Comment faire une mare chez soi ?
Vous souhaitez installer une mare naturelle chez vous ?
C’est une excellente idée, mais le souci est que vous avez maintenant plein de nouvelles questions en tête comme : quelle taille va faire ma mare ? Où est-ce que je vais la placer ? etc.
Pour vous inspirer et répondre à vos interrogations, nous sommes retournés voir notre ami Gilles Leblais qui est photographe nature et ornithologue.
Il est spécialiste des mares naturelles et de ses habitants.
Il a notamment écrit plusieurs livres sur le sujet que vous retrouverez en bas de cet article et qui sont richement illustrés par ses photos.
Il a créé 9 mares chez lui de toutes les tailles dont certaines sont collées à la maison !
Bref, c’est un véritable showroom à ciel ouvert, pour les amoureux de la vie sauvage que nous sommes !
Autant vous dire que c’est la bonne personne pour vous inspirer dans votre projet de mare.
En plus, leurs différentes tailles et les matériaux utilisés pour leurs aménagements les rendent réalisables facilement par tous et dans tous les jardins, même les plus petits !
C’est parti pour la visite des 9 mares réalisées par Gilles dans son jardin !
Même une petite mare ou point d’eau est utile au jardin
Même un petit point d’eau va être une zone de fraîcheur qui peut attirer une espèce !
Ça peut être un batracien, j’ai également des larves de libellule à l’intérieur, il peut y avoir plein de choses qui peuvent venir.
Ça peut être un coin où certains oiseaux vont venir s’abreuver, un coin de fraîcheur pour certains insectes, je pense notamment à des mille-pattes…
Il va y avoir aussi des petites plantes aquatiques qui vont se mettre en place comme la capillaire des murailles (Asplenium trichomanes) qui est une petite fougère aimant l’humidité et les côtés un peu ombrés. Ici, elle sera à sa place.
Les mousses, certains lichens aussi, les fougères donc le coin est agrémenté, va satisfaire peut-être moins d’espèces, mais il aura son rôle à jouer et ça, c’est important.
Donc ce n’est pas la grandeur qui importe le plus… si c’est plus grand, il y aura plus de choses, mais un petit point d’eau peut amener aussi son lot de visiteurs intéressants !
Exemple 1, le mini plan d’eau et son utilité au jardin
Je vais vous faire la visite de tous ces points d’eau en commençant par le premier qui est là, à côté de moi, qui est un tout petit plan d’eau en fait.
On parle de mare naturelle, mais ça peut être petit.
À un moment ou l’autre, ça aura un intérêt et celui-ci, il a eu un intérêt dès le départ.
Je me suis inspiré de ce que j’ai pu voir, notamment dans les ornières en forêt, et je savais que ça pouvait attirer des choses et ça a fonctionné ici !
Donc ce petit point d’eau, c’est tout simple : je l’ai mis avec quelques roches. Il n’avait pas du tout le même aspect il y a 15 ans en arrière, quand je l’ai mis en place.
Il a eu son rôle pendant 2-3 ans puisqu’un colonisateur chez les batraciens qui est le sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), un petit crapaud gros comme mon pouce, y a élu domicile et se reproduisait dans ce petit point d’eau.
Exemple 2, créer une petite mare naturelle sans bâche, en recyclant un bac à sable
Autre exemple, c’est le deuxième point d’eau que j’ai mis en place dans mon jardin celui-ci.
C’est un petit, je me suis inspiré de ce que je voyais dans la nature pour l’agencement, comme un petit point d’eau en forêt, dans un bois, qui peut servir à de nombreux oiseaux pour venir boire, des libellules viennent dessus.
Mes premières grenouilles sont venues se reproduire ici, notamment la grenouille rousse (Rana temporaria).
Et j’ai recyclé l’ancien bac à sable de mes enfants.
Il fait 25 cm de profondeur, c’est juste un petit point d’eau, mais il a son lot de visiteurs et son rôle à jouer également dans le jardin.
Exemple 3, le petit point d’eau en zone boisée à partir d’un vieil évier recyclé
Pour compléter les deux points d’eau d’avant, encore un autre exemple de petit point d’eau, mais qui peut avoir son utilité.
Là, on est dans une des parties boisées du jardin, un peu comme une mini résurgence et pour jouer dans cette optique-là, j’ai simplement recyclé un vieil évier.
J’ai mis un petit bout de liner dedans pour ne pas avoir le côté blanc en fait.
Et puis, j’ai agrémenté de pierres autour.
Alors, ce qui est intéressant, c’est que si jamais j’avais à nouveau la visite de crapauds sonneurs à ventre jaune, ils pourraient très bien coloniser ce genre de petit point d’eau qu’ils adorent !
Là, entre autres, je permets à tous les oiseaux, du type forestier qui sont dans mon jardin, de venir s’abreuver et entre autres, des plus gros comme le geai des chênes (Garrulus glandarius) et le pigeon ramier (Columba palumbus), ils vont venir boire à ce point d’eau.
De par mes observations nocturnes et avec les pièges photo, je sais que j’ai de la fouine (Martes foina) aussi qui vient boire.
Ça n’empêche pas que j’ai notamment des tritons : le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris) qui vient se reproduire dedans.
Et j’ai également des libellules qui viennent pondre et donc il y a des larves également dedans.
Donc voilà un tout petit point d’eau tout simple à faire.
Vous avez un petit jardin, on n’est pas dans de grandes mares naturelles, on est plus dans des points d’eau, mais le fonctionnement est exactement le même.
Et puis, je précise bien que tous les points d’eau, toutes les mares naturelles que j’ai mis en place dans mon jardin, sont alimentés par de l’eau de pluie.
C’est que l’eau de pluie qui fait ça, et malgré la canicule, comme il était dans le milieu arboré, ce point d’eau ne s’est pas asséché l’été dernier.
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Exemple 4, faire une petite mare naturelle à partir d’un bac préformé
Alors là, on est dans le dévidoir de ma plus grande mare.
Il y a un petit canal qui passe sur les pierres et de l’eau vient s’écouler ici.
C’est une toute petite mare naturelle qui fait 40 à 45 cm au maximum au niveau profondeur.
Ça peut être une pouponnière à jeunes plantes aquatiques, donc comparée aux exemples précédents, là forcément, je commence à mettre des plantes aquatiques à l’intérieur.
C’est parfait pour le sonneur à ventre jaune dont on parlait, pour l’alyte accoucheur (Alytes obstetricans).
Ça peut être bien aussi pour les salamandres et puis certains tritons aussi qui viennent se reproduire.
Il peut y avoir également des insectes aquatiques, des limnées gastéropodes aussi.
Donc on commence à avoir un peu plus de biodiversité et on est dans un petit aménagement qui pourrait être, dans le même style, près d’une fontaine.
Si quelqu’un possède une fontaine ou une petite source, ça peut être un petit genre à aménager qui attirera son lot de visiteurs, entre autres, des oiseaux qui viennent se baigner ou qui viennent boire, des mammifères également, je pense à l’écureuil, ça pourrait être le hérisson aussi.
La seule différence par rapport à d’autres mares, puisque je ne suis pas sur un sol argileux, c’est que celle-ci est faite d’un bassin préformé.
C’est différent d’un liner, en fait, à mettre en place, mais c’est solide et ça peut rester à vie quasiment.
Nombreux sont les oiseaux qui viennent y boire.
C’est toujours intéressant de placer ce genre de petite mare naturelle, ne serait-ce que pour certaines espèces d’amphibiens.
J’ai parlé du sonneur notamment, qui sont des colonisateurs, mais dès qu’il y a trop d’autres amphibiens, notamment les grenouilles, ils préfèrent s’isoler.
Donc, au cas où il reviendrait dans mon jardin, ce qui peut arriver, ce sera un des coins qu’il choisira en priorité.
Exemple 5, la petite mare naturelle dans un coin sauvage proche de la maison
Plus proche de la maison, un petit coin sauvage.
Ici, j’ai créé une mini zone humide, vraiment au pas de la porte.
Un espace où je vais très rarement, je laisse le système s’installer, je prélève de temps en temps, mais le minimum en fait.
Et donc voilà un petit point d’eau créé là encore avec un bassin préformé et alimenté uniquement avec de la récupération de l’eau de pluie comme tous les autres.
Les amphibiens sont là, les insectes aquatiques, la biodiversité, les plantes, des petits bosquets, un peu de friches… ce petit coin sauvage, c’est un exemple de ce qu’on peut faire même avec un petit terrain !
On veut laisser du sauvage, profiter et protéger cette biodiversité. Voilà un exemple de réalisation idéale !
Exemple 6, création d’une petite mare naturelle juste à côté de la maison
Un autre exemple, encore plus au pas de ma porte, sous la fenêtre du salon.
Cela montre que je n’ai pas peur des moustiques, puisque je sais, de toute façon, qu’il y aura les prédateurs pour les réguler…
C’est tout simple et ça permet, entre autres, d’observer de sa maison tout ce qui va être, par exemple, les bains d’oiseaux, c’est magique.
Ça amène une fraîcheur aussi.
Par rapport à d’autres mares dans le jardin, comme le soleil se lève à l’Est, c’est une mare qui voit le soleil plus tard dans la journée donc qui reste plus à l’ombre, notamment toute la matinée en fait.
C’est intéressant aussi, parce que je vois quelle évolution il peut y avoir entre mes différents points d’eau suivant leur exposition.
Donc j’encourage les gens à mettre des points d’eau jusqu’au pas de leur porte, ce sera toujours magique et magnifique !
Les 3 plus grandes mares naturelles reliées en cascades
Alors là, on est sur les plus grandes mares dans mon jardin Paradis.
Donc une première mare plus ombragée.
Puis, en fait, j’ai voulu faire comme un lit de rivière, un effet de cascade qui tombe sur une deuxième un peu plus loin.
Il y a ensuite un petit pont avec un petit bassin en dessous qui relie la deuxième mare à la troisième, la plus grande qui est là-bas.
Donc suivant l’endroit où l’on est dans le jardin, on a une vision différente de ces trois mares, mais elles sont toutes liées intimement, ne serait-ce que par la biodiversité.
J’ai accentué le lien entre ces mares en créant un petit muret de pierre qui va même finir de ceinturer cette mare-là.
Cette deuxième mare est liée avec le petit point d’eau très marécageux qui est sous le pont et qui, à nouveau, passe sur la plus grande qui est là-bas.
Et quand on est de l’autre côté, on s’aperçoit que les mares sont à des niveaux différents, ce qui est intéressant visuellement, mais qui me permet d’avoir une continuité dans l’intégration de mes zones humides.
Et quand on le voit du ciel, je pense à des oiseaux par exemple, l’attraction est immédiate !
Il ne faut pas oublier que les mares sont le reflet du ciel.
Construire des mares naturelles dans son jardin pour protéger la biodiversité
Vous avez vu plusieurs points d’eau dans mon jardin, tous de tailles différentes, aménagés différemment, mais toujours à l’image de la nature avec ce lien profond pour attirer et protéger cette biodiversité, protéger ces zones humides jusqu’au pas de notre porte.
La mare naturelle est le système idéal pour ce faire et je vous invite cordialement et vivement à faire la même chose dans votre jardin pour protéger cette biodiversité et limiter aussi, avec le climat, les différences de température qu’on peut avoir !
Les mares naturelles sont là pour remplir ces rôles au pas de nos portes !
Vous lancer concrètement dans la création de votre mare naturelle
En complément, découvrez aussi notre guide complet sur les mares naturelles pour des réponses claires à toutes les questions qu’il convient de se poser avant de créer sa mare dans son jardin ainsi que tous les contenus (articles, vidéos, conseils de lecture…) que nous mettons à votre disposition sur ce sujet.
La mare naturelle de A à Z
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Pour vous aider à vous lancer sereinement dans votre projet de mare naturelle, retrouvez aussi ci-dessous différents livres qui vous permettront de peaufiner votre projet et d’en savoir plus sur la création en elle-même et la biodiversité qu’elles attireront chez vous.
Livre « Je crée ma mare naturelle ».
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Je crée ma mare naturelle
Concevoir, aménager, entretenir
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Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.