Si vous cherchez une matière organique facile à se procurer, relativement économique et efficace en paillage pour le jardin, il se pourrait bien que le foin soit ce qu’il vous faut !
Paillage, foin, matière organique.. si tous ces termes ne vous évoquent rien, c’est que vous n’êtes pas encore familiers avec la permaculture et toutes les techniques, concepts ou applications concrètes qui en découlent n’hésitez pas à en apprendre d’avantage, c’est passionnant!
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Caractéristiques du foin et son utilisation en paillage
Du foin oui, mais pas de la paille !
Nous avons tendance à utiliser les mots de façon interchangeable mais il y a pourtant une grande différence entre le foin et la paille. La paille est la tige qui reste après que les céréales (blé, riz, seigle…) ou autres légumineuses aient été récoltées. Elle est sèche, souvent creuse et est très carbonée.
Le foin est obtenu en coupant l’herbe alors qu’elle est encore verte et pleine de nutriments, mais avant qu’elle ne monte en graines. Fauché, séché dans le champ, ratissé pour diminuer les risques de pourriture, empilé en andains et mis en balle, le foin provient des pâtures et des prairies naturelles et contient beaucoup de graminées.
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En fonction du type de prairie où sera récolté le foin, la composition chimique et la valeur nutritive seront différentes :
– Le foin issu de prairie naturelle ou prairie permanente : Il s’agit de prés qui sont toujours en herbe. Dans ce type de prairie, la flore est variée ce qui signifie que la composition chimique et la valeur nutritive le sera aussi.
– Le foin issu de prairie temporaire en mélange ou foins de pré : ces prairies sont ensemencées avec des espèces en mélange.En général, les graminées telles que le ray-grass anglais, dactyle ou fétuque y sont dominantes mais on peut y trouver aussi des légumineuses tels que le trèfle et la luzerne pour fournir de l’azote.
Les principaux foins obtenus par fauchage sont :
– Pour les céréales : le ray-grass, le dactyle, la fléole, la fétuque, le brome.
- Pour les légumineuses : la luzerne, les trèfles, le lotier corniculé, le sainfoin.
Une autre distinction de taille entre le paille et le foin se remarque dans leurs rapports Carbone / Azote (C/N) qui doit se comprendre comme le nombre d’unités de carbone présentent dans la matière étudiée pour 1 unité d’azote :
– Pour la paille, le C/N peut aller de 50 à 65 (avoine, de seigle et d’orge) à 120 à 150 (pour le blé). On a donc à faire dans ce cas à des matières à tendance fortement carbonée.
– Pour le foin, le C/N est compris entre 20 et 30. Il s’agit là d’un rapport carbone/azote idéal pour une bonne décomposition de la matière organique par les micro-organismes du sol !
Les utilisations du foin au jardin
Où utiliser le foin en paillage ?
Le foin est vraiment un paillage polyvalent et multi-usage. Il sera adapté au paillis dans le verger mais aussi dans les plants potagers, le jardin d’ornement et sur certaines parcelles de forêts nourricières.
C’est aussi un paillage intéressant à utiliser pour cultiver des pommes de terre sous foin sans travail du sol et sans buttage. Les pommes de terre se développent directement dans le foin en décomposition.
Ruth Stout, une Américaine du début du XX ème siècle surnommée la « Reine du paillis », appréciait tout particulièrement le foin et le préconisait dans ses ouvrages pour de nombreux légumes du potager. Sa technique de culture sur buttes paillées inspira d’ailleurs beaucoup Émilia Hazelip qui fut une pionnière de la permaculture en France.
Si vous hésitez encore sur le bon support de culture à adopter chez vous en fonction de vos objectifs… suivez nos conseils!
Au potager, vous pourrez pailler avec une botte de foin pratiquement tous vos légumes qui profiteront ainsi d’une humidité plus constante et un bon apport de nutriments en surface du sol.
Il faudra cependant faire attention de ne pas trop pailler l’oignon, l’échalote et l’ail qui, eux, n’aiment pas trop l’humidité près de leurs bulbes.
Plus largement vous pourrez utiliser le foin en paillis pour quasiment tout car il est très polyvalent :
– Les fleurs
– Les arbres et arbustes
– Les petits fruits : groseilles, framboises, myrtilles…
– Les massifs arbustifs
– Les vivaces et votre jardin des simples
– Les spirales aromatiques.
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Et quand pailler avec le foin ?
Il est en fait utile toute l’année !
Au printemps :
on pourra ajouter du foin aux pieds des arbres, vivaces et haies si la couche de mulch a considérablement diminué afin de maintenir une épaisseur de 15 à 20 cm environ autour de ces plantations pérennes.
On notera cependant, notamment au potager mais aussi autour de certaines vivaces (rhubarbes, asperges…), qu’il faut parfois, en cette période printanière, diminuer la couche de foin voire la retirer complètement pour permettre à la terre de se réchauffer plus vite avec les premiers rayons du soleil. On pourra remettre le foin ensuite, une fois la terre bien réchauffée.
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En été :
une bonne épaisseur de foin en paillage sera indispensable pour éviter l’évapotranspiration et conserver une bonne humidité au cours des mois les plus chauds.
À l’automne :
on peut compléter l’apport de foin au sol partout où l’épaisseur aura beaucoup diminuée. S’assurer une bonne épaisseur de paillage de foin permet de préparer le jardin pour l’hiver et de protéger les végétaux des grands froids.
En hiver :
les plants qui restent en place apprécieront d’avoir une bonne épaisseur de foin à leurs pieds. Il leur servira de « bouillote » pour passer l’hiver sans trop souffrir.
Quand on demandait à Ruth Stout quel était le meilleur moment pour installer le mulch de foin, elle répondait avec espièglerie : « L’année dernière » ! N’attendez plus et paillez votre sol le plus tôt possible pour le nourrir et le protéger.
Avantages et inconvénients d’un paillage au foin
Avantages du foin en paillage
C’est un paillage économique :
comparé à d’autres paillis (paillis de chanvre, paillis de lin, paille d’ardoise…) le foin demeure assez bon marché ; d’autant plus s’il ne s’agit pas de foin destiné au fourrage.
Le foin d’hiver sera plus cher. Si vous avez la possibilité de le stocker, achetez-le en été quand il est plus abondant. Protégé des intempéries, il pourra se conserver plusieurs mois.
Vous pouvez aussi vous rapprocher de vos voisins agriculteurs qui auront peut-être du foin déclassé, qui a pris l’humidité et qui ne peut plus servir de fourrage pour les animaux.
C’est un paillage facile à mettre en place :
il ne nécessite aucun matériel. Si l’on suppose que vous n’utilisez pas d’outil de fenaison sophistiqué, le foin frais est relativement facile à épandre, c’est-à-dire qu’il suffit de remplir des brouettes, de les transporter vers les lits, buttes ou carrés à couvrir, de le déverser et de l’épandre avec un râteau ou même à la main !
Ne nécessite aucun ajout d’intrant :
en se décomposant, il apporte des nutriments essentiels notamment aux jeunes plants.
Il retient bien l’humidité :
et permet donc de réduire les besoins en eau.
Plus riche en nutriments que la paille :
on ne peut pas dire que le foin est le paillis qui apportera le plus de nutriments à votre jardin, mais ce qui est certain c’est qu’il est plus riche et surtout plus équilibré en carbone et azote que la paille.
Il se décompose rapidement sans moisir :
il se décompose assez vite et à moins que vous n’ayez un environnement très humide, il ne devrait pas moisir. Au lieu de cela, il commencera à se composter, créant une riche couche de nutriments pour vos plantes.
Il réduit l’érosion :
comme tout mulch, le foin réduit l’érosion en protégeant la terre des précipitations. Les autres paillages, tels que le BRF, les copeaux de bois… ont cette même fonction.
Il est possible de produire son propre foin :
les heureux jardiniers possédant des prairies naturelles pourront façonner leurs bottes de foin. Mais il est nécessaire de disposer d’une grande surface de terrain pour espérer récolter assez de foin pour pailler tout son jardin. Il faut aussi du matériel spécifique, de la main d’œuvre et/ou beaucoup de temps.
Inconvénients du foin en paillage
Il favorise la pousse d’adventice :
c’est l’un des principaux reproches que l’on peut faire au foin. Mais les utilisateurs convaincus, estiment que les graines de mauvaises herbes contenues dans le foin auront tendance à disparaitre au fur et à mesure que l’on ajoute du foin et qu’il se décompose.
Il existe aussi plusieurs solutions pour diminuer le risque de pousse de mauvaises herbes :
– Certains producteurs laisseront le foin dehors pendant une année entière pour qu’il soit complètement saturé et partiellement décomposé. Cela permettrait de faire germer ou d’éliminer une partie ou la totalité des graines de mauvaises herbes. Inconvénients, une partie des nutriments sera perdu et la mise en place du foin sera plus difficile parce que la décomposition commencée l’aura rendu plus lourd. Le bénéfice en vaut-il le coup ?
– Le bâchage serait une option : il s’agit d’étaler le foin, le laisser se saturer complètement et le couvrir d’une bâche pendant au moins un bon mois.
Il serait aussi possible de faire passer le foin dans une déchiqueteuse et puis d’extraire les graines par un ventilateur. Mais l’absence de semences d’adventices vaut-elle le temps énorme que cette opération nécessite ?
Une couverture pas très esthétique :
tout cela est une question de goût, mais pour certains, le foin ne donne pas une couche de couverture uniforme agréable à regarder, cependant ses avantages font souvent oublier ce petit détail.
Le foin à vendre n’est pas toujours bio :
les agriculteurs vendant leur foin utilisent parfois des herbicides contre les dicotylédones (chardons, plantain) ou des engrais chimiques. Il est donc primordial de connaître la provenance du foin et les éventuels traitements qu’il a subi avant d’envisager une utilisation récurrente dans votre jardin en permaculture.
Où trouver du foin à vendre et sous quelle forme ?
Le faire soi-même est réalisable mais comme énoncé plus haut, cela reste une opération chronophage. Il faudra surement donc envisager d’autres options.
Vous pourrez vous en procurer auprès :
– d’agriculteurs
– d’éleveurs d’animaux
– de particuliers possédant de grandes prairies : à la campagne, certains propriétaires de grands terrains, et possédant des animaux réalisent leur fenaison avec l’aide d’un agriculteur voisin et mettent en vente leur surplus sur des sites ou via des petites annonces de proximité.
- en récolter sur les talus fraîchement fauchés.
Ballots et bottes de foin, combien ça coûte ?
Le prix des ballots ou bottes de foin variera légèrement en fonction :
– de la région de production
– de la composition du foin
– de son stade de fauchage
– de la saison
– des aléas climatiques
Pour du foin basique de prairie variée, il faudra compter :
– entre 20 et 40 € le ballot rond d’environ 150 kg
– entre 2 et 4€ la botte de foin d’environ 10 kg
Nous vous conseillons, avant d’opter pour l’achat de ballots ou de bottes de foin, de regarder près de chez vous si vous disposez de ressources que vous pourriez recycler (feuilles mortes, bois broyé, tonte de gazon…). C’est une solution écologique car elle ne nécessite que peu d’énergie et permet de créer des ressources à partir de déchets.
Pour savoir où il vous sera le plus utile de couvrir votre sol avec du foin, il faut savoir à quoi vont servir les différents espaces de votre terrain ! Pour y parvenir efficacement et mettre toutes les chances de réussite de votre côté, faites le design en permaculture de votre jardin grâce à notre formation en ligne dédiée !
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Permaculture Design
Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.
Bonjour, je paille avec le foin laissé par mes chevres, souvent parsemé des petites crottes, je n ai jamais trouvé l info : auriez vous une idée de ce qu apporte (ou pas) un foin souillé ? Merci
Le foin souillé ( urine ,crotte etc ) apporte encore + de bonne chose .
Certain le laisse de coter composter,moi je préfère le mettre directement au potager ( depuis + de 15 ans je fais ça) pour avoir tout les nutriments possible, car en comportant, on perd énormément de nutriment qui coule au fond.
Attention néanmoins, avec les matière fecales ,éviter de mettre en contact des salades,radis etc
Bien à vous
Attention, sous le meême titre et le même auteur il y a TROIS livres de proposés.
J’ai acheté et beaucoup aimé les trois mais
1) si vous voulez commen,cer, reccherchez le 1er ou 2eme d’occase, le 3eme ets bien plus illustré et pourtant à la fois assez diférent et ‘lourd (long)
2) si vous avez déjà lu un des deux premiers publiés n’hézitez pas à acheter le 3eme;, assez différent et complémentaire (ET pas seulement parce que plus illustré)
Dans les 2 cas vous ne le regretterez pas!
Teo
bonjour
Je vous recommande de lire le livre de Didier Helmstetter « Le potager du paresseux » vous saurez tout ce qu’il y a à savoir sur la FENOCULTURE
un livre plein d’enseignement concernant la culture sur foin .
Je l’utilise depuis 2 ans et les résultats sont là ; presque plus d’arrosage meme en serre , plus besoin de désherber ,une terre riche de vers de terre ,de bons légumes
etc etc…
Attention, il y a TROIS versions du Potager du Paresseux! la troisième vient de sortir… j’aui acheté les trois car je touve ce gars formidable et la ‘solution’ qu’il propose (pas la méthode, il insiste bien) Trés bien et oinnovante à tous points de vue (bien qui’il donne les référence de ceux qui l’ont précédés sur la m^ùeme sujet
Si vous voulez commencer de zéro un conseil, recherchez plustot en occasion un des deux premiers livres… déjà épais tmais moins long que le 3eme (qui, bien que LUI trés illustré, est un peu indigeste par son ‘poid’
SI vous avez déjà und es deux premiers (tous ont le mêe nom) achetez le 3eme sans hésiter (pas mal différent et complémentaire que les premiers)
Teo
Le foin est l’excellent mulch décrit dans cet article mais attention aux altises qui vivent dans l’herbe en décomposition et font des ravages dans les radis et les choux – ne pas pailler ces légumes là avec du foin, trouver d’autres solutions: radis viennent si vite, paillage inutile et les choux = broyat de branchages par exemple.
Salut, je paille au foin car je fais sécher la tonte de mon faux gazon, en fait de la prairie, j en ai toujours d avance. En revanche si je tonds un peu tard, je ne le garde pas car il y a les graines. J essaie d en mettre partout mais je m apercois que j ounlie des endroits comme les fleurs. Il faut en remettre souvent au pieds des arbres à cause des poules qui le fouillent!
Je m en sers aussi pour la couche de ces demoiselles…
Bonjour et merci pour votre article,
Deux remarques:
– Vous évoquez le fait de faucher avant la montée en graine. C’est effectivement mieux pour le paillage mais beaucoup moins pour la nature et notamment les abeilles. De ce point de vue il est préférable de faire des fauches tardives de manière à laisser le temps aux fleurs (dans le cas des prairies naturelles) de faire leur vie. À chacun de faire son choix! 😉
– Petite précision de vocabulaire, quand vous dites « évapotranspiration », il semblerait que vous parlez de l’évaporation de l’eau du sol, or ce terme est destiné à la transpiration par les stomates des plantes.
Deux autres inconvénients :
– s’il est mis trop tôt dans la saison, le foin abrite les oeufs de limaces et leur offre un milieu particulièrement propice
– il est également très apprécié des rongeurs qui passent entre le foin et le sol. Ils n’ont plus besoin de creuser pour accéder à leurs mets favoris, les pommes de terre par exemple. Il pourra être utile d’ajouter un broyat de branches de sureau avant de pailler