À l’occasion d’un passage en Limousin, Damien Dekarz de l’association La Graine Indocile basée à Bras dans le Var, est venu nous rendre visite sur la ferme expérimentale de la Goursaline.
Une belle rencontre entre permaculteurs passionnés qui nous a permis d’échanger sur nos pratiques et expériences respectives, notamment dans l’aménagement de nos lieux.
De ces échanges est venue l’envie de partager avec vous nos pires erreurs de débutants, car, avec le recul, force est de constater que nous aurions pu les éviter.
Car, même s’il est vrai que l’on apprend toujours de ses erreurs, certaines peuvent être éprouvantes à vivre, démoralisante, voire entraîner l’abandon d’un projet.
Nous espérons donc que ce témoignage croisé entre Benjamin et Damien vous alertera sur les bêtises à éviter afin de ne pas gaspiller inutilement de votre énergie !
Apprendre avec des livres, d’accord, mais sans oublier celui de la nature !
L’une des premières erreurs de Damien, lors de son installation en maraîchage bio, a été de suivre presque aveuglément les conseils qu’il avait lus dans différents bouquins sur le maraîchage au sujet des semis d’engrais verts pour fertiliser et préparer son sol.
Plein d’entrain, il s’est mis à désherber ses plates-bandes pour préparer ses semis d’engrais verts sans prendre le temps de se demander quelle était cette « mauvaise herbe » qu’il était en train d’arracher.
Résultat : beaucoup d’efforts et de travail pour pas grand-chose ! C’est après coup qu’il s’est penché sur cette adventice qu’il avait enlevée sans ménagement et s’est rendu compte qu’il s’agissait de mélilot, une légumineuse bisannuelle, fixatrice d’azote, excellente plante fourragère, également médicinale et un plante très mellifère !
Tout ce dont son sol avait besoin était donc déjà là, naturellement en place.
Avant de chercher ailleurs, regardez ce que vous avez sous la main !
Benjamin a également fait les frais de ce manque d’observation dans ces débuts à la Goursaline.
Voulant planter des arbres pour construire rapidement du sol sur son terrain et amener de la fertilité, il a passé beaucoup de temps à rechercher sur internet ou dans des livres l’essence idéale.
Pourtant, il avait déjà tout sur place : des genêts poussant à foison, fixateurs d’azote, produisant rapidement de la biomasse pour le mulch notamment, des bouleaux à la durée de vie très courte qui contribuent rapidement à créer du sol et de l’humus et des saules excellents pour favoriser les mycorhizes (association symbiotique entre des champignons et les racines des plantes).
Prendre le temps d’observer, ne pas se précipiter.
Comme le souligne Damien, on dit toujours qu’avant d’entreprendre une installation en permaculture sur un lieu, il faut l’avoir observé finement pendant au moins un an afin de l’avoir vu à toutes les saisons.
C’est un principe théorique que connaissent tous les permaculteurs mais qui est rarement appliqué dans les faits tant notre envie de faire et d’agir est forte quand on démarre un projet permacole.
Pourtant, réfréner vos envies de faire à tout prix tant que vous ne connaissez pas suffisamment votre terrain vous évitera de nombreuses erreurs.
Damien a, par exemple, perdu une vingtaine d’arbres fruitiers n’aimant pas avoir les racines dans l’eau en les plantant dans une zone où remontait une source en hiver.
S’il avait pris le temps d’observer cette partie de son terrain en hiver, il n’aurait, sans doute, pas fait cette erreur.
Intellectualiser les principes de permaculture, c’est bien, les incarner, c’est vraiment mieux 😉
Benjamin, pour sa part, a vécu des débuts difficiles sur la Goursaline. Il connaissait les principes « commencez petit, puis étendez-vous si nécessaire » ou encore « commencez au pas de votre porte », mais, conditionné par son envie de faire et d’investir tout l’espace, il les avait mis de côté pour se lancer à fond dans des aménagements sur l’ensemble des 3,5 ha de la propriété.
Assez vite débordé par l’énorme quantité de travail que cela engendrait en plus de la pression qu’il se mettait pour y parvenir, il a finalement décidé de lâcher-prise en laissant redevenir sauvage de nombreuses zones de son terrain.
Il en a tiré plusieurs bénéfices : réduction de la masse de travail à fournir, récolte de biomasse, de bois, de plantes sauvages comestibles, de champignons…
Comme quoi, on peut connaître l’ensemble des principes de permaculture intellectuellement parlant, mais ce n’est qu’en les incarnant vraiment qu’ils pourront vous guider !
En conclusion
Si on vous répète à longueur de temps que l’observation de la nature et de votre terrain est primordiale pour tout projet en permaculture… eh bien, c’est parce que c’est VRAI !!
Alors, pour éviter de faire les mêmes erreurs que Damien et Benjamin, suivez leurs conseils :
- prenez votre temps, observez et allez-y petit à petit
- faites-vous confiance, faites confiance à la nature et à nos observations
- les livres sont de bons supports d’apprentissage, mais il faut aussi savoir s’en détacher pour se tourner vers celui de la nature que l’on a sous les yeux et en nous !
- les principes de permaculture sont des guides très puissants dès lors qu’on décide de les appliquer concrètement dans son quotidien.
Enfin, pour tous ceux qui voudraient mieux connaître Damien, nous vous invitons à le suivre sur sa chaîne YouTube Permaculture agroécologie etc… : https://www.youtube.com/user/permacultureetc
Bonne observation à tous 😃
Source photo mélilot : http://flore.aveyron.free.fr/?page=1&sort=4&fleur=923
Ne commettez pas les mêmes erreurs que nous !
Comme le soulignent Benjamin et Damien dans cette vidéo, l’observation de la nature et de votre terrain est primordial pour ne pas se tromper. Prendre son temps et avancer petit à petit aussi ! Si vous souhaitez être guidé dans ces phases de démarrage essentielles tout comme dans la réalisation de votre propre design, découvrez notre formation « Invitez la permaculture dans votre jardin ».
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Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
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