage, avec pédagogie, son expérience au travers de conférences déambulées pour comprendre, d’ateliers bricolage pour agir, d’articles hebdomadaires dédiés sur son blog colocaterre, et sa page Facebook colocaterre. Il conseille également les particuliers et les professionnels dans la mise en place de stratégies pour accueillir la biodiversité et en faire une alliée du jardin, du potager, des cultures, des vergers et de la douceur de vivre.
Merci pour cet article très intéressant. Quel plaisir, l’hiver de regarder le balai quasi-incessant de ces mésanges et autres oiseaux venir s’approvisionner en graines.
Au printemps dernier, 7 petites mésanges ont grandi sous la cloche d’une ancienne pompe à eau, dans notre cour. Un régal de les entendre et les voir prendre leur envol, toutes en même temps. Il a fallu leur ouvrir la cloche… et tenir le chat à l’écart quelques instants !