Parce qu’il est fondamental, avant de se lancer dans une installation en permaculture, de bien comprendre l’intérêt que vous aurez à réaliser, en amont, une bonne conception (design) de votre « écosystème cultivé », nous avons décidé de mettre en avant une petite vidéo pédagogique, réalisée il y a deux ans (déjà !) par Benjamin Broustey.

Armé de sa tablette graphique et de son micro, Benjamin s’invite chez vous pour vous expliquer, via l’exemple très parlant de la poule, les bienfaits de la conception en permaculture !

Bon visionnage à tous et pour ceux qui le souhaitent, retrouvez un résumé des éléments développés dans cette vidéo juste en dessous, en version texte.

Pour bien comprendre l’intérêt d’une conception en permaculture, nous allons partir de l’exemple de la poule en analysant les besoins de cet animal pour vivre et les produits qu’il fournit.

Comprendre l'intérêt de la conception en permaculture pour bien débuter un design
Pour bien concevoir, il faut utiliser les bons outils : exemple ici avec l’outil d’analyse des caractéristiques de l’élément poule, illustration extraite de notre formation vidéo en ligne « Invitez la permaculture dans votre jardin ».


Ses Besoins :

  • Nourriture
  • Abri
  • Eau
  • Gravier (Grit)
  • Autres poules (Compagnie)
  • Air frais
  • Soins
  • Protection

Ses produits :

  • Œufs
  • Viande
  • Plumes
  • Fientes
  • Bruit
  • Chaleur
  • CO2

Puis nous allons comparer deux contextes opposés : celui d’un élevage de poule en batterie et celui d’une installation en permaculture.

Dans un élevage en batterie : beaucoup de dépenses d’énergie pour très peu de produits !

Pour combler les besoins de la poule, il faut dépenser énormément d’énergie :

  • La nourriture, souvent produite en agriculture conventionnelle, nécessite de grosses dépenses en énergie fossile en plus des pollutions engendrées par les produits chimiques utilisés sur les cultures, acheminer cette nourriture jusqu’au hangar en batterie rajoute encore à cette dépense énergétique.
  • L’abri, souvent immense, nécessite aussi de grosses dépenses énergétiques pour sa construction et son entretien.
  • L’eau engendre aussi une dépense d’énergie, elle devra être pompée et transportée vers le hangar de production où peuvent être entassées des milliers de poules dans des conditions atroces.
  • Le gravier ou grit, on peut ne pas en tenir compte, même s’il devra lui aussi être acheminé en grande quantité sur le site de production.
  • Avoir la compagnie d’autres poules, dans le cas d’un élevage en batterie, n’est pas un besoin réellement pris en compte, car même si les poules ressentent la présence des autres avec lesquelles elles sont entassées, leur besoin de compagnie est dans ce cas-là occulté et remplacé par un sentiment de frayeur et d’anxiété collective. Nous ne tiendrons pas compte de ce critère dans l’étude des dépenses énergétiques.
  • L’air frais dans un hangar doit être apporté à grand renfort d’énergie pour ventiler et le faire circuler.
  • Les besoins en soins sont d’autant plus grands que les conditions d’élevage sont déplorables. Les dépenses d’énergies pour produire et administrer des traitements médicaux (antibiotiques…) aux animaux qui ne pourraient survivre sans dans de telles conditions, sont là encore très importantes.
  • La protection est un besoin qui, comme l’abri, demandera une forte dépense d’énergie à mettre en place et entretenir.

Quelle production utilise-t-on vraiment dans un élevage en batterie ?
Si on reprend chaque produit pouvant possiblement être fourni par la poule, finalement il n’y a que les œufs et la viande qui sont réellement valorisés dans un élevage en batterie. Tous les autres (plumes, fientes, bruit, chaleur, CO2) sont considérés comme des déchets et donc des pollutions à évacuer, provoquant par là même de nouvelles dépenses d’énergies pour s’en débarrasser. En terme de rendement énergétique, ce type de système de production est donc tout simplement catastrophique !

Dans un système conçu en permaculture : on cherche à ce que les besoins des uns soient comblés par les produits des autres et vice e et versa 🙂

Pour concevoir efficacement l’installation d’un poulailler dans un système en permaculture, on va repartir des besoins de la poule et réfléchir à la façon de les combler en dépensant le moins d’énergie possible :

  • L’abri sera ainsi construit en matériaux de récupération facilement disponibles sur votre site ou au plus proche de chez vous (palettes, morceaux de bois divers, terre argileuse, fougères, paille, vieilles briques, tuiles…), les possibilités de créations sont énormes avec ce que l’on a sous la main… il suffit de s’en rendre compte !
  • L’eau sera fournie en récupérant l’eau de pluie via la toiture du poulailler et en la stockant dans un bac de récupération qui sera placé, toujours au plus près de « sa source », ici le toit, donc placé le plus haut possible pour pouvoir, ensuite, utiliser la gravité pour distribuer cette eau aux poules avec des bacs au sol !
  • La compagnie d’autres poules sera nécessaire et ce sera à vous de combler ce besoin. Chacun décidera, en fonction de ses besoins et de son contexte, combien de poules seront accueillies dans le système. À raison d’un œuf par poule et par jour, attention de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre !
  • L’air frais dans un contexte de poulailler en permaculture n’est pas un besoin à combler artificiellement, il est présent naturellement tout autour de nous et les poules en profitent sans que vous ayez d’efforts à faire pour leur en fournir.
  • La protection demandera un effort de votre part au début pour être installée, via, au minimum, un système de clôtures pénétrant dans le sol pour freiner la progression d’éventuels prédateurs. Ce système de clôture pourra être renforcé par l’installation de végétaux piquants comme les aubépines, les argousiers… qui seront aussi très dissuasifs.
  • La nourriture nécessitera sûrement au départ une dépense énergétique (achat et transport de grains), tant que votre système ne sera pas mature. Mais cette dépense sera très fortement réduite d’année en année par la mise en place d’un système fourrager, conçu en amont pour répondre efficacement aux besoins alimentaires de vos poules. Ce système comportera des arbres fruitiers divers choisis pour apporter de la variété alimentaire et avoir une période de fructification la plus ample possible. Ces arbres seront plantés à l’intérieur de l’enclos des poules qui se nourriront des fruits tombés au sol comme des insectes venant manger ces fruits et autres larves présentes dans ces fruits. Les clôtures du poulailler pourront devenir le support de nombreuses cultures nourrissantes pour les poules (petits fruits, plantes vivaces, plantes à graines…). Ainsi en plantant en bordure et même à l’intérieur de votre enclos un maximum de végétaux producteur de nourriture pour vos poules, vous réduirez énormément votre dépense énergétique pour ce besoin vital !

De plus, en positionnant judicieusement votre poulailler dans votre système (de préférence en zone 1 au plus près de la maison, car les déchets de cuisine seront aussi donnés à manger aux poules et les poules nécessitent à minima 2 visites par jour — voir la définition des zones dans notre lexique), vous pouvez même parvenir à supprimer presque totalement la dépense énergétique du besoin en nourriture de vos poules. En aménageant un système de clôtures pour créer différents espaces de pâtures pour vos poules, vous pourrez choisir de les faire circuler dans une zone de culture céréales par exemple où elles pourront glaner des grains, gratter le sol pour trouver des vers et autres insectes, puis, au moment opportun, les envoyer plutôt dans une zone potagère qu’elles pourront « nettoyer » et fertiliser. Vous pourrez aussi créer une troisième zone type jardin-forêt où elles pourront aller se nourrir quand les deux autres zones devront être protégées des poules (pour ne pas qu’elles ravagent les jeunes plants frais de légumes que vous faites pousser avec amour !). Dans un tel système avec différents espaces, le timing pour envoyer les poules vers tel ou tel espace sera essentiel ! Ce type de système avec différentes zones de pâtures permettra aussi une rotation des espaces de cultures !

  • Les soins, dans un système en permaculture, seront extrêmement réduits, car vos poules, heureuses et sereines, devraient avoir une bonne santé : choyées, bien nourries, avec suffisamment d’espace pour se promener, de la compagnie, et un bon air frais, le rêve quoi 😃 !

On va utiliser la quasi-totalité des produits de la poule et même en créer de nouveaux :
On pourra évidemment consommer les œufs et la viande pour ceux qui le souhaitent.
Les plumes pourront servir à confectionner des duvets, des oreillers, des « mouches » pour la pêche… Les fientes seront un formidable fertilisant pour nos cultures.
Le bruit devient, en plein air, une production très anecdotique qui pourra, bien sûr, être prise en compte dans l’emplacement du poulailler par rapport à la maison pour ne pas être vécu comme une nuisance par les habitants, mais cela sera facilement gérable !

Pour pouvoir enfin profiter au mieux de leur production de chaleur et de CO2, il faut réfléchir pour quel élément de votre système ces produits pourraient représenter un besoin. C’est le cas d’une serre ! En adossant une serre à votre poulailler, la serre profitera du CO2 et de la chaleur produits par les poules pendant la nuit, de même que la serre réchauffera le poulailler dans la journée ! En associant ces deux éléments, poulailler et serre, on crée une véritable interrelation vertueuse : les besoins de l’un sont comblés par les produits de l’autre !
Dans l’exemple du poulailler en permaculture que l’on analyse ici, on voit qu’en plus d’utiliser la quasi-totalité des produits de la poule listés au départ, on en a généré deux nouveaux : le grattage en surface du sol (vos poules travaillent pour vous en préparant une future zone de culture) et la réduction des maladies dues aux parasites en se nourrissant des fruits infectés !
Réfléchir de cette façon avec l’ensemble des éléments que vous souhaitez intégrer dans votre écosystème, c’est déjà commencer à faire de la conception en permaculture, même si ce n’est qu’un début, c’est un bon début 😃 !

En conclusion

Nous espérons qu’à travers cet exemple concret de l’analyse des besoins et produits de la poule, vous aurez compris tout l’intérêt qu’il y a à bien concevoir votre écosystème pour qu’il ait un bon rendement énergétique et une production optimale.
À l’avenir, quand vous penserez à votre conception en permaculture, quels que soient les éléments que vous analyserez, gardez bien à l’esprit ces deux notions :

  • Tout travail est un besoin non rempli par le système.
  • Tout produit non utilisé par le système devient une pollution.

Vous aussi, créez votre jardin en permaculture !

Et pour aller plus loin dans la conception de votre écosystème cultivé et en maîtriser toutes les subtilités, suivez notre formation en ligne. Pour en savoir plus, cliquez sur le bouton ci-dessous.

Vous souhaitez créer ou transformer votre jardin grâce à la permaculture mais ne savez pas comment vous y prendre ? Laissez-vous guider pas à pas en suivant notre formation vidéo en ligne « Invitez la permaculture dans votre jardin ! ».

Sur le même thème

Les formations principales en permaculture

Les formations complémentaires en permaculture

Permaculture Design

Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.

Laisser un commentaire :

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *