Le mois de septembre approche, et sonne pour de nombreux jardiniers la fin des semis.
Ou le début de la récolte des graines de vos légumes… deux bonnes raisons pour collecter, stocker, étiqueter vos graines préférées! 🙂
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Bien sûr, nos jardins sont encore très densément plantés et les récoltes y sont encore abondantes, mais nos végétaux sont sur le déclin.
L’oïdium commence à envahir nos courges, les pieds de tomates nous offrent leurs derniers fruits… les planches potagères vont progressivement être libérées et le jardinier commence à les préparer à passer l’hiver.
Du paillage y est installé, des engrais verts parfois semés.
Pourtant, réussir à allonger la saison de culture est un enjeu fort pour le jardinier désireux de tendre vers une plus grande autonomie.
La productivité du potager sera fortement améliorée si celui-ci est planté de janvier à décembre ! Mais vouloir cultiver au cœur de l’hiver demande d’apprivoiser certaines techniques et d’être efficace dans la planification de son année jardinière.
Etre accompagné pas à pas, mois par mois, pendant 3 ans est exactement ce que nous vous proposons dans notre potager Perma +. De quoi préparer l’hiver sereinement ! 🙂
Maîtriser la culture des légumes d’hiver au potager : des avantages certains
Avant toute chose, commençons par un brin de sémantique.
Quand j’évoque dans cet article les « légumes d’hiver », je ne parle pas des légumes semés au printemps ou en été, qui se développent à la belle saison et que vous récoltez dans le courant de l’hiver, comme cela serait le cas pour les poireaux, les choux de Bruxelles, les betteraves et carottes de conservation ou les panais.
Je parle ici des légumes que l’on sème en fin d’été ou en automne, qui vont passer l’hiver au jardin pour être récoltés au printemps suivant, durant la période dite « de soudure ».
Cette période, qui s’étend globalement de mars à juin, signe la fin des légumes de conservation que nous avons consommés tout l’hiver (courges, légumes racines…) alors que les légumes primeurs ne sont pas encore récoltés (pois, fèves, carottes primeurs…).
Travailler à la culture des légumes d’hiver offre donc entre autres avantages de :
- Produire durant la période de soudure
- Profiter de la saison hivernale, généralement bien arrosée, pour y cultiver des légumes exigeants en eau (les choux par exemple), réduisant le besoin d’arrosage estival.
- Optimiser la captation de l’énergie solaire.
- Profiter d’une période où le potager est moins dense pour y cultiver des légumes de grande taille (choux, fèves…).
- Ne pas laisser le sol à nu, la culture d’hiver remplissant alors les rôles de l’engrais vert : protection du sol, fragmentation de celui-ci, enrichissement grâce aux réseaux racinaires, rétention des éléments nutritifs…
Pour autant, la lecture de ces avantages ne doit pas vous faire sauter sur votre boite à graines au risque de faire face à de cuisants échecs.
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L’automne/hiver au potager : une période délicate pour les cultures
Deux paramètres principaux viennent compliquer la réalisation de cultures arrivant à maturité durant la période de soudure : la faible luminosité et des températures parfois très basses.
La luminosité décroit fortement à partir du mois de septembre, pour passer sous la barre des 10 heures d’ensoleillement par jour dans le courant du mois d’octobre.
Cette diminution de la durée du jour limite le processus de photosynthèse et freine considérablement la croissance des légumes.
Eliot Coleman, un maraicher québécois spécialiste des cultures d’hiver (et dont je me suis beaucoup inspiré) estime que sous la barre des 10 heures d’ensoleillement par jour, les végétaux entrent dans une phase où ils végètent.
À Rouen, nous passons sous cette barre le 28 octobre pour franchir à nouveau le seuil le 15 février de l’année suivante (vous trouverez facilement sur Internet des tables vous délivrant les informations du calendrier solaire en fonction de votre lieu d’habitation).
Durant près de 4 mois, les légumes installés au jardin sont donc dans un état végétatif, attendant une luminosité accrue et des températures supérieures pour reprendre leur croissance.
Quant à la température, alors qu’elle est en moyenne de 18 °C au mois de juillet à Rouen, elle n’est que de 3,8 °C au mois de janvier.
Cette chute des températures freine la croissance végétale et limite la minéralisation de la matière organique, c’est-à-dire la possibilité pour vos cultures d’accéder à la fertilité dont ils ont besoin.
Enfin, la période hivernale, froide, humide et aux jours raccourcis, n’encourage pas les activités de jardinage.
Petit aparté mais c’est également la bonne saison pour implanter des nichoirs afin qu’ils soient prêts à être visités dès la fin de l’hiver. Alors on s’y met et on fabrique des nichoirs adaptés! 🙂
Le petit mémo sur les trous d’envol des nichoirs
Quelles tailles pour les trous de vos nichoirs ?
Cette fiche gratuite réalisée avec Gilles Leblais, spécialiste de la vie sauvage vous indiquera quelles tailles choisir pour quelles espèces.
En résulte une moindre surveillance des cultures, facilitant l’installation des maladies et ravageurs au potager.
Mais alors, comment prendre en compte ces limites et réussir l’implantation des légumes d’hiver ?
Réussir ses cultures d’hiver avec un bon calendrier de plantations au potager
Pour survivre à l’hiver et donner des récoltes au début du printemps suivant, les plants doivent avoir atteint une taille minimale avant que la durée quotidienne d’ensoleillement passe sous le seuil des 10 heures.
Repiquées trop tôt, les plantules se développent fortement avant les premiers froids et sont alors moins résistantes au gel (plus les plantes sont jeunes et mieux elles résistent au froid).
Trop tard, les graines ont à peine le temps de germer avant l’hiver et vous ne récolterez les légumes primeurs que tardivement au printemps suivant.
C’est donc généralement dès la fin d’été et le début d’automne que les semis doivent être planifiés.
Prenez par ailleurs en compte qu’à cette période de l’année, les températures baissent, allongeant fortement les temps de levée et de croissance de vos plantules.
Or, à cette période, le potager est souvent très densément planté !
Pour pallier cette difficulté, il vous faudra jouer sur plusieurs tableaux :
- Réaliser vos semis de légumes d’hiver en contenants pour laisser le temps aux légumes d’été de terminer leur cycle avant que les légumes d’hiver soient repiqués.
- Démarrer précocement les cultures d’été (ce qui implique des semis précoces au printemps) pour être en mesure de les récolter et de libérer des planches de culture avant la mi-septembre.
- Pratiquer le chevauchement des cultures : la culture qui s’apprête à passer l’hiver au jardin est alors repiquée au milieu de la culture estivale qui termine son cycle de production.
C’est en jonglant avec ces trois techniques que vous réussirez à implanter à temps les légumes qui passeront l’hiver au potager pour vous offrir leurs productions au printemps suivant.
Attention toutefois, tous les légumes ne supportent pas les conditions hivernales. La palette des légumes que vous pouvez envisager de semer en fin d’été ou à l’automne est fortement réduite par rapport à la diversité de nos légumes d’été.
Quelques exemples de légumes d’hiver au potager en permaculture
Les quelques éléments de temporalité que je vous livre ci-dessous sont naturellement adaptés à mon contexte climatique (Normandie).
Il vous faudra faire vos propres essais pour, année après année, déterminer les dates optimales de semis-repiquage de vos légumes d’hiver.
Les verdures asiatiques :
Moutarde douce ‘Wild Garden’, moutarde japonaise ‘Mizuna Purple’, moutarde japonaise ‘Tokyo Bekana’, ‘Pak Choy nain’ (ou de Shanghai), moutarde japonaise ‘Yakina Savoy’… les verdures asiatiques sont des légumes feuilles de la famille des brassicacées.
J’adore les consommer crues, en salade. Leur récolte s’effectue généralement feuille à feuille, au fur et à mesure des besoins, en coupant les tiges à leur base.
Elles peuvent être semées toute l’année, mais c’est en hiver qu’elles présentent le plus grand intérêt en raison de leur croissance rapide et de leur bonne résistance au froid.
Elles supporteront aisément des températures de -3 °C en extérieur, voire moins si elles sont protégées par un tunnel ou un simple voile de protection.
Pour la culture hivernale, je sème les verdures en plaques de culture de fin septembre à mi-octobre et je les repique 3 semaines plus tard (25 cm en tous sens).
Elles me régalent dès le mois de janvier si l’hiver est clément, mars ou avril en conditions plus rigoureuses.
Le chou cabus :
Ce chou, particulièrement résistant au froid, est très adapté pour passer l’hiver au jardin.
Semés en contenants en première quinzaine de septembre, repiqués au jardin 1 mois plus tard, les choux cabus n’auront pas le temps de se développer fortement avant l’hiver.
Ils ne devraient pas dépasser les 20 ou 30 cm au cœur de l’hiver.
Surveillez-les donc bien contre les limaces et les chenilles de noctuelles !
Puis sa croissance explose à partir du mois d’avril et les pommes se densifient alors rapidement. Je récolte chez moi les variétés ‘Précoce de Louviers’, ‘Cœur de bœuf des Vertus’ et ‘Acre d’or’ aux alentours de la fin mai.
Les carottes :
Ne vous privez pas des semis tardifs de carottes, permettant une récolte dès le début du mois de mai de l’année suivante.
Ainsi, je sème chaque année des carottes précoces (’Marché de Paris’, ‘Nantaise à forcer’…) en première quinzaine d’octobre.
Un semis plus précoce risque de donner des racines moins résistantes et susceptibles de monter en graines au printemps.
Cette temporalité permet par ailleurs d’éviter le vol de la mouche de la carotte, parfois problématique dans certaines régions.
Autres légumes d’hiver à essayer :
Au-delà de ces trois légumes, vous pouvez également tenter, entre les mois de septembre et de novembre, des semis de fève, betteraves, coriandre, blettes…
De quoi vous régaler au printemps prochain !
Joseph Chauffrey
Pour les personnes expérimentées qui veulent aller plus loin sur l’optimisation de l’espace dans leur potager
Le deuxième livre de Joseph Chauffrey, (voir références ci-dessous) s’adresse aux personnes ayant déjà une bonne expérience au potager.
Il se consacre à l’optimisation de l’espace tout au long de l’année pour produire plus sur moins d’espace.
Pour en savoir plus sur cet ouvrage édité chez Terre vivante, découvrez notre revue sur ce livre J’optimise l’espace de mon potager ici.
J’optimise l’espace au potager
Vers une meilleure productivité et plus de diversité
Joseph Chauffrey
Éditions Terre Vivante – 2020.
14 €
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Merci de prendre le temps de partager toutes ces infos!
Cher Monsieur Jauffrey , merci de faire paraitre ces petits clins d » oeil pour nous intéresser a la permaculture .
Par la même , je vous demande si vous vous déplacez pour faire des conférences
notre associaton se trouve dans les Alpes de haute Provence no 0642679882 Merci pour la réponse
Merci pour ces précieux conseils .J’ai un petit potager permaculture que mes petits-enfants ont planté en Ontario depuis quelques années et il me donne de beaux légumes .Cette année, il a plu beaucoup et les tomates jaunes ont des taches brunes, c’est la première fois que je vois ça.
Bonjour,
Très intéressant merci, je regarderai tout ça au microscope pour savoir quoi planter dans mon potager.
Bonne journée
Bonjour,
très intéressant. Malheureusement, peu applicable au Québec :'(
Je crois que vous vous méprenez sur la citoyenneté d’Eliot Coleman. Il est américain (états-unien) et non Québécois.
Merci Joseph pour ces précisions éclairantes ! Je trouve aussi que les semis d’automne apportent de grandes satisfactions et ce sans se stresser avec l’arrosage … Je vais tester les moutardes dans la serre. Bon semis à tous !