Retrouvez ci-dessous le témoignage de Bertrand, Cultivateur de Vie comme il se qualifie lui-même, et son père Daniel, ancien infirmier à la retraite et membre des formations PermacultureDesign.
Tous deux vivent aujourd’hui ensemble dans la maison familiale avec l’objectif de manger sainement pour être en bonne santé et d’être les plus autonomes possibles au niveau alimentaire grâce à leur jardin en permaculture vivant, sans aucun traitement chimique, et biodiversifié pour plus de résilience.
Cette vidéo a été tournée pendant l’été 2019, donc avant la crise du Covid-19 qui confère aujourd’hui encore plus de sens aux propos de Daniel et Bertrand.
Augmenter son autonomie alimentaire avec le jardin en permaculture
Bertrand : On ne sait pas ce qui peut se passer demain, et il y a aussi le plaisir de savoir qu’on peut partager un légume avec son cousin si demain il n’y a plus rien dans les supermarchés…
Sans vouloir être alarmiste bien sûr, mais je pense que c’est une nécessité de l’humain d’être capable de savoir s’il va passer l’hiver.
C’était même la base de la survie humaine à l’époque.
Donc aujourd’hui, on tend à nouveau vers ça en ayant cette petite sécurité du passé du matériel, et en même temps des petits plaisirs liés à la culture.
On essaye de trouver un équilibre là-dedans, c’est très agréable, et le jardin nous aide à nous sentir mieux physiquement et nous apprends aussi comment marche la nature, ce qu’on a en partie oublié.
Daniel : Nous sommes sur la commune de Muret, à 25 km de Toulouse, sur les coteaux de la Garonne.
La Garonne est à 200 mètres à vol d’oiseau, en limite de bois et au vert. Je suis un ancien infirmier libéral et j’ai travaillé pendant 42 ans.
Je suis à la retraite depuis deux ans. J’ai suivi les cours de PermacultureDesign par internet pour commencer à faire un potager.
J’ai commencé par un potager 3P, qui a donné des résultats dès la première année.
Ces résultats m’ont encouragé à continuer, alors j’ai composé des guildes : guilde du cerisier, guilde du pêcher…
Mon voisin a des ruches, du coup j’ai planté une haie mellifère.
J’ai profité de ces plantes mellifères pour refaire un potager à côté avec des fraisiers, des variétés au ras du sol, en travaillant en buttes de permaculture et en culture en lasagnes avec du bois, du BRF, de la paille…
J’ai 62 ans, j’ai un peu mal au dos, donc on rehausse un peu le terrain et c’est plus facile ainsi.
Ici, j’avais planté 100 pieds de fraises, l’année suivante j’ai fait une butte supplémentaire pour les 100 pieds de fraises supplémentaires, ce qui veut dire que ça marche bien !
L’année suivante, j’ai vu les exemples de potagers mandala sur internet.
J’ai profité de la déclivité du sol pour former un mandala et j’en ai profité pour faire des baissières, parce qu’on a de grandes quantités d’eau qui arrivent, et ça permet de drainer l’eau et de la diffuser plus facilement.
Une alimentation saine pour être en bonne santé et vivre mieux, plus simplement avec moins de pression financière !
Bertrand : J’ai eu un fils il y a deux ans.
On a fait le choix, avec ma copine, de changer de vie : on était en ville dans un petit appartement, on ne se sentait pas de faire grandir notre enfant dans ces conditions.
On a tout plaqué ! On est d’abord partis chez nos beaux-parents, de l’autre côté de Toulouse.
Puis on est venus s’installer ici progressivement. Et voilà ! J’ai rejoint mon père sur la passion du jardin !
Cela nous permet de nous retrouver sur une passion commune.
Je lui donne la main pour tout ce qui est physique, creuser les bassins, mettre en place l’aménagement…
Lui, il fait ses choix pour les plantes, et on va se mettre d’accord pour la suite, pour faire des choses un peu plus productives les années suivantes.
C’est aussi un vrai plaisir de partager, de prendre du temps en famille, et en même temps d’apprendre des choses et bien sûr de produire une alimentation de qualité, saine pour les enfants, la famille, les proches…
L’objectif c’est d’atteindre une autonomie alimentaire.
On fait encore des courses : on a des paniers avec des associations locales, mais ça représente un budget énorme et il faut dire que la qualité n’est pas toujours au rendez-vous…
Alors que quand il s’agit de son propre jardin, on a le plaisir à la fois de faire, de récolter, de manger ; et derrière ces plaisirs, celui d’être en bonne santé.
Ça se ressent vraiment dans nos quotidiens.
Daniel : En tant qu’infirmier, j’ai côtoyé énormément d’agriculteurs qui étaient malades.
J’ai été très sensibilisé au phytosanitaire et aux produits chimiques.
Je ne mets donc ni bouillie bordelaise, ni aucun produit chimique dans le jardin.
Bertrand : Je pense que cette quête de santé a été la première prise de conscience qui nous a amenés vers le jardin.
L’envie de consommer de façon plus raisonnée et, surtout, la quête d’une meilleure qualité de vie.
Investir dans un filtre à eau, manger plus de légumes, manger de la viande seulement de temps en temps…
On fait des choix et ça fait du bien au budget aussi !
Avec ma petite famille, ça a été par obligation aussi, parce qu’on a été dans des difficultés financières qui nous ont poussés à faire certains choix.
On a appris à vivre plus simplement et aujourd’hui, le moindre euro est valorisé.
C’est très gratifiant puisqu’on sait que l’on n’a plus besoin de courir après l’argent : on a juste à combler certains postes.
Je suis persuadé qu’on peut vivre à 4 avec 5000 m2 de terrain de manière confortable.
On ne pourra peut-être pas acheter beaucoup de choses, mais on aura une qualité de vie suffisante et on sera plus autonomes.
Se reconnecter à la nature, redécouvrir son fonctionnement et son abondance !
Daniel : On en apprend tous les jours.
Par exemple, les limaces ont mangé les premières plantes ici.
Sauf que la plante a lutté, et aujourd’hui j’ai des poivrons, des aubergines… Alors qu’elles avaient été attaquées par les limaces !
Mais les limaces ont une durée de vie et il faut être patient : j’ai décidé de ne rien faire et de voir, et voilà, les plantes ont survécu !
Bertrand : Ce n’est pas une découverte, finalement.
Quand je vois la génération de mon père, qui a vu des vaches à Toulouse en plein centre-ville, donc avec une population qui était issue du monde nature agricole !
Presque tout le monde avait son petit potager, qui était forcément bio – c’était du bon sens !
Et notre génération est différente, avec les supermarchés, les tomates en hiver…
On était vraiment déconnectés de tout ça.
Les deux générations se rejoignent ici, avec l’envie de redéfinir ensemble ces choses-là, pour garder le meilleur et oublier le pire.
La permaculture, c’est comme l’écologie pour moi, c’est logique, c’est sain et ça marche.
C’est une tendance générale, nous sommes les petits-enfants des hippies !
Je pense qu’on est arrivés à une telle impasse dans les choix qu’on a fait dans le monde, globalement, qu’aujourd’hui il faut une réponse individuelle, pour se sortir de ça.
La permaculture, le bio, c’est aussi ce que l’on peut faire sans engendrer aucun coût.
Avec 0 euros d’investis, on peut très bien faire pousser des fruits et des légumes et manger sainement.
Et ça c’est gratifiant. Et ça nous rappelle vers quelque chose de plus humain.
On a en fait tout à disposition, la nature est par essence abondante.
Daniel : Je suis fils de boucher, donc j’ai mangé de la bonne viande dans mon enfance.
Aujourd’hui, je n’achète plus de viande, et on mange différemment.
J’ai toujours aimé faire des conserves, faire les confits…
Effectivement bon, on retrouve quand même, de la qualité à manger des légumes du jardin alors ils sont tordus, ils ne sont pas beaux…
Bertrand : Mais ils ont le goût de la liberté !
Daniel : C’est agréable de voir son petit-fils de deux ans respecter les êtres vivants.
On lui montre les libellules, les escargots…
Il vit avec, il marche pieds nus 24 heures sur 24, il est dans la nature et il est heureux.
D’une pelouse avec quelques arbres fruitiers à un jardin en permaculture productif
Bertrand : Il y a 15 ans, ce jardin était déjà beau mais il était purement ornemental.
Daniel : Ici, nous avons un verger, avec nos arbres les plus anciens. Il y avait deux abricotiers, des pommiers qui sont morts, il nous reste le cerisier et le prunier.
Bertrand : Ensuite, avant, c’était que de la pelouse… On a décidé de planter des fruits et légumes à la place, c’était une évidence.
La tonte différenciée : un vrai plus pour la biodiversité
Daniel : On fait des allées pour permettre de se rendre aux différents endroits, pour aller au bord de l’eau, au bord du bassin, vers les arbres.
Et pour le reste, on ne tond pas. Ainsi, on retrouve toute une biodiversité de papillons, d’insectes qu’on ne connaît pas, qui ont des formes, des couleurs…
Comme cette grosse libellule, qui est endémique, je pense qu’elle est protégée.
C’est une libellule des coteaux de la Garonne présente ici parce qu’il y a des étangs juste à 100 mètres de là.
Bertrand : Il y a eu un terrassement ici qui n’était pas naturel.
Toute la couche d’humus de la forêt avait été enlevée : on a emménagé sur une cicatrice, en fait.
L’idée c’est de redonner de la vie sans se faire envahir non plus.
Et apprendre dans le même temps à être plus tolérant.
Dans cette philosophie : chacun son rôle, et il n’y a pas de nuisibles.
Dans le temps on avait oublié ce respect du vivant et on parlait de nuisibles ou d’indésirables, en oubliant que tout a un rôle.
Il faut un peu lâcher prise sur certains espaces, et garder le plaisir d’en nettoyer d‘autres pour avoir un coté propre, un coté fouillis.
Cet équilibre se fait naturellement.
Des résultats satisfaisants, de gros gains de temps et une meilleure compréhension de la nature grâce aux formations en ligne !
Bertrand : Quand on se lance dans la permaculture, au début, on est souvent déconnecté de cette sensibilité de la nature.
Ça demande du temps d’affiner cette sensibilité… Et il ne faut pas se précipiter.
Par exemple, ça peut être judicieux d’attendre un an avant de se lancer pour avoir le temps de voir le jardin sous toutes les saisons.
J’ai voulu planter tôt, au printemps car il y avait de la lumière. Quand les feuilles ont poussé, c’était à l’ombre !
Bon, c’était peut-être un peu bête, alors voilà, il faudrait toujours avoir cette philosophie du temps.
Prendre du recul et se laisser le temps de voir, de déplanter, de modifier les espaces, de laisser ce qui était déjà bien en place, travailler avec l’existant…
Ça demande aussi énormément de connaissances, parce que les plantes, c’est une bible infinie !
On regarde sur internet ou on demande à ceux qui savent : c’est bon pour la culture personnelle, et pour le jardin.
Demander à d’autres permet aussi de faire gagner du temps, et de faire des raccourcis intéressants.
Aujourd’hui, on a des outils qui permettent de gagner beaucoup de temps et d’avoir des résultats qui sont satisfaisants.
Daniel : On est sur des terres calcaires et cette année, malgré la sécheresse, on n’a plus de fissures dans le terrain.
Avant on passait vraiment la main dans le terrain. Est-ce que c’est parce qu’on n’a pas tondu ? Je ne sais pas. Certainement, ça a été bénéfique.
Toute la végétation qu’on a plantée autour fait que le terrain est de plus en plus vivant.
Aujourd’hui, quand on se promène dans cette partie du jardin, on voit qu’il y a toujours quelque chose qui produit.
Bertrand : On a passé du temps à se renseigner en plus de mettre la main à la terre.
Ça apporte un ensemble de connaissances centralisées, et ça permet d’avoir un résultat qui ne décourage pas dès le début.
On apprend aussi à faire avec les ressources locales, par exemple : on avait du bambou, qui était un problème au début pour nous.
Et maintenant, ça nous fait les structures !
Il n’y a pas de petit départ, au contraire, plus le défi est grand, plus c’est intéressant parce qu’on est obligé de faire intelligemment.
Démultipliez vos récoltes avec les guildes en permaculture autour des arbres fuitiers…
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
mon commentaire est simplement MERCI !!
Merci encore, je suis une fidèle, je tente de mettre en oeuvre le pack et je suis aussi une écopreneuse donc on pourrait penser une personne convaincue mais plus je regarde vos vidéos et particulièrement celle de Daniel et BErtrand, plus j’ai la joie de vivre en moi, envie de partager (j’ai fait suivre sur Facebook et Linkedin :)) et plus je suis convaincue qu’on a fait les bons choix, qu’on est sur le bon chemin avec la Permacutlure, pour le bonheur d’être soi-même authentiquement, l’envie de le transmettre au autres, et naturellement, le soin qu’on porte à la nature.
Merci les amis !
Magali dit Mag Mojitos 🙂
Merci pour ce bel exemple