Un des principes de permaculture, donné par Bill Mollison, est qu’un élément doit remplir plusieurs fonctions.
Cela veut dire que lorsque l’on implante un élément dans son design, il faut réfléchir à tous les usages qu’il a ou pourrait avoir, dans le but de favoriser des interactions.
Le concepteur est là pour créer de la redondance et donc, de la résilience. Vous ne savez pas encore vraiment ce qu’est la permaculture ? On vous propose un guide bien fait et complet pour partir du bon pied!
Guide du permaculteur débutant
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Dans le cas d’une haie, si l’on souhaite en planter une pour délimiter un espace (dans le cas de haie brise vent ou de haie brise vue), on peut aussi lui attribuer d’autres usages, comme celui, par exemple, de nous fournir de la nourriture.
Nourriture qui sera pour partie à notre bénéfice, mais aussi à celui de la faune : ainsi, répond-on à une éthique permaculturelle qui est de partager équitablement les ressources.
Mais par des plantations variées, cette haie, pourra aussi participer à l’amélioration de la biodiversité locale.
Le choix de certains végétaux pourra être bénéfique pour le sol : notre haie peut aussi améliorer le terrain.
C’est cette vision de haie comestible multi-usages que nous allons voir dans cet article.
Vous avez besoin d’ajouter encore plus d’usages à vos haies que la simple vision comestible? Vous avez besoin de briser les vents? de vous défendre? D’attirer les pollinisateurs? Nous avons concentré tout ce que vous devez savoir dans une formation adaptée!
Dans quel lieu je plante ?
L’exposition solaire de ma haie peut devenir une contrainte.
En effet, beaucoup de fruitiers ont besoin de soleil pour fleurir puis fructifier : l’ombre peut donc devenir un facteur limitant.
En revanche, l’ombre est favorable à l’épanouissement de légumes feuilles, que l’on pourra disposer au pied de la haie par exemple.
De plus, ma haie va avoir une face qui sera plus ombragée que l’autre : ces deux façades offriront des conditions différentes, propices à l’implantation de certains végétaux.
La qualité du sol en place sera aussi un critère à déterminer pour orienter son choix dans des plantes adaptées au lieu. Si vous ne connaissez pas encore votre sol, réalisez des tests simples pour en apprendre d’avance, c’est primordial!
Fiche tester la texture de son sol
Cette fiche gratuite vous indiquera comment analyser de façon simple et empirique les principales composantes minérales de votre sol.
Connaître votre sol sera une des clés pour mettre en place des stratégies et techniques permacoles véritablement adaptées à votre contexte.
Mon sol dispose-t-il d’une humidité constante ?
Quelle est sa texture ?
Dois-je prévoir des plantes très endurantes à la sécheresse, adaptées à des terrains ingrats ?
Faut-il prévoir un apport de compost ?
Ces différents points sont à déterminer au préalable avant de réaliser les plantations.
Les contraintes de votre lieu deviennent autant de guides et donc d’aide pour votre sélection variétale.
De quel espace je dispose ?
Les possibilités offertes par une haie varieront considérablement selon la surface dévolue à celle-ci.
Si vous ne disposez que d’une bande de 80cm, vous ne pourrez pas vraiment envisager la plantation d’arbustes ou d’arbres, ce qui réduira d’autant les possibilités.
Si vous rêvez de produire une partie de vos besoins en fruits mais que votre terrain est trop petit, la plantation d’une haie fruitière comestible pourra combler une partie de votre envie !
Ainsi, sur un espace linéaire occupant moins de surface qu’un verger classique, vous pourrez mettre en place des arbres fruitiers, des arbustes nourriciers, des baies comestibles…
L’idée est de travailler les différents étages de la haie, plutôt que de dissocier chacun des éléments.
Si cette idée de haie fruitière comestible, multi étagée et hyper productive vous parle, nous avons conçu les haies qu’il vous faut avec Franck Nathié, l’expert français du sujet. Simplicité et récoltes garanties!
Là où, dans un verger classique, on mettrait les fruitiers d’un côté du jardin, les groseilliers de l’autre et la vigne ailleurs, sur un même linéaire on peut planter tous ces végétaux en créant un espace multi-étagé.
C’est donc une solution tout à fait adaptée aux petits espaces, comme en ville.
On s’inspire en fait à la fois des principes du jardin-forêt et du verger naturel en permaculture mais sur le linéaire un peu plus restreint d’une haie.
Cela nous permet tout de même d’augmenter les effets de lisière, bénéfiques à l’implantation d’espèces variées.
Solutions pour un sol peu fertile
Lorsque l’on s’implante sur un lieu, le sol qui est en place n’a pas forcément été cultivé avec amour des années durant, et l’on peut hériter d’un sol tassé et appauvri par des travaux répétés.
Dans ce type de contexte, on peut prévoir la plantation de plantes endurantes, qui viendront améliorer la fertilité du sol. Il en est ainsi des plantes dites « fixatrices d’azote ».
Ces végétaux ont la capacité, grâce à des bactéries symbiotiques situées sur leurs racines, de fixer l’azote de l’air (élément chimique nécessaire aux végétaux).
Les plantes, en perdant une partie de leurs racines, vont libérer cet azote et le rendre disponible aux autres végétaux.
Ces plantes fixatrices d’azote sont souvent des plantes dites « pionnières » : ce sont elles qui vont réussir à coloniser des espaces ingrats et, par leur présence, amender le sol.
Ce sol bonifié par leur présence, sera alors apte à porter un cortège floristique comprenant des plantes plus exigeantes.
Mais en plus de leur capacité à rendre le sol plus fertile, certaines de ces plantes sont aussi comestibles !
Citons, par exemple :
- L’argousier (Hippophae rhamnoides), au beau feuillage argenté. Il offre, sur les pieds femelles, de petites baies orange très riches en vitamine C, qui en font de bons alicaments.
Il faudra toutefois penser à planter un pied mâle et un pied femelle à minima, pour les obtenir, car l’espèce est dioïque. - Le goumi du Japon (Eleagnus multiflora), présente un feuillage aux tons gris-vert.
Ces nombreuses fleurs blanches et odorantes, sont suivies de baies rouges au début de l’été, légèrement astringentes, comestibles. - L’arbre à petits pois (Caragana arborescens) est une plante de la famille des Fabacées, qui est caractérisée par sa capacité à fixer l’azote de l’air. L’arbre à petits pois présente de jolies fleurs jaunes mellifères, suivies de gousses contenant des graines comestibles.
Des arbustes comestibles multi-usages
Un certain nombre d’arbustes utilisés couramment dans les haies présentent des usages que l’on a bien souvent oubliés, voir méprisés. C’est par exemple le cas de :
- L’aubépine (Crataegus monogyna ou C. oxycantha). Sa floraison abondante blanche au printemps est un enchantement.
Elle a une odeur miellée qui attire les abeilles. Ses fleurs ont des vertus médicinales reconnues.
Celles-ci sont suivies, à l’automne, par une fructification rouge, appelée cenelle, qui est comestible.
Du reste, les oiseaux ne s’y trompent pas. Ils sont d’ailleurs nécessaires aux graines pour germer : sans leur passage dans leur tube digestif, celles-ci n’auront pas levé leur dormance.
- Le sureau noir (Sambucus nigra), est aussi un oublié.
Ses élégantes ombelles de fleurs blanches arrivent à la fin du printemps.
On en fait des boissons, des beignets, des tartes et autres gâteaux : elles ont un parfum délicat.
Les fruits seront aussi comestibles, mais cuits, car crus, ils sont purgatifs. Le sirop de baies de sureau est un bon antidote aux maux hivernaux.
Pour ces deux espèces, les pépiniéristes ont développé des cultivars qui offrent des fruits plus gros que leurs parents naturels.
Certaines aubépines, nommées azérolier, ont des fruits assez gros, allant jusqu’à 2/4cm de diamètre.
Il existe plusieurs cultivars de sureau à gros fruits et à ombelles plus importantes, qui sont utilisés pour des productions commerciales.
Les petits-fruits dans ma haie fruitière comestible
Comment passer à côté des petits-fruits pour composer une haie gourmand ?
Les groseilliers, cassis, ronces et autres framboisiers ont toute leur place en sous-étage d’une haie comestible.
Leur tolérance à l’ombre est variable.
C’est pourquoi on veillera à les disposer selon leur besoin en soleil : les groseilliers à grappe sont plus tolérants à l’ombre (mais leur fructification diminue) que les cassissiers, par exemple.
D’autres arbustes, comme l’amélanchier, à l’attrayante floraison printanière blanche est suivi, en juin, par de nombreuses baies, qui sont très douces. Elles font le plus souvent le bonheur des oiseaux qui arrivent avant le jardinier !
Des couvre-sols comestibles
Lorsque l’on plante une haie, il ne faut pas oublier de réfléchir aux plantations couvre-sols.
Celles-ci permettront de limiter le désherbage et pourront aussi offrir d’autres bienfaits…
Sur la face ensoleillée de la haie, pourquoi ne pas implanter quelques aromatiques vivaces, comme la menthe (Mentha sp.), la mélisse (Melissa officinalis), la ciboulette (Allium schoenoprasum), le romarin (Rosmarinus officinalis)…
Sur la face plus à l’ombre, des couvre-sols tolérants l’absence de soleil direct pourront prendre place, comme la consoude (Symphytum officinalis), la ronce de Chine (Rubus tricolor), l’herbe aux goutteux (Aegopodium podagraria), la claytone de Sibérie (Claytonia sibirica), l’aspérule odorante (Galium odoratum)…
Des possibilités infinies
Une haie multi-étagée et comestible est donc tout à fait envisageable, quel que soit le contexte dans lequel on se situe.
Les combinaisons sont nombreuses : les seules limites sont celles de votre imagination !
Ces haies peuvent devenir autant de vergers naturels, au long desquels il fera bon cheminer, un panier à la main !
Quand on installe des haies fruitières en permaculture, on fait vite des récoltes gratifiantes et abondantes à partager avec son entourage !!!
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Anaïs Jeunehomme
Anais Jeunehomme Anaïs Jeunehomme, paysagiste conceptrice, certifiée en permaculture. Je conçois, avec l’Atelier l’Embellie des jardins inspirés des principes de la permaculture, adaptés au lieu et à ses habitants, valorisant les ressources existantes, où les plantes sont belles mais aussi comestibles, médicinales, mellifères ou amélioratrices du sol. Car un jardin est un lieu de ressourcement et de bien-être, mais aussi une pierre supplémentaire dans l’édification d'une société plus écologique et durable.