Tout comme une maison d’habitation pour les hommes, une ruche ne s’implante pas n’importe où.
Dans la nature, comment les abeilles choisissent-elles leur lieu d’installation ?
Dans la nature, les abeilles s’installent de préférence dans des troncs d’arbres creux.
En plus de cet abri, l’environnement proche a été soigneusement étudié avant leur installation.
Dans les haies, de vieux chênes tordus abritent des abeilles depuis la nuit des temps.
Généralement, l’entrée de cette ruche naturelle est située à plus de 2,5 mètres du sol et est orientée à l’opposé des vents dominants.
Le volume à l’intérieur du tronc doit pouvoir accueillir la colonie au plus fort de l’été ainsi que les réserves de miel pour l’hiver.
Un volume d’environ 60 litres est nécessaire à l’installation d’une colonie.
Un arbre creux n’est pas un arbre mort, l’été, il est orné de feuilles, source d’ombre qui permet à la colonie de ne pas trop souffrir de la chaleur.
Quand la température monte dans la ruche, les ouvrières vont chercher de l’eau qu’elles ventilent dans la ruche.
L’évaporation de l’eau fait baisser la température, eh oui, nous n’avons pas inventé la climatisation…
Offrez le gîte et le couvert aux abeilles !
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Comment faire en sorte qu’elles se sentent chez elles dans votre jardin ?
Un petit coin tranquille et abrité…
Naturellement l’abeille a besoin de tranquillité, une ruche sera donc éloignée des passages réguliers.
L’entrée sera orientée à l’opposé des vents dominants porteurs de pluie. Votre ruche ne devra pas être dirigée vers un passage important et régulier, car une collision lors de l’envol d’une abeille serait interprétée comme une agression.
De même, attention à l’hiver, avant d’installer une ruche, l’observation du terrain est indispensable.
Éviter les zones où l’herbe ne dégèle qu’en après-midi, à l’ombre d’un bâtiment par exemple, la colonie n’aura pas le temps de profiter d’une température positive et consommera plus de réserve pour maintenir la ruche à température.
De l’eau à proximité…
L’eau est indispensable, avant même d’installer une ruche il faut penser à installer de l’eau dans le jardin.
Cette eau ne viendra pas d’un pack de bouteilles, les abeilles apprécient l’eau souillée comme celle de la gamelle du chien ou l’eau toute proche de la piscine du voisin.
L’installation d’un abreuvoir à proximité de votre ruche, avec quelques objets flottants pour éviter les noyades, permettra aux abeilles de se désaltérer tout au long de l’année.
Une fois repéré, cet abreuvoir fera oublier que l’eau est meilleure chez les voisins… Une ruche consomme environ 50 litres d’eau par saison.
Pouvoir circuler librement autour de votre ruche…
Plutôt installée au fond du jardin, la ruche ne doit pas être abandonnée aux ronces et herbes folles.
Si la tondeuse ne semble pas les déranger, le coupe-bordure a plutôt tendance à les agacer.
L’apiculteur qui visite sa ruche doit avoir les mouvements libres et un sol dégagé pour éviter les accidents.
Pour les plus attentionnés, un sol de pierres plates ou de graviers facilite les tâches d’entretien et permet un travail plus aisé dans la ruche.
Éviter la promiscuité entre ruches…
Dans la nature, les colonies ne s’installent pas côtes à côtes. Les abeilles ne délimitent pas de territoire autour de la ruche et laissent les autres espèces butiner dans le secteur.
Mais il n’est pas naturel d’installer 10 ruches dans un terrain de 50 m² !
En cas de concentration trop importante, les colonies plus fortes iront piller les colonies plus faibles en fin de saison.
Et une ruche malade contaminera toutes les ruches voisines.
La répartition dans l’espace a ses raisons d’être, mère nature fait bien les choses.
Des plantes mellifères pour la période de disette…
À moins d’habiter en plein milieu d’un désert agricole de mono cultures, il n’est pas indispensable d’avoir des plantes mellifères directement autour des ruches.
L’abeille va chercher du nectar, du pollen, de la résine, du millet jusqu’à trois kilomètres à la ronde et trouvera, de mai à septembre, quantité de spots à butiner.
A contrario, il est important de prévoir des plantes pour la période de disette allant de novembre à mars.
Selon la nature du terrain, la région d’habitation et l’altitude, voici un exemple de plantes à installer dans votre jardin pour répondre à ce besoin :
- un mimosa pour les premiers jours de l’année,
- un saule et un noisetier pour les premiers pollens,
- des lauriers-tins pour l’arrière-saison,
- des mahonias pour l’hiver,
- de la bruyère, du chèvre-feuille, de la fausse roquette, des giroflées jaunes, de l’ajonc d’Europe, un arbousier
- Et laisser pousser les pissenlits et pâquerettes vivaces… tout en laissant le lierre grimper sur le mur d’à côté.
- Un peuplier fournira une propolis de couleur rouge très recherchée en pharmacie.
Leur pire prédateur…
Les mésanges et autres oiseaux peuvent avoir le bec un peu ferme envers les abeilles, mais le nombre de victimes est ridicule comparé celui du frelon asiatique.
C’est un tueur parfaitement équipé et très efficace. L’abeille vole plus vite qu’un frelon, il ne va donc pas s’épuiser à la poursuivre, il reste au-dessus de l’entrée de la ruche en vol stationnaire et attends que ses victimes soient à vitesse réduite à l’atterrissage ou au décollage. Il s’en empare avec ses longues pattes (jaunes) et se pose sur une branche ou sur un brin d’herbe. Là, il découpe l’abeille en enlevant les ailes, l’abdomen, la tête… Il garde le thorax où sont abrités les muscles des ailes. Il emmène cette partie pleine de protéines à sa progéniture affamée. Limiter la prolifération du frelon asiatique avec des poules friandes de ce ravageur, par exemple, peut être salvateur pour votre colonie.
Quelle est la réglementation sur l’installation d’une ruche ?
Chaque commune, chaque préfecture a sa réglementation concernant l’installation de ruche et les distances à observer avec les propriétés voisines. Mais l’article 211-7 du code rural fait référence :
« Ne sont assujetties à aucune prescription de distance les ruches isolées des propriétés voisines ou de la voie publique par un mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche d’une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol et qui s’étend sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche ».
Cette tolérance ne s’applique pas si les propriétés voisines sont des habitations ou des établissements à caractère collectif recevant du public.
La législation en vigueur favorise donc, dans ses textes, l’implantation de rucher même en zones urbaines.
Malgré cette disposition, la prudence devra guider votre choix du lieu de l’installation de votre ruche.
Pierre Javaudin
Une ruche dans mon jardin
Fabriquez votre ruche horizontale et récoltez votre miel
Pierre Javaudin
Éditions Larousse – 2020.
12.90 €
Ce livre n’est plus édité, mais reste disponible en occasion.
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Concernant l’emplacement, une ruche en plein soleil, aux heures chaudes, ne sera pas confortable pour la colonie, les butineuses passeront leur temps à chercher de l’eau afin de rafraîchir l’atmosphère et n’iront plus butiner.
Les formations principales en permaculture
Les formations complémentaires en permaculture
Pierre Javaudin
Spécialiste en l’apiculture naturelle, retrouvez tous ses conseils dans son livre Une ruche dans mon jardin. Retrouvez-le sur son site : www.ruche-naturelle.fr.
Bonjour. Est-il possible d’installer une ruche vide dans l’espoir qu’un essaim s’y installe ? L’idée est de finalement laisser la ruche autonome, sans l’exploiter, qu’elle profite de l’environnement (un verger-potager à proximité de près et de forêts) et que l’environnement profite de cette présence.
Utopique ?
Ce sont les poules les meilleures prédatrices du frelon asiatique (sans doute est-ce ce que vous vouliez écrire ? )
help, besoin d’aide je suis dans le haut Jura l’hiver passé gentiment, les températures remontent avec le soleil.
j’ai une ruche neuve depuis 4 ans dans mon jardin, aucune abeilles n’est venue y loger.
M’a question comment faut ‘il faire pour les attirés et qu’elles restent bien sur?
Bonjour,
Est ce que ce n’est pas dangereux d’avoir une ruche avec des petits de 2 ans qui jouent dans le jardin ?
Il est préférable de l’écarter du jardin afin qu’elle ne leur soit pas trop accessible et de la clôturer…Les abeilles aiment la tranquillité et le calme…s’il y a trop de proximité, peut être qu’il sera intéressant de trouver un autre endroit…
Merci beaucoup pour cet article qui a vraiment retenu mon attention. Je voudrais cependant avoir une documentation un peu plus riche, càd dans laquelle je peux trouver toutes les notions nécessaires et détaillées pour la pratique de l’apiculture. J’attends vous lire.
Le livre conseillé en fin d’article est fait pour ça Bona 😉
Merci pour vos conseils. J’ai installé une ruche Waré récemment dans mon jardin, même si je ne récolte pas de miel, les abeilles sont là pour la biodiversité. Il y a de nombreuses années que je fais de,la permaculture, mais je ne le savais pas. Paillage, haies champêtres autour du jardin, haies fruitières avec de nombreuses essences, et dons de mes surplus car je ne jette rien, je mets tout ce qui est en trop en pépinière, arbres, arbustes, fleurs vivaces. J’ouvre mon jardin, cette année, avec le CPIE d’Indre et Loire pour expliquer ce qu’est la permaculture, car il y a très peu de gens qui connaissent. Je fais partie de terre de Liens,d’une Cigales et d’une asso. de défense de l’environnement, et il y a fort à faire.
Cordialement vôtre. Jocelyne