Un jardin forêt extraordinaire en climat méditerranéen !

Au cœur du petit village provençal de Gassin, dans le Var, se trouve un trésor de nature, comme une parenthèse enchantée, amoureusement entretenue et conservée par Mme Marie-Thérèse L’Hardy-Halos.

Depuis 1973, sa famille travaille sur ce terrain, autrefois laissé à l’abandon, pour recréer et préserver un biotope méditerranéen naturel dans une zone géographique extrêmement touristique et donc à la pression démographique et immobilière fortes !

Avoir réussi à préserver ce lieu en est d’autant plus extraordinaire !
Avec des arbres fruitiers (mûriers, caroubiers, plaqueminiers…), des espèces comestibles et beaucoup de plantes médicinales et utiles, ce jardin botanique remarquable a également la particularité d’être conçu comme un jardin-forêt dans le but de « représenter un sous-bois méditerranéen le plus proche possible des espaces sauvages environnants » !

Nous vous invitons donc à découvrir en vidéo l’interview de Marie-Thérèse et nous espérons que cela vous donnera envie de la soutenir en allant visiter son formidable jardin.

Prenons-en de la graine !

Jardin botanique remarquable, preuve d'une résistance, acte militant pour la préservation de la nature

Interview de Mme L’Hardy-Halos sur son jardin botanique en biotope méditerranéen

Un exemple rare de jardin-forêt dans le Var.

Bonjour à tous, bienvenus sur cette vidéo de PermacultureDesign !

Aujourd’hui, on se trouve en Provence, on est à Gassin, un joli petit village méditerranéen et donc on visite le jardin botanique de Madame L’Hardy-Halos.

Ce jardin, il est très particulier puisqu’il s’agit d’un jardin-forêt, un jardin botanique quand même, à la base, mais qui est mené sous cette forme de jardin-forêt qu’on connaît bien en permaculture, de forêt comestible si on peut dire puisqu’on retrouve dans ce jardin énormément d’espèces utiles, médicinales, fruitières et utiles au niveau du patrimoine écologique et agrologique de la région.

Et donc, vous allez voir que ce jardin est assez exceptionnel puisqu’il représente sous cette forme de sous-bois, sous cette forme forestière, de nombreuses espèces méditerranéennes, du biotope méditerranéen. Donc, on se retrouve tout de suite pour l’interview de Madame L’Hardy-Halos qui va nous expliquer l’histoire de ce jardin et puis son évolution à travers le temps.

Une forêt comestible créée et entretenue par deux générations de femmes amoureuse de la nature et de la Provence

Benjamin : Bonjour Marie-Thérèse, Marie-Thérèse L’Hardy-Halos, c’est ça, je ne me trompe pas ? 

Mme L’Hardy-Halos : C’est bien ça !

Benjamin : Nous sommes aujourd’hui donc au jardin de Marie-Thérèse, le jardin botanique donc pour une petite visite. Ce jardin a de grands intérêts et donc on va en parler, un petit peu, avec Marie-Thérèse. Merci de nous accueillir, tout d’abord, et ensuite j’aimerais, Marie-Thérèse, que vous nous racontiez l’histoire de ce lieu, comment vous l’avez vécue et ce que vous y faites.

Mme L’Hardy-Halos : Bonjour Benjamin, bonjour Aurélie. Alors l’histoire de ce terrain, à partir du moment où il tombe dans la famille, entre les mains ma belle-mère, Germaine L’Hardy Denonain, en 1973, le terrain était totalement à l’abandon mais ma belle-mère était ici, dans le village depuis 1929. Elle connaissait le village, elle aimait ce village et les villageois. Voyant ce terrain à l’abandon, elle était tout à fait heureuse que ses deux fils se cotisent pour le lui offrir et elle a commencé, tout de suite, dès 1973, la remise en état. En 11 ans, elle avait déjà réussi à reconstituer les restanques (appellation provençale des terrasses sur différents étages), à remettre en état les allées…donc tout cela est fait au bout de onze premières années et il se trouve, qu’à ce moment-là, la commune classe en EBC (Espace Boisé Classé) ce terrain et le terrain voisin, ce qui est extraordinaire, c’est une reconnaissance en quelque sorte de la mission accomplie. Et elle continue, ma belle-mère continue donc de travailler jusqu’à son décès, c’est-à-dire 12 années encore. Après quoi, il y a une période de relève que je dois assurer mais je suis encore dans le milieu professionnel donc jusqu’en 2000, c’est un travail, comment dire, ponctuel pendant les séjours de vacances avec des levers très tôt, parce que, de temps en temps, je vais quand même à la mer avec les enfants, voilà. Cela donc jusqu’en 2000, et alors, en 2000, je prends ma retraite et là, j’accélère le mouvement. La suite est toujours dans le même état d’esprit, même objectif : introduction à la végétation méditerranéenne en s’appuyant comme faisais ma belle-mère sur l’existant. 

L’histoire d’un lieu dédié à la culture vivrière devenue forêt comestible

Benjamin : D’accord, parce que là, il y avait déjà quelque chose historiquement ?

Mme L’Hardy-Halos : Historiquement tout à fait, on cultivait ces berges et pendant la guerre notamment c’était extrêmement important, parce que pendant la guerre, la mémoire du village me le raconte, il fallait bien se nourrir, c’était un moment difficile, et c’est vrai qu’à ce moment-là, on a beaucoup cultivé le pois chiche, la fève, les tomates, les salades dont, une fois, une romaine, une salade qui pesait 750 Gr le village s’en souvient encore ! 

Benjamin : Oui, j’imagine. Donc il y avait vraiment ici une culture vivrière autrefois ensuite qu’est-ce qui s’est passé ?

Mme L’Hardy-Halos : La nature a repris ses droits dans la mesure où les acquisitions successives, les propriétaires successifs n’étaient pas forcément des gens de terrain et avaient ce terrain mais ne l’utilisaient pas, n’en faisaient rien. Et naturellement, la nature a repris ses droits, c’est-à-dire, comme toujours, les indésirables sont toujours les premiers végétaux à s’installer. Maintenant, il reste que les indésirables, au niveau des arbres, il n’y en a pas vraiment, j’en vois pas en tout cas. Au niveau des arbustes, pas vraiment non plus, alors c’est en-dessous que ça se passe : les fougères, la garance, le lierre surtout, redoutable le lierre, j’ai un mauvais rapport, très mauvais rapport avec le lierre surtout quand il s’attaque aux arbres et même quand il s’attaque aux murets, ce n’est pas agréable non plus donc je n’aime pas le lierre. La ronce, je n’y tiens pas… 

Benjamin : Bon, malgré tout, ils ont leur rôle à jouer dans l’environnement ! Mais, ici, ça serait peut-être pas ce vous attendez !

Mme L’Hardy-Halos : Absolument, mais ici c’est pas l’endroit, non !

Benjamin : Donc ce jardin, vous me disiez qu’on cultivait sous des arbres, ici. Particulièrement sous les chênes lièges,

Mme L’Hardy-Halos : Absolument ! Parce que les chênes lièges sont centenaires évidemment ! 

Benjamin : Et donc petit à petit, vous, vous avez conservé ces arbres, vous avez conservé quelques éléments et vous avez intégré des espèces à l’intérieur de ce jardin. Quel est votre but, représenter un sous-bois méditerranéen ?  

Mme L’Hardy-Halos : C’est ça, c’est bien ça, c’était l’idée, effectivement, de créer un espace dans lequel on se retrouve dans une ambiance méditerranéenne, donc on est dans le massif des Maures, il fallait que ça ressemble aux espaces sauvages environnants ! 

Benjamin : D’accord, vous avez travaillé donc avec plusieurs strates de végétations, telles qu’on les retrouve dans les forêts ? 

Mme L’Hardy-Halos : Tout à fait, exactement, exactement cela. Donc la strate arborescente, elle était là, ma belle-mère avait trouvé une importance au charme-houblon, donc nous avons introduit le charme-houblon sur la quatrième et dernière restanque, c’est un arbre magnifique. Les cyprès de Provence lui ont été offerts dès le départ, ils manquaient, tout de même, c’est symbolique ça aussi le cyprès de Provence et puis c’est tout ! Le reste c’était : les mûriers, le chêne-liège tout particulièrement, le caroubier, le plaqueminier etc. toutes ces espèces qui sont vraiment méditerranéennes ou qui, comme dit le domaine du Rayol qui s’est créé un peu plus tard mais dans le même état d’esprit, ou qui viennent de régions dont le climat est très proche du climat méditerranéen.

Benjamin : Parce que là, on est dans un jardin botanique mais ces espèces quand même représentent aussi une certaine histoire dans la culture vivrière de la Méditerranée : le caroubier, le plaqueminier, ces espèces sont des espèces fruitières dont on trouve les fruits sur les marchés. J’ai remarqué aussi quelques espèces aromatiques, médicinales. 

Mme L’Hardy-Halos : Oui, médicinales notamment, on a ici, assez souvent, des activités autour des médicinales et dans cette région bénie des dieux, les médicinales sont extrêmement importantes et on y revient d’ailleurs ! Donc on est un petit peu dans un jardin forestier ! 

Un jardin préservé malgré une pression démographique forte

Benjamin : Mais la particularité de ce jardin, c’est aussi qu’il est situé dans une zone où on a une espèce de pression démographique forte par le fait du tourisme et donc j’imagine que ça a dû être aussi, dans l’histoire du jardin, quelque chose d’important cette proximité, cette situation-là. 

Mme L’Hardy-Halos : Oui, ça n’était manifestement pas simple parce que longtemps_j’espère que les choses s’améliorent_longtemps, on n’a pas compris la nécessité d’une harmonie entre l’existant naturel, entre cette nature vivante et puis la nécessité pour l’économie de faire naturellement des commerces et là, il y a eu un manque complet d’équilibres.  Peut-être que les choses vont s’améliorer. Nous avons, à Gassin, la chance d’avoir une commune très grande donc en fait, tout ce qui est en trop dans un petit village peut aller dans la plaine, à la proximité des voies circulations, avec des parkings qui ne dégraderont pas les abords verdoyants de ce village historique, dont le patrimoine est au-delà du patrimoine naturel, patrimoine architectural, patrimoine d’archives et tout cela doit effectivement être mis en avant !

Benjamin :  Ce jardin, il est, finalement, tout à fait, complémentaire avec l’activité économique, il apporte une valeur ajoutée patrimoniale, écologique très forte. Donc on ne peut qu’espérer que ça soit, au fil du temps, compris et je pense qu’il y a de plus en plus d’ouvertures à ce sujet. 

Mme L’Hardy-Halos : Je crois, parce que le public, déjà, a beaucoup évolué or l’impact du public c’est tout de même très important. Le public a compris, lui, la nécessité de cette nature. On lui en parle, on parle de la planète en danger, on en parle beaucoup, le public est sensibilisé et c’est vrai que ça peut faire une force très grande. Ce public vient dans les commerces, ce public vient se nourrir dans nos commerces de restauration et il ne demande plus par exemple la vue mer, en principe, encore peut-être, mais de moins en moins, au contraire il dit : »non, ça ne nous intéresse pas ». Voilà on vient chercher l’authenticité. 

Benjamin : En tous cas, félicitations à vos ancêtres et à tous ceux qui ont travaillé ici puis à vous-même aussi parce que vous avez fait un travail formidable et on invite tous les touristes et autres à venir visiter votre jardin qui se trouve donc à Gassin, une magnifique petite commune provençale. Merci beaucoup Marie-Thérèse pour votre accueil ! Et peut-être à bientôt ! 

Mme L’Hardy-Halos : Merci Benjamin ! Peut-être, à bientôt, je l’espère en tous cas!  Au revoir !

Où trouver ce jardin-forêt hors du commun?

Voilà pour cette interview et ce jardin formidable, ce jardin remarquable de Provence qui est donc comme vous l’avez vu assez particulier. On n’a pas l’habitude de voir de tels environnements. Je vous invite tous à venir visiter ce jardin donc dans le Var, à Gassin, petit village de Provence et puis à partager cette vidéo sur YouTube, sur Facebook et a parlé de ce lieu qui tend à préserver un environnement forestier, un biotope local, la reproduction en tout cas de ce biotope au sein, quand même, d’une pression démographique intense.

Donc bonne continuation à tous, on se retrouve pour une prochaine vidéo de PermacultureDesign. Salut !

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Cet article a été rédigé par l’équipe de notre Bureau d’étude Permaculture Design.

8 Commentaires

  1. liegeard

    Je voulais savoir quel âge a la grande dame qui a re fait vivre un beau jardin botanique je vous en remercie d’avance

    Répondre
  2. Camille

    Bonjour Benjamin, merci pour cette vidéo, et bravo à Marie-Thérèse pour le travail qu’elle a fourni au sein de son jardin.
    Je suis actuellement étudiant en Licence professionnelle Aménagements Paysagers option Infographie à l’école supérieure d’agricultures (ESA) à Angers, et je compte vraiment orienter ma carrière autour des aménagements paysagers comestibles, en y intégrant des méthodes d’entretien de jardin et de cultures respectueuses de l’environnement ( permaculture, l’agroécologie, etc…).
    C’est toujours super de voir des gens qui se battent pour cela, et donc me conforte dans mes choix d’avenir.
    Merci et bravo encore, bonne continuation.
    A bientôt pour d’autres vidéos comme celle-ci je l’espère.
    Camille

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    • Anonyme

      Bonjour. Cest très beau se projet en accord avec le vivant déjà en place. Nous avons créer une association du nom de : Par Amour Des Abeilles, vous pouvez nous trouver sur Facebook et autre. Nous serons très heureux dechanger avec vous Camille et tout le passionnés du vivant et de ces trésors.
      Merci a tous pour l’amour que chacun a en lui et de son extériorisation envers la terre.
      Viktor

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  3. Philippe

    Bonjour
    Il fait quelle surface ce jardin ? 1.000 m2 ou 3 hectares ?
    Tu aurais pu nous montrer un peu plus de plantes.
    En tous Bravo à grande dame.

    Répondre
  4. Darna

    Merci Benjamin. Perso, avec ou sans d’autres, je multiplie comme je peux, les jardins partagés, les incroyables comestibles et espaces Gratuité en milieux urbains. C’est l’1 des meilleures résistances à la polluante spéculation.

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  5. Darna

    Bonjour et merci pour la découverte de ce jardin méditerranéen. Je connaissais le Jardin des Fraternités ouvrières de Louscron (https://www.youtube.com/watch?v=P831hBMJB_w).

    Cependant, malgré tout le charme dégagé par Marie-Thérèse, et l’intérêt de son récit, il est dommage de n’avoir que peu de données sur les comestibles qui y poussent. En Belgique, ils ont réussi à introduire des figuiers, alors en Méditerranée..?

    En tous cas, le Paradis c’est vraiment ça : une forêt jardin…Donc merci pour ce court instant de bonheur…

    Répondre
    • Benjamin Broustey

      Je revoie Marie Thérèse cet automne, je n’hésiterai pas à lui demander…Amicalement

      Répondre
    • Marie

      Bonjour Darna,
      Vu dans la vidéo de petites feuilles de figuier…

      Répondre

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