Comment faire son compost maison ? Ça y est ! Vous avez décidé de vous lancer dans le recyclage de vos déchets de cuisine et de jardin grâce au compostage. Mais vous ne savez pas comment vous y prendre, quelle méthode choisir, comment réussir. D’ailleurs, est-ce possible de faire du compost en ville ? Rassurez-vous, d’abord ce n’est pas sorcier ! Et puis, différentes méthodes existent pour vous permettre de faire du compost en toutes circonstances.
Dans cet article, découvrez 3 façons de faire votre compost maison.
Comment faire du compost maison ? La méthode traditionnelle.
Pour qui ?
Le compostage en tas est l’une des manières les plus classiques de faire son compost. Il est tout à fait adapté aux propriétaires d’un jardin, petit ou grand.
Le principe
Il s’agit de rassembler vos déchets en tas, et de laisser la vie du sol dégrader les matières organiques. Bactéries, champignons, vers de terre, etc. sont d’excellents décomposeurs : ils se nourrissent de vos déchets, et les digèrent sous forme de compost.
Pour que la magie opère, vous avez besoin d’organiser votre tas. Bac en bois ou en plastique, bac fait maison, plateforme de compostage à l’air libre, le choix de votre composteur de jardin dépend de vos besoins et de votre contexte.
Que mettre dans le compost ?
Comment faire un bon compost ? Pour que le processus s’active, vous devez vous assurer de l’équilibre des matières apportées à votre tas, soit, grosso modo :
- 50 % de matières carbonées, brunes ou sèches : branchages, tailles de haies, feuilles mortes, tiges et fleurs fanées, carton brun sans encre, sans colle. Petit conseil au passage : pensez à broyer les branchages avant de les incorporer au compost pour faciliter leur décomposition et leur brassage.
- 50 % de matières azotées, vertes ou fraîches : déchets de cuisine (même les agrumes, l’ail et l’oignon), marc de café, restes de thé, tontes de gazon.
- Ce à quoi, vous pouvez ajouter vos coquilles d’œufs broyées, et autres petits restes de viande et de poisson.
Ces proportions ne sont pas strictes mais globalement, vous veillerez quand même à ne pas mettre plus de matières vertes que de matières brunes dans votre mélange.
Si l’une des catégories de matières doit être en excès par rapport à l’autre, il vaut mieux que cela soit la catégorie des matières brunes carbonées qui peuvent composer sans problème jusqu’à ⅔ du mélange à composter pour ⅓ de matières vertes azotées !
L’ortie et la consoude sont de bons activateurs de compost. N’hésitez pas à les ajouter dans votre recette.
Ça, c’est la base du compost. Mais faire un bon compost tient aussi dans le soin apporté à votre tas.
Comment entretenir son compost ?
Faire un compost, ce n’est pas juste entasser des déchets verts dans un coin du jardin, et attendre que le temps fasse son effet. Un suivi tout au long de l’année est nécessaire pour vérifier que les conditions favorisant la décomposition sont toujours réunies. Votre attention devrait donc se porter sur :
- L’humidité : le tas ne doit pas être trop sec, ni trop humide. Pour cela une couverture végétale est la bienvenue (paille, branchages, carton) ainsi qu’un arrosage en période sèche selon les besoins.
- L’oxygène : il est indispensable à une bonne décomposition des matières. D’où la nécessité d’aérer le tas de temps en temps. Un aérateur de compost ou brass compost est d’ailleurs bien utile pour réaliser la manipulation, notamment dans les composteurs en bacs. Il s’agit d’un outil en forme de grosse vis à faire tourner à l’intérieur du tas.
Résultats
Après environ 8 mois de décomposition, vous obtenez un compost mûr. Il a une douce odeur de sous-bois, et une couleur brun foncé. Il est alors idéal pour nourrir et pailler le sol.
Si on attend que le compost mûrisse davantage, il est alors moins riche en azote, et devient un excellent terreau pour faire vos semis. Il demande un simple tamisage pour éliminer les éléments les plus grossiers.
Faire du compost : la solution du lombricomposteur
Pour qui ?
Vous vous demandez comment faire du compost alors que vous vivez en appartement ? Ne cherchez plus, et adoptez un lombricomposteur, aussi appelé vermicomposteur.
Le principe
Le système fonctionne grâce à l’action de vers qui se nourrissent de matières organiques et les digèrent sous forme de compost. 2 espèces de vers retiennent particulièrement notre attention pour ce travail : le ver tigré (Eisenia foetidia) et le ver rouge de Californie (E isenia andrei) . Leur atout : ces vers peuvent manger jusqu’à 1⁄3 de leur poids en déchets chaque jour. Concrètement, le lombricomposteur est un ensemble de bacs percés sur le fond, superposés, et munis d’un couvercle.
Au démarrage, il accueille les vers dans une litière que l’on peut fabriquer soi-même. Pour cela, mélangez un peu de compost mûr ou du terreau de rempotage, et du carton humide déchiqueté en petits morceaux. Avec un premier apport de déchets de cuisine, et une couverture en carton humide, les vers sont prêts pour une période d’acclimatation qui dure environ 1 mois. Pendant cette phase, modérez vos apports et augmentez-les progressivement.
Que mettre dans le lombricompost ?
Les vers apprécient les épluchures de fruits et de légumes, le marc de café, les restes de thé, ainsi que des coquilles d’œufs broyées. Ils ont besoin aussi de matières carbonées : carton brun sans encre, boîte d’œuf.
Préférez les nourrir de tout petits morceaux, cela leur facilite le travail.
Certains aliments sont par contre à proscrire : restes de viande, de poisson, de fromage, les agrumes, l’ail, l’oignon et l’échalote.
Comment entretenir votre lombricompost ?
Les bonnes conditions
Le lombricomposteur doit être placé à l’abri à une température entre 15 et 25 °C pour que les vers soient actifs. En dessous de 5 °C et au-dessus de 30 °C, c’est risqué pour eux, car ils ne supportent pas le gel ni les fortes chaleurs. Placez donc vos bacs de préférence à l’intérieur. Autre élément important : l’humidité. Le compost ne doit pas être trop sec, ni trop humide.
La rotation des bacs
Quand votre 1er bac est rempli, ajoutez-en un 2e par-dessus. Quand les vers auront terminé de digérer les aliments du 1er bac, ils viendront manger ceux du 2e.
Récupérer le compost sans les vers
Votre compost est mûr et vous souhaitez en disposer ? Comment faire pour que les vers restent dans le bac à composter ? Il vous suffit de déplacer le bac de compost mûr pour le déposer au-dessus du bac en cours de décomposition. En le laissant un peu à la lumière, et en remuant doucement, les vers vont descendre dans le bac du dessous. S’il en reste quelques-uns, ce n’est pas un souci.
Résultats
Avec le lombricomposteur, vous obtenez un compost mûr en 6 mois environ. Ce compost est idéal pour fertiliser vos plantes en pots ou jardinières. Mais ce n’est pas tout ! Tout au long du processus, vous récupérez du thé ou jus de compost à utiliser comme engrais lors de l’arrosage de vos plantes. Pour cela, il faut absolument diluer ce jus à hauteur d’1 volume de jus pour 10 volumes d’eau. Vos plantes vous diront merci.
Compost maison : l’alternative du bokashi
Pour qui ?
L’idée d’avoir un lombricomposteur dans votre cuisine ne vous réjouit pas ? Le bokashi, cette méthode de compostage japonaise, est une bonne alternative pour recycler vos déchets en milieu urbain, si vous disposez quand même d’un petit jardin (ou d’amis propriétaires de jardin).
Le principe
Contrairement au compostage traditionnel et au lombricompostage qui fonctionnent grâce à la dégradation des déchets en milieux aérobie, le bokashi, lui, fonctionne par fermentation, en milieu anaérobie (sans oxygène). Un activateur de fermentation à base de son de blé, de mélisse et de micro-organismes efficaces est utilisé pour assurer le processus.
La transformation des déchets se fait dans un contenant hermétique muni d’un robinet. On peut l’acheter ou le fabriquer soi-même.
Ensuite, la méthode est simple :
- Au démarrage, saupoudrez au fond du contenant une couche d’activateur.
- Versez vos déchets.
- Ajouter à nouveau une couche d’activateur.
- Pressez les déchets pour enlever l’air.
- Refermez le bokashi.
Que mettre dans le compost ?
Le bokashi va vous séduire pour la diversité des déchets qu’il peut accueillir. En plus des déchets de cuisine habituels tels que les épluchures, le marc de café, les coquilles d’œufs, il transforme aussi les restes de poisson, viande et fromage. Pensez à les couper en petits morceaux avant de les mettre dans votre bokashi.
Comment entretenir le compost ?
Le bokashi fonctionnant sans air, il faut être vigilant à ne pas ouvrir le seau trop souvent. L’idéal est de collecter ses déchets de la journée dans un récipient, et de les ajouter au bokashi une fois par jour.
Tous les deux jours, vous récupérez le jus de fermentation pour ne pas qu’il s’accumule dans le contenant, au risque de nuire au processus.
Quand le seau est plein, on le laisse fermenter pendant 15 jours.
C’est pourquoi, pour pouvoir continuer le compostage pendant cette période, les utilisateurs du bokashi acquiert un 2e contenant.
Résultats
Avec le bokashi, on obtient un compost très différent des composts habituels.
Ici, les matières ne sont pas dégradées. Elles ont donc le même aspect que lorsque vous les avez déposées dans le bokashi. Cependant, elles ont bien été transformées.
L’utilisation de votre bokashi n’est donc pas la même :
- Soit vous avez un tas de compost au jardin, et dans ce cas vous y ajoutez le contenu de votre seau à bokashi.
- Soit vous l’enterrez.
- Soit vous laissez les matières fermentées revenir à un PH plus neutre avant de les intégrer comme engrais au jardin. Pour cela, il faut creuser une fosse et laisser les matières à l’air libre perdre leur acidité pendant quelques semaines.
Le jus de fermentation est quant à lui utilisable dès récupération pour l’arrosage des plantes. Diluez-le à hauteur d’une cuillère à café pour 0,5 L d’eau. Si vous en avez trop, vous pouvez aussi le verser dans vos canalisations. Ce jus est très efficace pour les nettoyer !
Comment faire un compost ? Aller plus loin
Le compost est une pratique au cœur de la permaculture. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter nos autres articles sur le sujet :
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Bonjour!
Encore un article très intéressant qui prend en compte les contraintes des jardiniers urbains!
Voici mon retour d’expérience sur ce sujet:
J’ai testé sur mon balcon un bac surélevé avec une partie compost qui fonctionne très bien. Les quantités obtenues sont bien sur assez réduites, mais les besoins sur un balcon sont en général eux aussi assez limités.
J’ai également un bokashi. L’avantage est que tout les déchets organiques (ou presque) peuvent être utilisés. Le jus a une odeur assez forte, pas très agréable, mais le reste dégage simplement une odeur un peu aigre de fermentation à l’ouverture. Le seul inconvénient, à mes yeux, est que le « compost » n’est pas près à l’utilisation. Pour ma part, je l’enterre dans « mon » pied d’arbre. J’ai lu qu’on pouvait également le faire dans un grand récipient genre cuve à eau de pluie, mais je n’ai pas encore essayé.
Amicalement
Valérie
Bonjour, vous ne parlez pas du compost de surface, qui est pourtant une manière très simple, efficace et naturelle de composter.
Bonjour Jérôme et merci de votre commentaire. Nous ne parlons effectivement pas du compostage de surface dans cet article plutôt dédié aux 3 méthodes de compostage différentes que sont le compost en tas, le lombricompost et le bokashi. Le compostage de surface est en effet, une technique très intéressante, simple et efficace, c’est pourquoi nous en parlons dans notre guide complet sur le compost que vous pourrez lire ici : /compost-compostage-guide-complet/ Bonne lecture et belle continuation à vous ! Bien cordialement, Magalie pour PermacultureDesign.